:: The West Wing : Les Couloirs de la Maison Blanche ::

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Bureau Ovale

Salle Roosevelt

Communication

 

Les Années ont Passé

4éme Partie

 

 

Hugo commanda une tasse de café lorsque la serveuse passa près de sa table. Il regardait à travers les grandes vitres du café les gens avancer sous la neige qui tombait toute la journée. Il patientait ainsi depuis plus d'un quart d'heure. Il avait un rendez vous capital en début d'après midi et craignait d'arriver en retard. Il lui laissait dix minutes sans quoi il déjeunerait dans son bureau. A peine cette pensée lui effleura l'esprit que le vent s'engouffra lorsqu'une jeune femme ouvrit la porte. Il distinguait à peine le visage, emmitouflé entre un bonnet et une écharpe roses, une grosses doudoune noire et des gants roses. Mallory s'approcha de lui.

" Fais pas cette tête, on dirait que tu attends quelqu'un qui est en retard et que tu as un rendez vous hyper important ! "

" Ha ha ha ! " feignit Hugo.

Mallory retira ses gants et son bonnet, passa une main dans ses cheveux pour les arranger, et elle déroula son écharpe. Elle posa son manteau sur le dossier de la chaise et s'assit.

" Je sais…vingt minutes de retard. " Elle lui tendit un livre. " Je l'avais oublié dans mon casier. "

" Alors, que veux tu déjeuner ? "

Mallory prit la carte et la survola des yeux. Elle la referma rapidement.

" Je meurs de faim…je vais prendre des spaghettis à la Bolonaise ! Et toi ? "

Hugo rappela la serveuse pour passer leur commande définitive. Mallory avait changé d'avis trois fois avant de revenir sur son idée de départ.

" Alors, que nous vaut cet entrain aujourd'hui ? " demanda Hugo en toute innocence.

" Rien de spécial. Je me suis levée pleine d'énergie positive. "

" Hun hun… "

" Ca voulait dire quoi ce hun hun ? "

Il lui fit un signe vague de la main pour lui dire de laisser tomber.

On leur déposa leurs assiettes devant eux et Mallory se jeta sur son plat de pâtes.

" Alors ? Tu fais quelque chose ce week-end ? " demanda-t-elle en terminant de vider sa bouche.

" Non. C'est à croire que tous les gays de Boston sont désormais casés. "

" Je dois m'en assurer avant, mais je crois que le neveu d'un prof de biologie a des penchants homo. Si c'est e cas, je lui file ton numéro ? "

" Pourquoi pas. Qu'as tu penser du livre ? "

Mallory mâchait activement chaque bouchée. Elle le regarda avant d'avaler son morceau de viande.

" En toute honnêteté ? Tu cours à le ruine si tu continues d'éditer des trucs pareils. Ce n'est pas de la littérature. "

" Figure toi qu'avec la réputation que j'ai, les grands auteurs refusent de laisser leurs ouvrages. "

" J't'en prie, ce n'est pas parce que tu es gay qu'ils ne veulent pas faire éditer leurs bouquins chez toi ! Je t'ai trouvé un nouvel auteur. Je suis sûre que tu vas adorer. Il va me passer l'intégralité du roman. Tu es intéressé ? "

" De quoi ça parle ? " demanda Hugo en haussant les épaules.

" De deux étudiants gays qui militent en 1968. "

Hugo s'étouffa en buvant une gorgée de son verre de vin.

" Je plaisante. " Mallory avait un sourire en coin. " C'est un reporter pendant la guerre en Croatie. Tu vas aimer. "

Ils parlèrent de littérature pendant tout le repas. Arrivés au café, Mallory avait un service à demander à son meilleur ami. Elle tournait sa cuillère dans sa tasse pour remuer le sucre qui restait au fond.

" Tu pourrais garder Nicky encore ce week-end ? "

Hugo la dévisagea en soulevant un sourcil.

" C'est pas vrai, Mal, tu es stupide ou quoi ? "

" Je te signale que c'est toi qui m'a dit de prendre le taureau par les cornes ! "

" Attends, attends, attends…ne me fais pas dire ce que je n'ai pas dit ! Je t'ai dit de lui dire la vérité pour ton fils, et il croit toujours que nous sommes fiancés ! "

" Je vais lui en parler ce week-end ! "

" Ah vraiment ? De Nicky ? "

" De toi, chaque chose en son temps. "

" Putain Mal ! " s'écria-t-il en s'apercevant que le tiers du café s'était tourné vers lui. " Tu sais que ça ne te mène à rien ? Tu fous ta vie en l'air, tu fous celle de ton gamin en l'air, la sienne et celle de sa femme ! "

" Hugo… "

" Excuse moi…réponds à cette seule question : ça te suffit d'être sa maîtresse ? De jouer à la petite femme choyée une fois toutes les deux semaines ? Et pendant ce temps là c'est moi qui m'occupe de ton gamin ! "

" Si ça te dérange de garder Nicky, je peux trouver… "

" Tu sais très bien que le problème n'est pas là. Je considère presque Nicky comme mon fils, j'ai toujours été là pour lui, et on aime bien être tous les deux. Mais je ne suis pas son père, et encore moins sa mère ! "

Mallory sourit.

" Pourtant tu te rapprocherais plus de sa mère que de son père ! "

Hugo fut obligé de sourire mais il détourna la tête pour ne pas lui laisser voir.

" Tu sais ce que j'ai voulu dire " dit-il d'une voix plus posée. " Quand il passe le week-end en ville, tu sacrifies les moments que tu passerais avec ton fils. "

" Je ne peux pas garder Nicky à la maison avec nous. "

" C'est exactement là où je veux en venir. "

" Je sais. "

" Dis lui la vérité. "

" Je vais le perdre pour toujours cette fois… " murmura Mallory. Hugo prit sa main et lui lança un regard compatissant.

" C'est à double tranchant, c'est vrai. Mais dans tous les cas, ce sera mieux pour vous tous. Pour toi, pour Laurie, pour Nicky. Et je suis sûr que ce sera un bon point pour lui aussi malgré ce que tu en penses. "

Mallory s'était accoudée sur la table, et elle faisait glisser ses doigts sur le contour de ses lèvres, les yeux dans le vide. Elle respira profondément et reprit.

" Je vais tout lui dire. "

Effervescence identique aux autres jours dans les bureaux de Seaborn & Associés. " Monsieur Seaborn est en rendez vous…Madame Seaborn ne prend aucun appel pour l'instant…C'est pour quelle dossier ? Nous pouvons fixer un rendez vous ? "

Laurie sortit du bureau d'un de ses collègues et se dirigea directement vers celui de Sam. Elle prit au passage une liasse de messages qu'elle feuilleta rapidement. La porte de son bureau était ouverte et laissait une vue béante sur l'imposant meuble de travail, tout en chêne, impeccablement rangé. Sam rangeait méticuleusement des chemises dans ses armoires. Il referma un livre de droit qui était resté ouvert sur son bureau pendant presque un mois. Elle se souvenait l'avoir vu chaque fois qu'elle était venue l'embrasser dans ce bureau.

" Sam ? " Il sursauta en entendant son nom. " Qu'est-ce qui te prend ? "

" Rien du tout, tu m'as surpris. "

" Non, je veux dire, pourquoi fais tu comme si tu allais partir, il n'est même pas quatre heures. " dit Laurie soupçonneuse. " Et qu'est-ce que c'est que cette coupe de cheveux ? Pourquoi les avoir fait couper si courts ? Je tenais tellement à ce que tu les gardes comme ils étaient ! "

" Oui…envie de changement je crois…je dois prendre le train pour aller jusqu'à New York. "

" A New York ? Mais enfin que vas tu faire là bas ? "

" J'ai un dîner d'affaire ce soir, et un autre rendez vous en fin de journée demain. "

" Mais enfin, ce n'était pas dans ton agenda. "

" Ah non ? Sophie a du oublier de le noter. "

" Tu aurais pu m'en parler. "

" Je sais, j'ai du oublié je suis désolé. "

Laurie tenta un sourire et attrapa la cravate de Sam pour se rapprocher de lui et l'embrasser. Sam ne cligna pas. Il resta impassible et toussota. Laurie se retourna vers la porte et la ferma en trombes.

