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Les Années ont passées 2ème Partie Les bruits de cuillère contre la céramique du bol, ressemblaient à un cliquetis interminable dans la cuisine. Mallory glissa un paquet de feuilles qu'elle venait de corriger dans son porte documents et déposa celui ci dans l'entrée. Elle but une gorgée de la tasse de thé encore fumante qui l'attendait sur la table. Elle commença à débarrasser les pots de confiture, les miettes de pains. Elle se retourna un instant et vit une boule poil grimper sur la table, elle anticipa la scène et vit la bouteille de lait se renverser sur la nappe encore propre. " Bon sang Kit, descend de là ! " Elle attrapa le chat et le posa sur le parquet. " On va finir par être en retard ce matin ! " Elle s'empressa d'éponger le lait renversé tant qu'elle le pouvait et jeta un œil vers son fils qui mettait une nouvelle cuillère de céréales à sa bouche. " Nicky, tu veux te dépêcher un peu ? " Le réveil avait été difficile pour eux deux. Mallory n'avait qu'une envie, restée au lit, et se faire porter malade, mais elle ne voulait pas que Nicky manque une journée d'école. Elle attrapa le sac du petit garçon, y glissa son goûter, et le mit à côté de son porte document. " Termine ton chocolat, j'ai oublié quelques chose dans la salle de bain ! " lui ordonna Mallory. Les téléphones sonnaient simultanément tout au long de la journée dans le hall du cabinet. " Seaborn et Associés ? Monsieur Seaborn est en réunion pour le moment, puis je prendre un message ? " " Seaborn et Associés ? Ne quittez pas. " " Seaborn et Associés ? Je vous passe Madame Seaborn. " Et les standardistes au nombre de deux n'en finissaient pas de la journée. Sam sortit de la salle de conférence en suivant un homme au costume sobre et au visage neutre. Sam le raccompagna jusqu'à la porte de l'ascenseur et ils se serrèrent la main. " Sophie ? " Une jeune femme en tailleur noire accourut vers lui. " Vous avez commandé les bouteilles de champagne ? " " Absolument ! " répondit Sophie fièrement. " Formidable. Faites comme si de rien n'était, elle ne s'en apercevra pas. " " D'accord. Il y a Mr Ziegler dans votre bureau. " " Merci Sophie, j'y vais. Au fait, vous n'avez pas de message pour moi ? " " Votre mère a appelé. Elle voulait parler à votre femme. " " De quoi ? " " Je n'en sais rien " fit Sophie excédée. " On n'est pas marié ! " Assise au volant de sa voiture, Mallory s'assura que Nicky avait bien sa ceinture de sécurité. Elle tourna la clé pour mettre en route l'allumage mais la voiture refusait de démarrer. Elle s'y reprit de nombreuses fois, mais elle comprit qu'il lui serait inutile de lutter, il leur faudrait prendre le bus. Elle enfila ses gants et enroula son écharpe autour de son cou avant de sortir de la voiture et de récupérer Nicky à l'arrière. L'arrêt de bus n'était pas très loin de leur maison, mais Mallory s'inquiétait de le manquer à cause des petites jambes de son fils. Par chance, ils parvinrent tout de même à prendre le bus qui les mena jusqu'en ville. Ils avaient encore quelques pâtés de maison à faire, et ils arrivaient devant la petite école du quartier. Aussitôt dans la cours, Mal déroba un baiser à Nicky qui partit en galopant, et elle se dirigea vers le bâtiment principal qui abritait la salle des enseignants. Déjà tôt le matin, certains de ses collègues entamaient leur paquet de cigarette, d'autres se dopaient au café, et encore un autre groupe lavait son linge sale devant les autres, sans la moindre gêne. Pour deux ou trois autre professeurs, il y avait une table en retrait, qui servait souvent à corriger un paquet de copies en retard. Mallory ôta son manteau, ses gants et son écharpe et les déposa sur un vieux fauteuil. Elle se dirigea vers la machine à café et se fit préparer un thé. Elle savait d'avance qu'elle se plaindrait du goût infect mais elle ne put s'empêcher de glisser une pièce dans la