:: The West Wing : Les Couloirs de la Maison Blanche ::

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Les Années ont Passé

3ème Partie

 

Pour la quatrième fois, elle acceptait de sortir avec Jeff, son collègue. Ils passaient des moments agréables ensemble, ils avaient à peu près les même goûts, et elle se sentait moins seule. Hugo avait la gentillesse de garder Nicky pendant tout le week-end. Un vrai week-end de mec. Mallory avait sourit quand Hugo avait employé ces termes. Mais elle ne se faisait pas de soucis. Elle savait pertinemment qu'elle ne risquait pas de retrouver son fils admirant un défilé de travestis dans le salon de son meilleur ami. Elle avait toute confiance, et ce n'était pas le genre extraverti. Il avait une grande sensibilité. A son arrivée à Boston, il était la première personne qu'elle avait rencontré. Dans une librairie. Rien de très original. Il l'avait conseillé sur un livre. Un livre dont il était l'éditeur. En le lisant, elle s'était jurer de le retrouver. Elle avait recherché le numéro de la maison d'édition, et demandé le directeur, sans savoir vraiment son nom. Hugo. Hugo quelque chose.

" Oui, je me souviens parfaitement de vous, vous vouliez acheté Comment ne pas donner à son enfant les manies qu'on ne supporte pas chez soi ? Alors qu'avez vous pensé du livre que je vous ai conseillé ? "

" Pour un éditeur, vous avez de très mauvais goût en matière de littérature Monsieur… "

" Stanford. Hugo Stanford. "

" Votre livre était un ramassis d'idioties, dépourvu de sens, et qui coûtait horriblement cher ! "

" Mais je ne vous ai pas forcé à l'acheter ! "

" Vous ne manquez pas d'air ! "

" Ecoutez mademoiselle, de toute évidence, vous alliez acheter et lire un livre qui ne vas pas vous apprendre comment élever votre enfant. Vous alliez dépenser quelques dollars de plus dans un livre qui n'en valait pas plus le coup, un ramassis d'idioties, dépourvu de sens et qui coûtait horriblement cher. En achetant le mien, vous économisiez sept dollars, et vous me faisiez vendre un exemplaire de plus. Croyez moi, si vous avez des doutes concernant l'éducation de votre enfant, c'est au fond de vous que vous trouverez les réponses. On en écrit pas de toutes faites dans les bouquins. Et c'est ça, c'était pas une idiotie qui coûtai cher, je vous l'offre de bon cœur ce conseil. "

Et Mal avait suivi son conseil. Elle avait toujours écouté son cœur en ce qui concernait Nicky. Elle n'avait plus jamais acheté un livre traitant des enfants et de l'éducation. Et elle était fière du résultat.

Elle passait une fois de plus un week-end seule et pouvait donc profiter de toute la maison sans avoir à veiller sur son bout de chou. Elle n'avait pas passé une mauvaise soirée la veille, mais elle dut admettre qu'elle se lassait. Jeff avait beau être gentil et attentionné, il n'avait rien de très palpitant. L'ennui s'installait très rapidement.

Alors qu'elle lisait au coin du feu, un roman que lui avait conseillé Hugo, elle s'étonna d'entendre que quelqu'un frappait à la porte. Elle tenta tant bien que mal de se relever en vitesse alors qu'elle avait adopté une position en tailleur pendant presque trois heures. Elle entrouvrit d'abord la porte et fut encore plus ébahie en découvrant qui se trouvait derrière.

" Sam ? Mais enfin qu'est-ce que fais là ? "

" Bonsoir. "

" Madame Seaborn, vous êtes encore là ? "

" Oui, j'avais un dossier à terminer et Sam n'est pas là du week-end, il rentre mardi. Si on m'appelle, prenez les messages. Je ne veux pas être dérangée à moins que ce soit mon mari. "

" Bien sûr Madame " répondit Héloïse.

Laurie s'enferma à double tour dans son bureau et ferma les stores. Elle voulait être au calme et ne plus penser à rien. Sam lui paraissait si bizarre ces derniers temps qu'elle osait à peine lui en parler. Ils ne faisaient que se croiser, se parlaient à peine. Elle se demandait parfois s'il ne se forçait pas à lui faire l'amour. Elle s'aperçut également que toute leur alchimie s'était envolée. Et elle ignorait de quoi ce la provenait. Laurie ouvrit l'enveloppe qui traînait sur son bureau, et relut le faire part qu'elle contenait pour la énième fois. Sa sœur venait d'accoucher d'un petit garçon. Des bébés, des bébés, et encore et toujours des gamins. Elle ne supportaient même plus le simple mot enfant.

Mallory avait fait entrer Sam, le froid s'était légèrement engouffré dans le couloir.