" Qu'est-ce qu'il y a Sam ? "

" Rien du tout. " répondit il.

" On ne passe presque plus de temps ensemble, tu n'es presque jamais là le week-end, tu ne m'embrasses même plus. Et quand on se retrouve chez nous, tu me touches à peine. Et pour couronner le tout, tu te fais couper les cheveux. Alors dis-moi ! C'est moi, j'ai fait quelque chose que je n'aurai pas du faire ? "

" Pas du tout…c'est un coup de fatigue sans doute. "

" Je vais devoir me contenter de cette explication, n'est-ce pas ? "

Sam ne répondit pas, il glissa un dernier dossier son porte documents, le ferma. Il laissa un baiser furtif sur la joue de Laurie et lui lança un " au revoir " depuis le couloir.

Laurie contourna le bureau et croisa ses bras sur sa poitrine. Elle regarda à travers la vitre les immeubles de Washington. La neige. Les voitures. Elle s'assit dans le grand fauteuil en cuir de son mari et inspecta du regard les moindres détails. Elle regarda page par page son agenda, ouvrit quelques tiroirs, elle sortit d'une armoire une veste que Sam laissait là en cas de besoin. Elle l'examina minutieusement. Cherchant le moindre détail. Elle vida les poches mais ne trouva rien d'extraordinaire. Elle scruta si aucun cheveux de femme ne s'y trouva. Elle respira le parfum qui était celui de Sam. Elle secoua la tête et s'en voulut aussitôt d'être aussi méfiante.

Mallory avait vidé son armoire pour trouver quelque chose à se mettre. Ses tenues s'étendaient sur son lit. Lasse de ne rien trouver d'approprié, elle prit une jupe qui restait pendue sur un cintre. Elle l'enfila et attrapa un pull de laine beige, avec un grand col roulé. Aussitôt eut-elle entendu la sonnette de la porte d'entrée retentir qu'elle se précipita dans les escaliers, ouvrit grand la porte et se jeta dans les bras de Sam. Ils s'embrassèrent comme s'ils ne s'étaient pas vu depuis des semaines ce qui n'était pas tout à fait faux. Mallory tenait le visage de Sam entre ses mains, et il avait posé les siennes sur ses hanches.

" Et si on poursuivait à l'intérieur ? " proposa-t-il.

Ils rentrèrent et Mallory le débarrassa de ses affaires.

" Tu es gelé ! Viens te réchauffer près de la cheminée ! "

Il ne se fit pas prié et il lui prit la main pour regagner le salon où brûlait une bûche. Ils s'assirent près du feu et s'embrassèrent de nouveau.

" Je ne t'attendais pas si tôt… "

" J'avais trop envie de te voir ! " Il sourit en la voyant éclater de rire sans raison apparente. " J'ai dit quelque chose de drôle. "

" Non…Ce sont tes cheveux ! "

" Tu n'aime pas " demanda Sam inquiet.

" Si, si, si, si, si ! " s'empressa de répondre Mallory. " Ca te va beaucoup mieux. J'ai l'impression de te revoir le jour où nous sommes rencontré. "

" Oh pitié ! " s'exclama Sam. " Ne me rappelles pas ce jour horrible une fois de plus. "

" Tu étais si maladroit… "

" Je sais… "

" Et si incroyablement stupide… "

" Oui… "

" Et je t'ai aimé dès ce jour là ! "

Sam lui offrit un grand sourire. Il se pinça les lèvres et montra sa tenue du doigt.

" Lorsque nous sommes allés dans ce bar de Georgetown, C.J., Josh, Charlie, Zoey, toi et moi, tu portais cette jupe, et ce pull. "

Mallory parut émue et touchée.

" Tu te rappelles de ça ? "

" De ça, et de tout le reste aussi. "

Le téléphone vint interrompre le moment magique qu'ils vivaient. Mallory se débarrassa rapidement de cet appel d'une de ses collègues.

" Mal ? "

" J'arrive tout de suite ! " lui cria-t-elle de la cuisine.

" Tu veux manger au restaurant ce soir ? "

Elle sortit de la cuisine et prit les mains de Sam dans les siennes et le regarda dans les yeux avec un sourire malicieux.

" Ce n'était pas vraiment ce que j'avais prévu pour ce soir… "

Hugo et Nicky franchissaient la porte du conservatoire de musique de Boston. Mallory, qui était une artiste accomplie, tenait à ce que son fils se mettent très tôt à la musique. Occupée pour le week-end, Hugo lui avait proposé de l'inscrire lui même aux cours de piano. Nicky ne lâchait jamais la main de son " oncle " Hugo. Ils s'avancèrent vers le guichet, où une femme qui ressemblait étrangement à la vendeuse de tickets du train fantôme, mâchouillait un chewing-gum.

" C'est pourquoi ? " demanda-t-elle d'une voix grinçante.

" C'est reparti ! " songea Hugo.

Il lui expliqua la situation. La vieille femme rabougrie regardait le petit Nicky des pieds à la tête.

" Trop jeune ! " ronchonna-t-elle.

" Mais enfin, je ne vous demande pas d'en faire un virtuose. Sa mère veut juste lui donner une initiation à la musique ! "

L'affaire fut laborieuse. Puis, pris d'une rage folle, Hugo demanda à parler à un vrai professeur de musique. Après des minutes d'attente interminables, un homme revint aux côtés de la mégère. Il fut beaucoup plus compréhensif et en moins de temps qu'il n'en fallu pour le dire, Nicky intégrait les cours de piano de Phil Levinsky. Qui s'avérait être très séduisant.

" Qu'est-ce que tu en dis l'artiste ? On va fêter ça avec un chocolat chaud ? " Nicky hocha aussitôt la tête avec des yeux illuminés. " C'est bien ce que je pensais ! "

Ils ressortirent du hall du conservatoire que réchauffait la climatisation et furent saisis par le froid une fois un pied dehors. Ils traversèrent en courant la rue pour se retrouver au chaud dans un café bondé de monde.

Sam avait posé sa tête sur la poitrine de Mallory. Celle ci passait sa main dans les cheveux de Sam, heureuse de les retrouver tels qu'ils étaient avant, et non plus, agglutinés par le gel coiffant.

" Quelle heure est-il ? " demanda-t-il d'un ton moins audible qu'un murmure.

" A peine quinze heures. " Elle pouffa de rire. " Nous sommes dans ce lit depuis hier soir ! "

" Et c'est très agréable. "

Elle continua de jouer avec ses cheveux avec sa main droite, et la gauche alla s'unir à celle de Sam au dessus de son ventre. Leurs doigts s'entrelacèrent, en communion parfaite.

" Je t'aime Mallory. "

Il était impossible qu'elle ait entendu clairement ce qu'il venait de dire. Comme s'il l'avait deviné, il reprit.

" Je t'aime. "

" Ne dis pas de sottises ! "

" Et je vais quitter ma femme. "

Mallory ferma les yeux et se mordit les lèvres, espérant ne pas se mettre à pleurer.

" Tu n'es pas sérieux. " Elle tentait de se persuader elle même plus que lui.

" Ca fait presque quatre mois qu'on se voit en cachette. Ca fait plus de six ans que je vis avec ton souvenir. J'ai épousé Laurie parce que je n'avais rien d'autre. Parce que je ne t'avais pas. Tu es là et c'est avec toi que j'ai envie d'être. "

Mallory se releva brusquement en maintenant le drap blanc autour de sa poitrine.

" Mal ? Qu'est-ce qui se passe ? " demanda Sam d'une voix douce et tendre.

" Tu ne peux…je…enfin, si…Sam, tu fais une erreur. Tu devrais prendre le temps de réfléchir. Je ne suis peut être pas la femme qu'il te faut. Et puis… "

" Mallory, je n'ai besoin que d'une raison, c'est toi que j'aime. Point. "

" Ce n'est pas si simple. Il n'y a pas que moi concernée dans cette histoire… "

" Je sais, il y a ton fiancé… " Mallory porta ses deux mains à son visage pour se cacher derrière. " et votre enfant… " Elle secoua la tête discrètement. " Mais si je peux me permettre, la situation actuelle n'est pas non plus la meilleure solution pou eux. "

" Sam, reste avec Laurie. Vous avez le même métier, vous avez les mêmes amis, les mêmes loisirs, et surtout, elle ne veux pas d'enfants. Moi…je veux avant tout consacré ma vie à mon fils. Je ne veux pas qu'il passe après un homme. "

Sam avait un regard compréhensif, elle le devinait sans même le voir.

" Je ne pourrai pas remplacer son père, mais… " Mallory fondit en larmes à ses mots.

Mallory avait passé un peignoir et après avoir séché ses larmes et s'être calmée, elle s'assit sur le bord du lit près de Sam.

" Il faut que je te parle Sam. "

Sam la regarda à la fois intrigué et attentif.

" Je t'écoute. "

" J'ai menti. Je t'ai menti dès le jour où nous nous sommes rencontrés au centre commercial. Et depuis ce jour, je n'ai pas le courage de te dire la vérité, même si je sais que je dois le faire. "

Sam se redressa pour tendre une oreille plus attentive.

" Je ne suis pas…Hugo et moi ne sommes pas fiancés. Nous ne sommes même pas ensemble, nous ne l'avons jamais été. Et on ne pourra jamais l'être. Il est gay. "

" Mais… "

" Je me sentais tellement mal à l'aise et déçue que tu te sois marié avec cette Call Girl que je devais te dire que j'avais quelqu'un. La vérité, une vérité dont j'avais honte, c'est que j'étais seule, seule depuis des années à élever un enfant. J'avais peur que tu ris de moi, ou que tu me juges. Je ne sais pas. Ce que j'ignore, c'est pourquoi je ne t'ai rien dit plutôt. "

" Mais ce n'est donc pas son fils. "

" Non. Nicky est mon enfant. "

" Mal, tu essaies de me dire que tu as eu une aventure et que le père a disparu, ou quelque chose dans le genre ? "

" Non Sam. Ce que je veux dire, c'est que mon fils aura sept ans en janvier. "

Elle voyait à son visage qu'il ne comprenais pas ou tentait de se convaincre qu'il n'avait pas compris. Sam passa lui aussi ses mains sur son visage et le garda enfoui ainsi. Mallory sentait déjà ses yeux s'humidifier.

" Sam… "

" Quand tu as dit qu'il allait avoir sept ans, tu voulais dire… "

" Je ne voulais pas te le cacher. Je voulais te le dire mais j'avais peur… "

" Tu…voulais me le dire ? Tu comptais le faire ? Ou me laisser croire ad vitam eternam que tu avais un enfant avec un gay ? " Sa voix s'élevait à chaque phrase.

" Mets toi à ma place ! Tu aurais fait quoi ? Quand nous nous sommes séparés, je ne voulais pas qu'un bébé soit une raison pour qu'on se remette ensemble. Et je ne voulais plus avoir de contact avec toi. Comment aurais tu fait ? Tu ne trouvais pas de temps pour moi ? Comment en trouver pour ton enfant ? "

" Tu sais que j'en aurai trouvé. "

" Non Sam, ça c'est ce que tu tentes de te faire croire à toi même. "

" Et quand bien même, tu ne crois pas que tu aurais pu le dire, depuis quatre mois qu'on passe ensemble ? "

" Et comment aurais tu réagis ? Différemment d'aujourd'hui ? "

" Tu m'as laissé ignorer pendant presque sept ans que j'avais un fils. "

" De toute façon, tu as dit toi même que tu n'en voulais pas. Retourne avec Laurie, Sam. Elle t'aime, et au fond, tu l'aimes aussi. Moi je ne suis plus faite pour toi. "

" Ne tournes pas la situation vers toi ! Il ne s'agit plus de quitter ma femme ou non, il s'agit d'un enfant que nous avons ensemble. "

" Sam, te cacher l'existence de ton fils a été la pire des choses que j'ai du faire, mais je te jure que c'était dans notre intérêt à tous les trois. Je ne voulais pas qu'un enfant t'accable, alors que tu n'en voulais pas plus à l'époque qu'aujourd'hui. Je ne voulais pas que Nicky souffre d'avoir des parents séparés. Et c'est peut être un peu égoïste mais je n'aurai pas supporter la situation. "

Sam se leva et enfila son pantalon. Elle baissa les yeux.

" Où vas tu ? "

" J'ai besoin de prendre un peu l'air. De réfléchir. "

Elle l'entendit descendre les escaliers et claquer la porte derrière lui. Elle se rendit compte qu'elle ne pleurait pas. Les larmes étaient bloquées au coin de son œil. Comme si on les empêchait de glisser. Elle n'était pas triste. Mais soulagée. Car le fardeau le plus lourd qu'elle avait porté était terminé. Elle se doutait que Sam allait venir récupérer ses affaires et reprendre le train pour Washington. Elle ne le verrait plus. Ils reprendraient l'un et l'autre leurs vies, comme avant de se rencontrer, ce samedi matin, au milieu d'une foule colossale. Elle était très inquiète pourtant que Sam ne puisse vivre avec la pensée d'avoir un fils.

La. La. La. Si. La. Sol. La, la , la, si, la, sol. Mi. Mi. La, la, la, si, la, sol, mi, mi…

" Il apprend vraiment vite ! "

Mallory servit un peu plus de café dans la tasse d'Hugo en écoutant les notes du piano leur parvenir du salon. Elle reposa le café pour prendre la théière.

" Il joue quelque chose de connu ? " demanda Hugo très inquiet de ne pas avoir reconnu l'air.

" Non, c'est un morceau appelé The Heart Asks Pleasure First. Et il joue déjà White Christmas à la perfection. "

Hugo remarqua que Mallory ne souriait pas. Elle n'exprimait même pas une ombre de satisfaction ou de fierté. Non pas qu'elle n'en ressentait pas. Mais son visage était livide et totalement vide d'expression. Imperméable au monde extérieur.

" Il n'a pas appelé ? "

" Tu as remarqué la façon dont il bouge ses doigts ? Je suis impressionnée, les touches du piano sont lourdes. Il est épatant non ? " Mallory évitait coûte que coûte de parler de lui.

" Tu veux que je gardes Nicky ce week-end ? "

Mallory fut stupéfaite.

" Je ne suis pas malade ! " Elle vit que Hugo paraissait blessé. Elle avait de toute évidence été trop agressive. Elle tenta de lui offrir un sourire pour lui demander pardon. Mais Hugo ne lui en voulait pas. " Il ne rappelleras pas, tu sais. "

" Tu n'en sais rien ! "

" Je n'ai jamais pensé que notre liaison nous mènerait quelque part. Il fallait que ça finisse, à un moment ou un autre. C'est fini. Et je ne lui en veux pas. "

" S'il t'aime… "

" Non, arrêtes. Ca c'est que tout le monde invoque pour tout réparer. Dans la vie, ça marche pas comme ça. L'amour, c'est…ou plutôt ce n'est pas la solution à tout. Tu ne peux pas tromper une personne et invoquer l'amour pour te faire pardonner. J'aime Sam, et je sais qu'il m'aime. Mais je l'ai trahi. Purement et simplement. Et malgré tout l'amour qu'on se porte, il y a des choses fondamentales qu'on ne peut s'accorder et qu'il ne peut me pardonner. "

La cuisine devint silencieuse, seules les notes du piano résonnaient encore. Nicky ne se lassait pas de rejouer les deux morceaux qu'ils connaissaient par cœur.