" Je suis surprise de voir là…comment as tu su où j'habitais ? "

" Quand on cherche on trouve. "

" Exact. "

" Mal, il faut qu'on parle. "

Mallory prit soudain très peur. Elle bénit le ciel que son fils ne soit pas là.

" Oui…de quoi doit on parler ? "

" J'arrive peut être…six ans trop tard…mais, je voudrais savoir. Pourquoi ? "

" Tu le sais Sam. Et je ne crois pas que ce soit une bonne idée de reparler de ça maintenant. "

" Attends ! Ne réponds pas comme si c'était normal. Comme si ça devait arrivé. "

" C'est le cas ! "

" Non. C'est pas vrai. Je sais que ce n'est pas vrai. "

Mallory tentait de fuir son regard par tous les moyens.

" D'accord…je me suis rendu compte que ça ne pouvait pas marcher. Parce que tu étais accaparé par ton travail et que j'avais besoin que tu me portes plus d'attention. On était très différents, et je ne voualis pas jouer la sage maîtresse se maison qui t'attendrait tous les soirs. "

" Pourquoi être partie si vite et si loin ? Pourquoi ne pas avoir appelé ? Pourquoi ne plus jamais avoir donné de nouvelles ? Je savais à peine si tu allais bien ou pas, ton père refusait de me dire autre chose que s'il avait des nouvelles ou non. "

" Mais c'était trop dur de garder contact. J'ai voulu qu'il n'existe plus rien pour ne pas regretter, et ce que tu es en train de faire en ce moment, c'est mal Sam. Tu nous fait du mal à tous les deux et c'est ce que j'ai cherché à éviter pendant six ans. "

Sam la regarda dans les yeux.

" J'ai mis tellement de temps avant de m'en remettre…et il y a deux mois, quand je t'ai revu, j'ai cru que j'allai en mourir. Depuis ce jour, où nous nous sommes bousculés au centre commercial. Je n'arrête pas de penser à toi. Tu es toujours là… " il désigna son cœur sur sa poitrine.

" Arrête je t'en supplie, ne fais pas ça…ne me fais pas de mal…C'est fini, ça fait six ans, et tu…tu n'as pas le droit de dire tout ça…tu as Laurie, tu l'aimes et elle t'aime… "

" Ca n'a rien a voir, elle n'a rien à voir dans tout ça… "

" C'est ta femme ! " dit-elle d'une voix tremblante. " Et entre nous, il n'y a plus rien du tout. "

Sam attrapa Mallory par la nuque et déposa un baiser sur ses lèvres. Elle ferma les yeux, et ne se défendit pas.

" Dis moi que ce n'est rien. Que tu n'as rien ressenti. "

" Pourquoi tu fais ça Sam ? "

Il attira son visage près du sien avec beaucoup de douceur et leurs lèvres s'effleurèrent, faisant durer le plaisir et prolonger l'attente de pouvoir enfin aller plus loin. Le baiser se fit passionné et toujours avec beaucoup de douceur. Sam glissa une main sous le t-shirt de Mallory, remonta de son ventre jusqu'à sa poitrine. IL glissa la seconde dans son dos. Il embrassa sa nuque, remonta lentement le long de son cou, jusqu'à son oreille. Son souffle chaud fit frémir Mal. La jeune femme, surprise par cet élan de tendresse, ne savait pas comment réagir. Elle se contenta de le laisser faire, de savourer. Elle plaça ses mains sur les hanches de Sam.

" On ne devrait pas faire ça Sam ! "

" Non, on devrait pas. "

" Je suis sérieuse. "

" D'accord. "

Il arrêta aussitôt et garda ses mains autour de la taille de la jeune fille.

" Et maintenant ? " demanda-t-il.

Mallory souleva son sweat et le passa par dessus sa tête. Elle embrassa son torse. Elle laissa ses mains courir le long de sa peau qu'elle redécouvrait après tant d'années. Sam caressa les cheveux de Mallory et les embrassa. Ils avaient encore le parfum fruité de la pomme. Il laissa lui aussi ses mains glisser et il déboutonna le bouton du jean de Mal.

" On n'devrait pas faire ça…Sam ! "

" Je sais… "

Leurs mots n'avaient de consistance que leur souffle. Seules leurs respirations et les crépitements du feu se faisaient à présent entendre.

" J'ai plus faim Hugo ! "

" Je t'ai presque rien mis dans ton assiette ! Tu finis ou il n'y a pas de télé ce soir ! "

Hugo picora les quelques morceaux de saucisses qu'il savait que Nicky ne mangerait pas.

" Et bah on va dire que t'as presque tout manger, hein loustique ? Et si on appelait maman ? "

" Oui ! " s'exclama Nicky.