" Mal, tes belles théories sur l'amour, pour moi, c'est du bidon. Quand on s'aime, on se pardonne tout. Quand on s'aime, il y a une alchimie telle que tu ne peux pas faire autrement que de passer l'éponge. On n'oublie pas, parce que tu n'avances pas si tu oublies, mais tu pardonnes. Arrête de te dire que tout est fini par ce que tu lui as caché Nicky. La vérité, c'est qu'il s'en veut à lui même. Parce que s'il avait été plus attentionné il y a sept ans, vous n'en seriez peut-être pas là. "

" Hugo. " Mallory tenait fermement sa tasse. " Pour ne pas être gay, j'ignore comment on vit une relation avec une personne du même sexe. Et je doute que ces relations soit les mêmes que celles d'un homme et une femme. Alors, s'il te plaît, arrête de faire comme si tu avais réponse à tout. "

" Très bien. " Il regarda sa montre. " Je vais te demander de m'excuser, je vais aller voir ailleurs si je n'ai pas de problèmes d'homo à régler. Ce sont des problèmes bien différents des problèmes hétéros, bien plus faciles à résoudre, et de toute évidence, ce n'est pas le moment d'avoir une conversation avec toi ! "

Il se leva et s'apprêta à partir.

" Hugo, ne pars pas ! " Mais Hugo se rendit dans le salon pour embrasser Nicky et sortit en enfilant son manteau.

A l'ouverture de l'ascenseur, une femme se rua vers l'accueil. Elle portait un tailleur griffé, et des bijoux plus brillants les uns que les autres. Elle s'approcha de la standardiste.

" Je voudrais voir Kendall Hall. "

" Vous aviez rendez vous ? " demanda Ella, la standardiste. La femme hocha la tête. " Je suis désolée Madame, mais Maître Hall est absent aujourd'hui, elle a eu un imprévu. "

" Je veux voir un autre avocat dans ce cas. "

" Laissez moi un instant, je vais voir ce que je peux faire. " Elle décrocha son téléphone et composa le poste de Sam. " Monsieur Seaborn ? Vous pourriez venir un instant, une cliente de Kendall Hall. " Elle releva la tête vers Silvia Attenborough. Ella se souvint alors que son mari était un célèbre banquier de Washington. " Mr Seaborn arrive tout de suite. "

Sam sortit de son bureau et traversa rapidement les couloirs pour rencontrer Silvia. Kendall Hall avait pris un arrêt maladie. Sam était la seule personne dans la confidence, car Kendall lui faisait entière confiance. Elle n'était pas réellement malade. Elle et son mari allait avoir un enfant.

Il tendit une main amicale à sa nouvelle cliente et elle eut droit à un de ses charmants sourires. Il la mena jusqu'à son bureau, où il lui offrit aimablement de prendre un siège. Il fit quelques pas jusque derrière son bureau, et l'incita à lui dire de quoi il retournait, d'un signe de la main.

" Vous n'êtes pas sans savoir, cher Monsieur, que mon mari est Steven Attenborough, banquier. "

" Votre mari a une réputation tout à fait honorable, madame. "

" Plus pour longtemps. Je voudrais divorcer. "

" Bien. Puis je savoir quel est mon rôle ? "

" Mon mari est riche à milliard, si je pars, je me retrouve sans le sou. Je veux toucher une pension. "

" C'est tout à fait légitime. Puis-je également vous demander la raison de votre rupture ? " Sam jouait avec son stylo pour tenter de calmer ses nerfs.

" Je ne supporte plus son emploi du temps de dingue. Je ne supporte plus de passer après la banque, la bourse, les clients et les galas. C'est ainsi. "

" Je vous demanderais de reconsidérer votre position. Vous l'aimez ? "

" Je ne vous ai pas engagé pour jouer les psychologue Maître Seaborn. "

" Parce que si c'est le cas, vous devriez tout faire pour qu'il vous consacre plus de temps. C'est à vous de l'inciter à revenir vers vous ! " Sam avait élevé la voix, et s'exprimait avec violence et conviction. Il se rendit soudain compte qu'il s'adressait à une femme qu'il ne connaissait pas, mais qu'il ne voulait pas voir monsieur et madame Attenborough divorcer pour une incompatibilité d'emploi du temps. C'était trop simple comme raison. Et si elle l'aimait vraiment, et lui aussi, ils vivraient chacun dans l'attente de l'autre pour le reste de leur vie.

" Je suis…désolé. " Il toussota. " mais je suis aussi sincère quand je vous dis qu'on voit trop de mariage sans amour, et encore plus de divorce par amour. Ce n'est pas la logique des choses. Je refuse de défendre votre dossier Madame. Je vous prie de m'en excuser, et pardonnez moi de m'être emporté. "

Assise sur le canapé du salon, Mallory corrigeait des exercices de mathématiques en écoutant Nicky jouer du piano. Par moment, elle relevait la tête et demandait à Nicky de reprendre en soignant plus son doigté, ou bien le rythme. Elle avait appris le piano toute petite, sa mère avait insisté pour qu'elle en fasse. Et toute petite, elle avait un véritable don. Elle pouvait rester assise pendant des heures, et jouer. A quinze ou seize ans, elle composait elle même des mélodies et adaptait des textes. Mais elle ne l'avait pas fait depuis cette époque.

Elle s'adossa dans le canapé et ramena ses genoux au niveau de son menton. Nicky descendit du tabouret et vint s'asseoir près de sa mère.

" Pourquoi t'es triste maman ? " demanda-t-il d'une voix fluette.

" Triste, moi ? Où vas tu chercher des idées pareilles ? "

" D'habitude, t'as l'air plus gaie. "

" C'est parce que j'ai envie d'un gros câlin ! "

Nicky entoura son cou de toutes ses forces et Mallory couvrit sa tête de baisers. " Qu'est-ce que je ferais si je ne t'avais pas mon petit amour ? "

" Tu veux jouer un morceau pour moi Maman ? "

Mallory embrassa le bout du nez de son petit garçon et se dirigea vers le piano. Elle pianota quelques notes pour s'échauffer, et elle entama une mélodie. Sa voix s'éleva pour laisser Nicky en admiration. Elle était fragile. Vulnérable.

Part of me wants to break the ice
And part of me wants to leave it exactly how it stands
Part of me wants to roll the dice
And part of me wants to leave them curled up in my hands

Where they will be safe and no one will know
How I really feel and I'll never be real
And I'll roll with the punches that I'll never feel
And I'll have a heart that no one can steal

Nicky donna un tonnerre d'applaudissement pour sa super maman, qui inclina la tête en remerciement.

Sam rentra très tôt. Il avait déjeuner avec Kendall. Et durant tout le déjeuner, il n'avait pensé qu'à ça. Il n'était pas resté une heure dans son bureau. Il était plus décidé que jamais. Cette histoire le rongeait. Laurie était encore au cabinet, elle ne rentrerait pas avant…deux ou trois heures. Il monta directement dans leur chambre.

Comme il l'avait prévu, ce ne fut qu'à quatre heures que la porte de l'entrée s'ouvrit. Il pouvait l'entendre depuis le premier étage.

" Sam ? "

Sa voix était celle de chaque jour, habituelle, constante, enjouée. Il l'entendit monter doucement les escaliers.

" J'ai eu une idée fantastique pour le cadeau de ma sœur à Noël, je me suis dit qu'il était peut être temps d'y penser ! "

Elle apparut sur le seuil de la porte de la chambre, ses chaussures à talons dans une main, et un regard ébahi.

" Qu'est-ce que tu fais ? " Son regard passa rapidement de l'armoire ouverte à la valise remplie de vêtement. Elle avait perdu tout entrain et semblait perdue.

" Sam ? C'est quoi tout ça ? "

" Je pars, Laurie. "

" Je vois bien que tu pars. Où ? Pour combien de temps ? Et quand ? " Elle était à présent affolée.