Hugo prit le téléphone et composa le numéro de Mallory. Nicky le regardait, et plus les conneries retentissait, plus Hugo faisait de grandes grimaces au petit garçon.

" Alors ? Pourquoi elle réponds pas maman ? "

" Elle est peut-être dans son bain, ou alors elle a pas envie de nous parler ! "

Nicky fit sa petite moue boudeuse. Hugo le rassura.

" Mais non, je plaisante Champion ! Comment elle pourrait ne pas vouloir te parler, tu es son petit cadeau préféré ! Allez, va t'installer sur le fauteuil, j'vais te mettre ta cassette ! "

" Allô ? "

" Sophie ? " s'écria une voix horripilante.

" Mon dieu, qui que ce soit, il est deux heures du matin ! "

" C'est Laurie Seaborn. "

" Madame Seaborn, malgré tout le respect que je vous dois, il est tard et vous appelé chez moi… "

" Je veux que vous joignez mon mari. "

" Quoi ? "

" Je sais qu'il a un numéro de téléphone spécial sur son portable, que vous seule avez ! Appelez le et dites lui de me rappeler ! "

" Mais enfin… "

" Si vous ne le faites pas, vous êtes virée lundi matin ! "

Tic Tac. Tic Tac. Tic Tac. La trotteuse du réveil résonnait dans toute la chambre. Une douce clarté flottait à cause des lampadaires de la rue. Mis à part cela, il n'y avait pas un bruit. Pas un mouvement. Juste deux souffles légers et réguliers. Paisibles. Sous des draps blancs, Sam et Mallory étaient tournés l'un vers l'autre. Sam appuyait sa tête sur son bras et caressait délicatement les épaules nues de Mallory, glissant le long de son bras, remontant. Les mains de Mallory étaient fixées contre le torse de Sam. Elle fermait les yeux.

" Mal ? " murmura Sam.

" Oui ? " ronronna-t-elle.

" Tu es belle. " Elle sourit. " Qu'est-ce qui te fait sourire ? "

" Rien. Rien du tout. Cela faisait si longtemps que je ne l'avais pas entendu. Et puis aussi… "

" Quoi ? "

Elle essaya de se pincer les lèvres pour ne pas rire.

" Et bien…tu n'as presque pas changé depuis la dernière fois, ce sont tes cheveux qui sont plus longs. Beaucoup plus longs, et on dirait que tu as vidé le tube de gel… "

" Ma femme aime cette coupe. "

" Je suis désolée " dit elle en perdant son sourire. Elle ferma les yeux pour échapper à la situation honteuse dans la quelle elle s'était fourrée.

" Je ne dis pas que ce soit une bonne excuse ! " dit celui ci pour lui redonner le sourire et la mettre plus à l'aise.

Elle ouvrit les yeux et releva la tête pour épouser ses lèvres.

" Tu es très beau comme ça. Vraiment. "

" Dis moi…on ne risque pas de voir débouler ton fiancé d'un moment à l'autre n'est-ce pas ? "

Mallory avait totalement oublié Hugo. Pour elle, elle n'avait trahi personne. Dans la tête de Sam, il en était autrement.

" Mon fiancé…non. Il passe le week-end chez ses parents avec Nicky. "

" Sans toi ? "

" Et bien… " Quelle explication donner ? " Ils ne m'aiment pas trop, alors quand il y va, je dis que j'ai du travail. Et ta femme, elle sait que tu es là ? "

" Tu veux dire entre tes bras, non je crois qu'elle ne s'en doute même pas. "

Ils éclatèrent de dire.

" Je n'ai pas envie que le jour se lève " dit Mallory en se serrant plus fort contre Sam. " Je vais te perdre une fois de plus. "

" Je n'étais pas venu pour que ça se passe comme ça, je veux dire…je n'avais rien prémédité. Mais quand je t'ai vue, cet après midi, la seule chose que je voulais c'était te serrer contre moi et t'embrasser, et… "

" Shhh…Dans quelques heures tu vas repartir. Je le sais. J'ai pas envie de penser à ce moment pour l'instant. Je voudrais juste arrêter le temps… "

" Depuis que… " Il cherchait ses mots. " Depuis qu'on s'est vu, la dernière fois, je ne pense qu'à toi, Mal ; Même quand je suis avec Laurie, c'est ton visage que je vois, ton corps que je serre, Tu me crois ? "

" Je te crois. "

" Que faut-il faire à ton avis ? "

" Je n'ai pas de réponse à cette question. Je redoutais même que tu la poses. Mais…tu es marié. Et j'ai…la vie de mon fils à préserver. Ca ne va nous mener nulle part et nous n'aurions même pas du faire ça. "

" Je ne regrette pas. "

" Moi non plus. Mais où allons nous maintenant ? Nous allons nous voir en cachette tous les week-ends ? C'est ça la solution ? Je ne peux pas faire ça. "

Le silence s'empara de la pièce. Une fois de plus, le Tic Tac reprit.