" Je partirais dès que j'aurai réuni tout ce dont j'a besoin. Et je ne reviendrai pas. "

" C'est une blague, tu te moques de moi ? "

" Laurie, je suis désolé. Je crois qu'il vaut mieux qu'on se sépare. "

" Sam ! Mais enfin, tu ne te rends pas compte de ce que tu dis ! Qu'est-ce qui te prends ? Qu'est-ce que j'ai fait ? Dit ? Mais dis moi plutôt que de me tourner le dos ! "

Sam ouvrit le tiroir de sa table de nuit et en sortir une montre, quelques bouquins, un boîtier de lunettes et une boite de médicaments.

" Ne me dis pas que tu n'as pas remarqué qu'entre toi et moi, tout va mal en ce moment ? On ne se parle plus, on ne se regarde plus… "

" Quoi ? Mais enfin, c'est toi qui a changé ! Je n'arrête pas de te demander ce qui ne va pas, tu me réponds que tout va bien. "

" Oui, j'ai changé. Je suis vraiment désolé, c'est comme ça. Je n'y peux rien. On a partager plus de trois belles années, mais je crois que quelque chose s'est brisé. "

" Tu ne peux pas faire ça Sam. Si c'est à cause de ma grossesse, je comprends que tu m'en veuilles, mais dis le au moins ! "

Sam ouvrit des yeux plus grands que des soucoupes.

" Ta…grossesse ? "

" J'ai oublié de prendre la pilule un soir, c'était un accident. Mais quelle importance puisque je me suis faite avortée ? "

" C'est justement ça le problème ! Toi tu ne veux pas d'enfants, et tu en as déduit que moi non plus mais…C'est faux, je…j'ai besoin d'avoir des enfants. Je veux pouvoir faire quelque chose de bien dans ma vie, je veux pouvoir donner de l'amour à un enfant… ! "

" Tu veux dire que si j'avais gardé cet enfant, tu ne partirais pas ? " Laurie pleurait à présent.

" Non, je n'ai pas dit ça. Laurie, tu es une femme formidable, mais tu…ne veux pas d'enfants. "

" Ce n'est pas ce que tu voulais dire ! Tu allais dire autre chose ! "

" Tu es trop égoïste pour avoir un enfant. Tu n'aurais pas pu lui donner de l'amour et de l'affection ! "

" Et toi, tu prétends t'y connaître ? Qu'est-ce que tu crois, qu'en sortant d'ici, tu trouveras une femme qui accepteras de te faire des enfants sur le champ ? On avait tout pour être heureux Sam, et tu as tout gâché ! "

" Ce n'est pas moi. Nous n'y sommes pour rien. On s'est retrouvé dans les bras l'un d l'autres, croyant qu'on ne trouverait personne d'autre. "

" Et c'était vrai ! "

" Pas pour moi ! " Sam réalisa soudain qu'il l'avait dit. Il l'avait lui même avoué. Il en aimait une autre. Mais Laurie fit mine de ne pas avoir compris.

La discussion, ou même la dispute, dura toute la soirée. Sam dut affronter les larmes et les yeux gonflés de peine et de colère de Laurie. Elle lui en voulait plus que tout. Et pourtant, cela lui était insensible. Il n'éprouvait pas même de remords, juste le sentiment d'avoir fait ce qu'il fallait. Lorsqu'il boucla sa valise, elle comprit que ses larmes n'y ferait rien. Elle s'enferma dans la salle de bain, et il eut beau frapper, elle ne répondit pas. Il avait pris le strict minimum. Il récupérerait plus tard ses affaires personnelles. Et il lui laisserait tout ce dont elle avait besoin, les meubles, les cadeaux de mariage. Tout. Il prit les clés de sa voiture et les glissa dans sa poche. Il se rendit dans son bureau et prit un crayon et du papier.

" Laurie,

je ne suis pas bien sûr d'avoir un jour été réellement amoureux, même si je te considère comme faisant partie intégrante de ma vie. Tu as été pendant longtemps mon amie, ma seule amie. Et tu as été là, quand j'en avais besoin. La plus grosse erreur que nous avons faites, aura sans doute été de croire que nous étions faits pour nous marier, et être un vrai couple. Je sais aujourd'hui que ma place est ailleurs. Et tu le sais aussi bien que moi.
J'ai énormément de tendresse pour toi, et quoi qu'il arrive tu pourras compter sur moi. Ne crois surtout pas que tout ceci soit à cause de toi, tout vient de moi, et de moi seul. Accepte ma décision, je sais qu'il y quelqu'un quelque part qui est là pour toi.

Sam. "

Quel horrible style ! Où était passé le Sam Seaborn de l'époque Bartlet ? Il lut, et relut ce message. Mais il ne se résolut pas à le laisser, il en fit une boule de papier qu'il envoya dans la corbeille. Il reprit une feuille et y inscrivit simplement : " Pardon ! "

Il était réellement désolé, mais il ne pouvait faire autrement que d'écouter ce que son cœur avait à lui dire.

" Je suis très mécontente de votre travail ! La plupart d'entre vous ne connaît pas ses tables de multiplication. Sans parler de ceux qui font des erreurs de soustraction. Si vous n'avez pas assimilé ces bases, vous n'arriverez jamais à réussir les divisions ! Des élèves de CE1 auraient eu de meilleures notes ! Vous avez fait n'importe quoi, tout au hasard ! Je vais vous donner un autre devoir à faire chez vous, je vais refaire un cours sur les divisions, pour être sûr que c'est bien compris, et vous réapprendrez vos tables pour ceux qui les ont oublié ! "

Mallory rendit les feuilles aux élèves en faisant de petits commentaires pour chacun.

" Vous pouvez ranger vos affaires, mais vous attendez la sonnerie ! "

Elle profita des quelques secondes qui lui restaient pour effacer le tableau et ranger ses affaires. La classe était très silencieuse jusqu'à ce que la cloche retentisse.

Elle enroula son écharpe et prit son manteau sous le bras, et son porte document dans une main. Elle referma la porte derrière elle et croisa son collègue dans le couloir.

" Eh Mallory ! "

" Jeff ! Comment ça va ? "

" Bien. Tu ne m'as pas rappelé, je pensais qu'on pourrait aller à l'opéra samedi prochain… "

" Euh…samedi prochain… " Mallory le regarda dans les yeux. " Je suis vraiment désolée Jeff, je ne veux pas être brusque, mais je ne suis pas prête à sortir avec quelqu'un, j'ai besoin d'air, j'ai besoin d'un peu de solitude. Je ne veux pas que tu te fasses d'idées, nous n'irons pas plus loin ensemble. "

Jeff fut déçu, mais n'en montra rien. Il continua sa route en bavardant de tout autre chose avec Mallory jusqu'à la salle des professeur, où ils se séparèrent.

Mallory poussa la porte et retrouva la salle embrumée, la même, égale à elle même. Elle se rendit immédiatement dans son casier, posa des bouquins, en sortit d'autres, les mis dans son sac. Elle enfila son manteau et ses gants et ressortit rapidement. Elle courut vers la classe de Nicky qui devait l'attendre depuis plusieurs minutes. Il était sagement assis dans sa classe, un livre posé devant lui. Il avait un petit air sérieux et intéressé.

" Bonsoir Mallory ! "

" Salut Lily ! "

" Nicky, ta maman est arrivée ! "

Nicky leva les yeux de son livre et tourna la tête vers la porte.

" Maman ! " s'écria-t-il en courant vers elle.

" Va vite chercher ton sac, on rentre à la maison ! "

" Bon week-end ! "

" Merci ! " dirent Mal et Nicky en même temps.

Nicky tendit la main vers celle de sa maman et ils traversèrent la cours de récréation pour se rendre à leur voiture.

" Ca s'est bien passé ? "

" Oui, on a lu l'histoire de Pierre et le Loup ! "

" Vraiment ? Papy me lisait cette histoire quand j'étais petite, je ne m'endormais pas tant qu'il ne l'avait pas finie. "

" Et aussi, il y a Suzy qui fait une fête pour son anniversaire, et c'est demain. "

" Elle vous l'a dit aujourd'hui ? "

" Oui, sa maman a amené des invitations et elle a dit qu'elle ferait un gâteau pour lundi. "

" D'accord, alors tu me laisses toute seule ce week-end ? "

" Mais on pourra quand même aller manger chez McDonald samedi midi, non ? "

" Oui, on ira. Mais tu as un cours de piano demain matin ! "

Elle lui ouvrit la porte pour le faire monter et attacha sa ceinture. Elle vérifia qu'il était bien installé depuis son rétroviseur.

" On va aller se préparer un bon goûter avec un bon chocolat chaud, et après, on va faire un peu de piano, d'accord ? "

" On est obligé de faire du piano ce soir, m'man ? "

" Qu'est-ce que c'est que ces réticences ? Tu ne vas pas aller demain à ton cours sans avoir réviser le cours de samedi dernier ! "

" Je pourrai regarder la télé après ? "

Mallory haussa un sourcil.

" Jusqu'à huit heures et demies. "

Mallory avait accordé à Nicky un peu de temps pour jouer. Il s'était installé dans sa chambre, avec sa collection de voitures et son garage à trois étages. Elle en profita pour ranger sa propre chambre qui n'était plus qu'un désordre monstrueux. Son lit n'était pas fait, des vêtements traînaient sur le sol, sur son fauteuil. Des kleenex revêtissaient le parquet. Son petit bureau était surmonté de feuilles, de factures, de livres. Elle fit ainsi le grand nettoyage et en profita pour changer les draps, passer l'aspirateur et faire les vitres. Elle laissa ainsi plus de temps à Nicky avant de l'installer devant le piano et de vérifier ses exercices de solfèges. Elle fut d'abord sévère et intransigeante. Une fois les exercices à proprement parlé terminés, elle lui demanda de jouer son morceau. Elle le laissa faire sans rien dire, et admira la justesse de la mélodie et le rythme suivi à la perfection. Le téléphone choisit cet instant pour sonner.

" Allô ? "

" … "

" Allô ? Hugo, c'est toi ? "

" C'est Sam. "

" Mon Dieu " pensa-t-elle. " Sam…que puis je faire pour toi ? "

" Je voulais savoir comment tu allais. "

Mallory jeta un regard derrière son épaule et se rendit dans la cuisine et referma la porte.

" Tu voulais savoir comment je vais ? " demanda Mallory.

" Toi, et Nicky. "

" Nous allons bien. " répondit Mallory sèchement.

" Je t'appelle surtout pour te dire que je suis désolé de ne pas avoir appelé plus tôt. "

" Rien ne t'y obligeait. "

" Au contraire, je m'aperçois que j'ai été stupide de ne pas le faire. J'ai eu peur quand j'ai appris que j'avais un fils… "

" Si ça peut te rassurer, Nicky est mon fils, on s'en sort très bien sans toi. "

" Je comprends. Je ne sais pas ce que tu attendais de moi lorsque tu me l'as dit, mais je me rends compte que j'aurai vraiment du réagir autrement. "

" Si c'est pour présenter des excuses, elles sont acceptées, alors tu peux retourner dans ton petit monde avec ta femme et nous oublier, ça soulage ta conscience ? "

" Non, pas du tout, parce que c'est toi que j'aime, que je veux être là pour Nicky et que… "

" Sam, je t'arrête tout de suite parce que nous n'avons pas besoin de toi. Je suis désolée de devoir te le dire comme ça, mais Nicky est conscient de ne pas avoir de père, il en est ainsi, et moi, je me suis faite à l'idée de devoir vivre sans toi, alors s'il te plaît, ne rappelles plus et oublies nous une bonne fois pour toutes. Va retrouver Laurie ! "

" Tu ne m'as pas compris Mal ! Laurie et moi, c'est fini. Je l'ai quittée aujourd'hui. Si tu ne veux pas de moi dans ta vie, je ne retournerai pas vers elle, parce que c'est toi que j'aime. "

" Sam… " sa voix était douce et suppliante. " Ne dis pas ça. Tu n'aurais pas du quitter ta femme. Toi et moi, ça n'a pas marché la première fois, ça ne marchera pas mieux cette fois. "

" Mallory…je n'ai pas envie d'avoir cette conversation par téléphone… "

" Attends un instant, on frappe à la porte. "

Mal ouvrit la porte de la cuisine, traversa le salon, Nicky rejouait le même morceau, elle pensait trouver Hugo. Elle tourna la clé dans la serrure pour déverrouillée la porte, le téléphone toujours collé à l'oreille. Devant elle, Sam se tenait, appuyé contre le mur, son téléphone portable dans la main. Mallory porta une main à sa bouche et éclata en sanglots. Sam se rapprocha d'elle et entra. Il l'entoura de ses bras, ses mains attrapèrent sa tête et il embrassa son cou pour la consoler et lui montrer qu'il était bien là, devant elle.

" Je t'aime, tu me crois n'est-ce pas ? " Mallory hocha la tête en hoquetant. " C'est toi ma vie. "

" Je t'aime… " souffla-t-elle. " mais… "

" Il y a pas de mais. Je veux te rendre heureuse, et je ferai tout ce qu'il faut. Et si c'est ce qui t'inquiète…cette fois c'est la bonne, et c'est une promesse ! "

Sam essuya les larmes de Mallory d'un geste tendre et il approcha son visage du sien. Mallory se laissa embrasser et l'embrassa en retour lui accordant ainsi sa confiance, et lui avouant son amour.

" Ne me quitte plus jamais Sam ! "

" Je te l'ai promis, d'accord ? C'est une promesse, je la tiendrai jusqu'à…jusqu'à ce que la mort nous sépare ! "

Mallory enfouit sa tête dans le manteau de Sam et oublia pendant un instant où elle se trouvait.

" Maman ! " Elle entendit la petite voix de Nicky l'appeler depuis le salon.

Elle regarda Sam, les yeux encore humides.

" Je dois lui parler, mais… " Sa voix tremblait d'hésitation.

" Je suis de trop ? "

" Je dois lui expliquer. Il va comprendre très vite. Dis moi que tu es sûr de toujours vouloir rester ! "

" Je veux rester, prends le temps qu'il faudra avec Nicky. Je vais aller à l'hôtel pendant ce temps. Et quand vous serez prêts tous les deux, je serai là. "

Ils échangèrent un bref baiser, et Sam recula pour sortir. Mallory l'attrapa par le col et l'embrassa vivement.

" J'ai besoin de toi Sam…Je couche Nicky à neuf heures, tu pourrais peut être… "

" Je viendrai. Promis. "

Ils s'embrassèrent une fois de plus et Sam disparut. Mallory respira profondément, essuya ses yeux d'un revers de la main et retourna dans le salon.

Nicky avait quitté le piano et s'était installé devant la télé.

" Nicky, on va prendre un bain ? "

" Pas maintenant ! "

" S'il te plaît, tu regarderas ça après ! "

Nicky ronchonna en montant les escaliers et pour aller dans la salle de bain, mais de gré ou de force, Mallory le poussa à quitter l'écran de télévision pour une demie heure.

" Tu as fait quoi ? "

Mallory éloigna le combiné de son oreille tant la voix d'Hugo s'était élevée.

" Je lui ai dit de passer après que Nicky soit couché ! Hugo, arrête de crier ! "

" Désolé, je t'entends très mal ! Il a dit qu'il avait quitter sa femme ? "

" Oui. Il veut qu'on vivent tous les trois. Et qu'on recommence tous les deux. "

" Mal, pourquoi tu m'appelles, je comprends pas très bien ! "

" Mais pour avoir ton avis ! "

" Tu t'adresses à l'une des personnes les plus fleurs bleues du monde, alors ce que j'en pense, c'est que tu vis une histoire extraordinaire. C'est ce que tu as toujours voulu. Etre avec lui, avec votre fils, et qu'il te consacre du temps. Quitter sa femme, c'était le plus beau cadeau qu'il pouvait te faire non ? "

" Alors, je fais quoi ? "

" Tu fonces ma vieille ! Nicky comprendra très bien si tu sais trouver les mots, et je te fais confiance. Il faut que je te laisse, mais dis moi comment ça s'est passé ! Ciao ! "

Facile à dire. Fonce ma vieille. Les mots justes. Il comprendra. Elle n'était pas sûre elle même de tout comprendre. Nicky avait pris son bain, manger et regarder un peu la télévision. En mère consciencieuse, Mallory lui lut l'histoire de " James et la Pêche Géante " en version abrégée. Elle lui fit un câlin comme chaque soir, le borda, et éteignit la lumière en lui soufflant un baiser au dessus de sa main.