Mallory posa sa tête contre la poitrine de Sam et écouta battre son cœur au même rythme que la trotteuse du réveil.

Ce dimanche matin était identique aux autres. Elle était la première debout, et elle préparait avec amour le petit déjeuner. Une unique exception, ce n'était pas pour la même personne que d'habitude. Elle versa du café dans deux tasses, remplit deux verres de jus d'orange, et beurra des tartines. Elle disposa tout dans un plateau et regarda par la fenêtre de la cuisine. Le ciel était rempli de nuages blancs, gonflés de neige. Quelques flocons dégringolaient. Elle pensa à Nicky qui s'émerveillerait sûrement en voyant cela. Les premiers flocons de neige était le signe que Noël était proche pour son petit garçon. Sans un bruit, Sam s'approcha d'elle. Elle portait son sweat qui découvraient ses jambes fines. Il enlaça sa taille et déposa un baiser dans son cou.

" Bonjour ! " dit elle en riant.

" Dis moi, tu n'aurais pas vu mon pull ? "

" Non, je ne sais pas où il peut bien être… " Elle sourit encore et se retourna avec un splendide regard.

" Mais dis moi…c'est du café dans ta tasse ? "

" Oui " avoua-t-elle. " A croire que c'est à cause de notre rupture que j'ai arrêté la caféine ! " Sam parut choqué.

" Je croyais que tu avais arrêté quand tu étais enceinte de ton fils ? " s'enquit-il.

" Oui. Mais je, je…enfin, je crois que Hugo veut montrer qu'il en sait plus sur moi que ce n'est vraiment le cas, et…j'ai arrêté le café un peu après notre…notre séparation. "

Sam était torse nu, il ne portait que son jean. Il la souleva et l'aida à s'asseoir sur le plan de travail. Elle l'attira par les épaules et entoura sa taille de ses jambes. Il posa ses mains sur ses cuisses et approcha ses lèvres pour l'embrasser.

Hugo claqua la porte de la voiture après que Nicky en soit descendu. Il prit la main du petit garçon et ils traversèrent la rue. Les yeux de Nicky s'illuminaient comme les lumières des manèges de la plus grande fête foraine de la ville.

" Eh mec, on va se manger une barbe à papa ? "

" Après le train fantôme ! "

" Quoi tu veux me faire mourir de peur ? " s'écria-t-il d'une voix horrifiée.

" Non ! " dit Nicky en riant. " Pourquoi Maman est pas venue avec nous comme d'habitude ? "

" Elle avait quelque chose de très important à faire, elle a dit qu'elle essaierait de venir nous rejoindre tout à l'heure ! "

Ils s'approchèrent de la caisse du train fantôme où une femme obèse et trop maquillée fumait. La cabine qu'elle occupait était enfumée. Et son air aimable ne donnait pas spécialement envie à Hugo de lui donner les quelques billets qu'il sortait de son porte feuille. Quoi qu'il en soit, devant la mine impatiente de Nicky, il tendit la somme que la vieille bonne femme réclamait, et ils grimpèrent dans un wagon du train.

" Bon. "

" Oui… " soupira Mallory.

Elle prit le manteau de Sam qu'il avait laissé la veille sur le canapé. Elle l'aida à l'enfiler et il se tourna vers elle. Elle attrapa son écharpe et la passa autour de son cou. Elle l'enroula et boutonna les boutons de sa veste en daim. Elle en releva le col.

" Tu n'auras pas froid comme ça ! "

" Tu es devenue une vraie mère poule ! "

Elle prit une profonde inspiration tentant de dissimuler ses sanglots.

" Tu devrais y aller maintenant…Laurie va s'inquiéter. "

Sam attrapa Mallory par la nuque et l'embrassa passionnément. Leurs lèvres se scellèrent pour ne plus jamais se défaire. Mallory s'accrocha au cou de Sam et l'enlaça le plus fort qu'elle put.

Elle détourna le regard pour ne pas le voir partir. Elle savait qu'elle ne le supporterait pas. Sam s'arrêta sur le pas de la porte. Il espérait croiser son regard une fois de plus mais elle ne le va pas les yeux. Elle concentrait son regard sur un défaut du parquet qui avait toujours existé depuis qu'elle vivait ici. Elle avait acheté la maison avec ce petit défaut. Elle sentit le froid s'engouffrer dans le couloir de l'entrée puis entendit la porte se refermer. Il avait disparu. Elle s'écroula sur le sol et fondit en larmes.

To be Continued

Par Anna






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