Elle descendit au rez-de-chaussée et tenta d'arranger un peu le désordre. Elle chercha pendant une heure toutes sortes d'occupations pour éviter de penser à l'instant où elle ouvrirait la porte. Elle fit du café. Changea tous les cadres photos de place. Elle prit une feuille de papier et y aligna des mots, sans en comprendre le sens. Elle alluma des bougies parfumées. Elle rangea quelques livres dans sa bibliothèque. Elle s'assit, droite, sur le canapé et se mit à suivre des yeux les premières lignes d'un roman. Sans réellement lire. Dring. Elle sursauta de peur, et se mit à rire toute seule pour se détendre. Elle posa son livre sur la table basse, arrangea ses cheveux qu'elle avait tenu attachés à l'aide d'un crayon. Elle plissa son pull et tourna la poignée.

" Bonsoir ! " dit Sam.

" Bonsoir ! " sourit Mallory timidement.

Elle était tétanisée et en oublia de le faire rentrer. Elle le comprit lorsqu'il toussota.

" J'ai fait du café. "

" C'est une excellente idée. Il fait un froid de canard dehors. "

" Oui, les hivers ont la réputation d'être plus rigoureux qu'à DC. "

" Nous n'allons pas tenir une conversation aussi futile toute la soirée, n'est-ce pas ? " sourit Sam.

" Assieds toi ! " proposa Mal.

" Je crois qu'on devrait peut être parlé, non ? "

" Oui, c'est sûr. " répondit elle avec conviction.

Tic. Tac. Tic.

" Je déteste ton réveil. "

Mallory éclata de rire et embrassa l'épaule nue de Sam.

" On pourrait en acheter un autre, si tu décides de rester ! "

" C'est même la première chose qu'on achètera ensemble demain. "

Mallory se serra contre Sam qui passa son bras autour de ses épaules. Elle posa sa main sur son torse et lissa le liseré des draps du bout du doigt.

" J'ai parlé à Nicky tout à l'heure. " Sam ne répondit pas mais l'incita ainsi à continuer. " Je lui ai expliqué pourquoi il n'avait pas de père. Je lui ai dit que toi et moi, nous étions un peu fâché, on était triste quand on été tous les deux. Il m'a demandé pourquoi il ne t'avait jamais vu, si c'était parce que tu ne l'aimais pas. Je lui ai répondu que tu vivais loin, mais que tu l'avais toujours aimé. "

" C'est vrai. Je pense qu'au fond, je l'ai aimé, sans savoir qu'il existait. "

" Et après avoir beaucoup parlé, il m'a dit que lui aussi aimerait avoir un papa. "

Sam poussa un soupir de soulagement.

" Il était adorable car la seule chose qui le préoccupait, c'était de savoir si toi et moi on était toujours fâché. "

" Je ne sais pas si je ferai un bon père… "

" Bien sûr que tu es un bon père. Vous allez très bien vous entendre tous les deux. "

Mallory se redressa et se leva pour enfiler une chemise de nuit.

" Suis moi ! " lui ordonna-t-elle.

Sam prit le peignoir qu'elle lui tendait et pris la main qu'elle lui offrit. Il la suivait dans le couloir qu'il n'avait jamais traversé auparavant. Au bout, il vit une porte fermé. Mallory appuya sur la poignée et poussa doucement la porte en faisant signe à Sam de ne pas faire de bruit.

Nicky dormait à poings fermés, recroquevillé sur lui même, sa couette montant jusqu'au bas de son dos, et tenant fermement sa peluche fétiche, Cotton Tale.

La main de Sam tremblait, Mallory le sentit immédiatement. Elle regarda son fils mais ne se retourna pas vers Sam. Elle souriait. Et Sam aussi. Il regardait, comme intrigué, le petit être, qu'il avait imaginé encore bébé, croyant qu'il était le fils de Hugo, le fameux fiancé de Mal. Il avait le souffle coupé. Il était tout simplement émerveillé. Il n'avait jamais vu pareil merveille. Il n'avait jamais eu l'impression d'avoir fait une chose aussi belle de toute sa vie.

" Il te ressemble, tu ne trouves pas ? " demanda Mallory alors que Sam enlaçait sa taille. Elle posa ses mains le long des bras de Sam.

" Tu crois ? " demanda-t-il encore étonné.

" C'est ton portrait craché. Laissons le dormir… "

Elle tourna le visage vers Sam qui ne pouvait détacher ses yeux de son fils. En admiration.

" Sam ? Viens, on va finir par le réveiller ! "

Elle tira la porte aussi doucement qu'elle l'avait poussée. Sam s'arrêta dans le couloir, et Mallory le regarda inquiète, encore soucieuse qu'il puisse changer d'avis.

" Qu'est-ce qu'il y a ? "

Sam l'attira vers lui et l'embrassa. Mallory se mit sur la pointe des pieds et mit ses bras autour de son cou.

" Je ne pensais pas qu'on puisse faire une pareille merveille ! "

" Je suis tellement heureuse Sam, c'est la première fois depuis maintenant sept ans que je suis parfaitement heureuse. "

C'était sans doute la première fois depuis sept ans que Mallory se réveillait sereine, et paisible. Elle était dans les bras de Sam, et elle allait prendre son premier petit déjeuner avec les deux hommes de sa vie.

Elle chantonnait dans la cuisine, et allait d'un pas de gazelle de la cuisinière au réfrigérateur. Elle préparait des œufs au bacon, elle avait déjà pressé quelques oranges. Du lait bouillait dans une casserole. Elle entendit les pas feutrés de Nicky qui descendait les escaliers. Il tenait Cotton Tale à la main, et ses yeux étaient encore plein de sommeil.

" Il est encore très tôt mon poussin, qu'est-ce que tu fais de bout ? "

" Pourquoi t'es debout toi ? "

" Je voulais préparer un vrai petit déjeuner. Tu as faim ? "

" Hum, hum ! " dit-il en hochant la tête.

" J'ai presque fini, mais on va attendre un peu avant de… "

Elle s'arrêta en voyant Sam dans l'embrasure de la porte, en peignoir de bain. Nicky se tourna lui aussi vers la porte de la cuisine et regarda ensuite sa mère qui souriait. Elle s'avança vers Sam qui l'embrassa sur le front.

" Nicky, chéri…tu te souviens, hier, de ce dont on a parlé ? "

" Oui. "

" D'accord. " Elle avait une voix très douce, et parfaitement maternelle. " Je te présente ton papa. "

" Bonjour Nicky ! " dit Sam, un peu pris au dépourvu, ne sachant que dire, soucieux de bien faire.

" Je vais aller mettre un veste, profitez en pour faire connaissance ! " suggéra-t-elle.

Elle s'éclipsa mais resta en bas des escaliers pour rester attentive à leur conversation.

" Euh…Tu…tu as bien dormi ? "

Mallory sourit.

" C'est vrai que c'est toi mon papa ? "

" Oui. Oui, c'est moi. "

" Maman et toi vous êtes plus fâchés ? "

Sam rigola un instant. Il se remémora sa discussion de la nuit avec Mal.

" Non. Non, on est plus fâché. Tu sais, j'aime très fort ta maman, et sans te connaître, je t'aime très fort aussi. Tu sais, elle m'a beaucoup parlé de toi ! "

" Moi elle m'a rien dit sur toi. Juste que t'habitais très loin et que c'est pour ça que je t'ai jamais vu. "

" Dis moi Nicky, ça te plairait qu'on vive tous les trois, toi, moi, et Maman ? "

Nicky fit mine de réfléchir.

" Tu sais jouer du piano ? "

" Euh…non. "

" Maman elle sait. Elle pourra t'appendre. Et tu viendras me voir quand je jouerai au foot ? "

" Bien sûr. Oui. "

" Alors je veux bien qu'on vivent tous les trois. "

Mallory se leva de la marche des escaliers où elle s'était assise pour écouter, et monta à l'étage en souriant. Nicky aimait déjà Sam, et elle savait que c'était réciproque.

*@*@* Epilogue *@*@*

Sam se rua dans la salle de bain où se tenait Mallory, face à la glace. Il la regarda mettre du mascara pour agrandir son regard. Elle était resplendissante. Elle portait une longue robe noire, une épaule dénudée, et sa peau scintillait de paillettes. Il se mit derrière elle et déposa un baiser sur sa nuque. Elle mit des boucles d'oreilles et un bracelet à son poignet et tourna la tête pour embrasser Sam. Elle boutonna le haut de sa chemise blanche et effaça une trace de rouge à lèvres qu'elle avait laissé au coin de sa bouche. Ils se regardèrent en souriant.

" Notre premier Noël en famille… " murmura Mallory.

" A ce propos… " dit Sam en sortant quelque chose de la poche intérieure de sa veste. " J'ai ceci pour toi… " Il sortit un collier de l'écrin allongé, et le passa au cou de Mallory qui le regardait dans le miroir sans pouvoir dire un mot. Elle était émerveillée.

" Sam ! Tu n'aurais pas du ! "

" Pourquoi ? " demanda-t-il en écarquillant les yeux.

" Parce que ça a du te coûter une fortune ! "

Sam caressa les épaules de Mallory.

" Je voulais que tu sois éblouissante ce soir, devant mes beaux parents. "

" Et bien en parlant d'eux, il faut que je m'occupe de la dinde…Tu habilles Nicky ? "

" Tu ne me demandes pas ce que je t'ai acheté pour Noël ? "

" Sam, tu viens de me l'offrir ! "

" Non, ce n'est pas ton cadeau ! " Le teint de Mallory s'empourpra. " Mais si je te le dis maintenant, ce ne sera plus une surprise. "

" Sam ! Tu me gâtes trop ! Tu sais, le simple fait que tu sois là, c'était le plus beau cadeau que tu pouvais me faire... "

" Hep, hep hep hep ! c'est Nicky qui m'a aidé à le choisir ! "

" Vous êtes incorrigibles tous les deux ! "

Elle l'embrassa furtivement et descendit à la cuisine terminer le repas.

Sam et Mallory avait décidé de fêter le réveillon de Noël à Boston. Ils étaient réunis tous les trois, leur petite famille. Sam avait proposé d'inviter Leo et Jenny, tant pour Mallory que pour Nicky qui ne voyait pas assez souvent ses grand-parents. Et savant Hugo seul, Mallory avait pensé à l'inviter.

Ils dînèrent ainsi, tous les six, autour d'une table illuminée de bougies. Après un repas copieux, digne des Noëls de Jenny à Washington, préparé par Mallory, ils prirent place dans le salon pour déguster une coupe de champagne.

Nicky et Hugo partageaient le fauteuil. Jenny et Leo s'étaient assis sur le canapé, en se tenant la main, comme un jeune couple. Mallory arriva de la cuisine avec les flûtes, et Sam la suivait avec la bouteille d'un champagne venu spécialement de France. Mallory n'avait pas compris son entêtement à faire venir le vin de si loin, mais il avait réellement insisté. Elle savait qu'il avait du le payer très cher, mais cela semblait lui importer peu. Sam fit sauter le bouchon et versa le vin aux bulles subtiles et parfaites.

" Papa ! Je peux en avoir un peu moi aussi ? "

" Nicky ! " dit Mallory.

" C'est Noël Mal ! " lui dit Leo.

" Tu te rappelles de ce que je t'ai dit hier Nicky ? " lui demanda Sam.

" Papa m'a dit que le père Noël, il passait pas toujours pour les grandes personnes, alors pour faire plaisir à maman, il lui a acheté lui même un surprise ! "

Ils rirent tous en entendant Nicky rapporter les paroles de son père.

" Leo, Jenny, je voulais que vous soyez là ce soir, car j'avais quelque chose à demander à Mallory, et je ne peux le faire sans votre…autorisation ! "

" Tu sais Sam, papa t'a déjà donner l'autorisation de m'inviter à déjeuner, que peux tu lui demander d'autre ? "

" Leo, je supposes que Mallory doit te demander ton autorisation avant de se marier avec un fasciste ? "

Le sourire de Mallory tomba. Elle regarda Sam, tremblante. Elle le vit s'approcher d'elle, la terre tournait complètement, elle ne voyait plus personne d'autre que lui, il s'agenouilla devant elle et sortit un tout petit coffret de velours de sa poche. Il l'ouvrit et laissa les diamants de la bague s'illuminer. Il lui prit délicatement la main gauche et y glissa tout doucement l'anneau.

" Mallory…veux tu devenir ma femme ? " Elle ne répondit pas mais il ne la quitta pas des yeux. " Si ton père veut bien ! "

Elle ne regarda pas Leo, ni même Jenny qui en avait les larmes aux yeux. Ses yeux ne pouvaient se détacher de Sam et du bijou qu'elle portait désormais à son doigt.

" Oui… " Ce mot était si délicat et si fragile dans sa bouche que Sam n'était pas certain de sa réponse. " Tu n'as même pas besoin de me le demander Sam. Oui, bien sûr que je veux t'épouser ! "

Sam se releva et passa ses bras autour de la taille de Mallory pour se rapprocher d'elle. Elle releva ses bras autour de son cou et ils s'embrassèrent. Leo, Jenny et Hugo applaudirent et levèrent leurs coupes de champagne.

" A Sam et Mallory ! "

Ils restèrent enlacés, et leurs lèvres se détachèrent difficilement. Sam regarda Mallory dont les yeux étaient embués, et quelques larmes roulaient sur ses joues, mais elle souriait comme il aimait la voir sourire.

Nicky se dirigea vers le piano et entama le morceau qu'il connaissait le mieux. Ainsi en avait il décidé, ils entamaient les chants de Noël comme le voulait la coutume. Ils entourèrent tous le piano. Sam avait une main posée sur la hanche de Mallory qui avait poser sa tête contre son épaule. Sa voix entama le chant.

I'm dreaming of a white Christmas,
Just like the ones I used to know.
Where the treetops glisten, and children listen,
To hear, sleighbells in the snow.

Ses parents, Hugo, et même Sam, qu'elle ne soupçonnait pas connaître des chants de Noël, reprirent le second couplet.

I'm dreaming of a white Christmas,
With every Christmas card I write.
May your days be merry and bright,
And may all your Christmases be white!

" Je t'aime ! " murmura Sam à l'oreille de Mallory.

Dehors, tout était recouvert de blanc, la neige tombait en flocon et le froid de décembre contrastait avec la chaleur qui régnait à l'intérieur, devant la cheminée, autour de ce piano. Pour la première fois depuis sept ans, aucun d'entre eux n'avaient été plus heureux. Sam et Mallory échangeaient de longs regards amoureux, et regardaient tous deux avec amour et tendresse leur fils. Hugo souriait de voir sa meilleure amie enfin heureuse et rayonnante. Et Leo et Jenny regardait avec émotion le jeune couple tout en se blottissant l'un contre l'autre.

May your days be merry and bright…

And may all your Christmases be white…

The End

Par Anna

J'espère que cette histoire vous a plu, je vous annonce d'ores et déjà qu'elle aura une suite, mais elle n'est pas pour tout de suite. Alors un peu de patience. Je vous laisse savourer la fin et en cette fin Novembre, je voulais vous dire (à lire en chantant !) : May your days be merry and bright… And may all your Christmases be white…






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