fente. Alors qu'elle s'assit pour reprendre un livre qu'elle avait entamé la veille au soir, elle entendit la sonnerie de son portable retentir. " Mal ! T'as eu un problème avec ta voiture ? " " Oui, elle a encore calé. " " Combien de fois je t'ai dit de la faire réviser ? " " Plein de fois. " " Tu devrais songer à en acheter une autre. " " Je ne pense qu'à ça ! Qu'est-ce qui se passe ? " " Rien. " " Hugo ? " " Pourquoi on ne se ferait pas une soirée chinois ce soir ? Nicky adore manger avec des baguettes ! " Mallory sourit. " Oui, et après je retrouve du riz pendant trois semaine éparpillé partout dans la salle à manger. " " Alors venez chez moi. " Mallory ne répondit pas " Comme tu veux ! " " J'ai pas très envie de sortir, je voulais louer une cassette pour Nicky et nous faire un plateau télé. " " Quelle originalité Mademoiselle O'Brien ! " s'esclaffa Hugo. " Va pour le chinois ! Pas trop tard, je veux qu'il aille au lit de bonne heure. " " Bien commandant ! " " A ce soir. " Mallory raccrocha avec beaucoup de lassitude. Laurie était au téléphone, qu'elle tenait entre son oreille et son épaule, et elle tentait de retrouver un dossier dans une armoire. La communication prit fin, mais elle ne prit pas la peine de dépose le combiné. Elle tira une chemise cartonnée d'un tiroir et retourna vers on bureau. " Toc, toc ! " dit Sam. Laurie leva aussitôt les yeux vers lui. " Voilà mon adorable mari que je n'ai pas vu de la journée ! Comment vas tu ? " demanda-t-elle alors que Sam s'avança pour l'embrasser. " J'ai une bonne et une mauvaise nouvelle. " " La bonne ? " " Nous avons augmenter nos bénéfices par rapport à l'an dernier. " " La mauvaise ? " " Si tu ne me dis pas ce que ma mère te voulait, il y a de grandes chances pour qu'on divorce. " répondit Sam. Il avait un petit sourire qu'il lui était difficile de dissimuler. " Si tu veux tout savoir, elle m'a parlé de bébé. " " Vraiment ? " " Oui. Elle voulait savoir si elle pouvait espérer avoir un petit fils d'ici la fin de l'année. " " Que lui as tu répondu ? " demanda Sam en s'appuyant contre le bureau. " Qu'il n'y en avait pas de prévu, ni pour cette année, ni l'année prochaine, et sans doute pas celle d'après. " " Elle a du être déçue. J'aurai du lui dire moi même. " Laurie tenta de rassurer Sam, mais la joie qui illuminait son visage lorsqu'il était entré avait disparue. Il tentait de ne rien laisser paraître, mais au fond, cela l'embêtait. Que Laurie ait été si franche. Et aussi qu'il n'aurait jamais d'enfant. Qu'ils n'auraient jamais d'enfants. Une petite nuisance sonore montait dans la classe à mesure que l'on se rapprochait de la fin de la journée. Ce n'était que petits bavardages entre voisins de table, avions en papier qui volaient dès que la maîtresse avait le dos tourné, envahissant le tableau noir d'arabesques blanches et gracieuses. Elle se retourna et posa ses mains sur ses hanches pour montrer son mécontentement. Tous ses élèves se turent. " D'accord, il est bientôt l'heure de partir, nous sommes fatigués. Mais je vous demande encore un peu de concentration. Helen, peux tu me rappeler qui était président en 1978 ? " La jeune élève ne répondit rien, baissant simplement les yeux sur son cahier. " Quelqu'un d'autre ? " " Le président James Earl Carter. " Mallory fit un pause et regarda à travers sa classe les visages épuisés et la lassitude s'installer. " On va arrêter le cours d'histoire pour aujourd'hui. Rangez vos cahiers. " Les enfants s'exécutèrent immédiatement. Lorsque le bruissement des sacs s'éteignit, Mallory posa sa craie sur le rebord du tableau et s'appuya contre son bureau. " Maintenant, dites moi qui parmi vous aimerait devenir Président des Etats-Unis plus tard ? " Presque la totalité des mains se levèrent. Elle pointa vers un garçon près de la fenêtre. " Tom ? Pourquoi aimerais tu devenir président ? " " Parce que le président, il a plein de gens qui travaillent pour lui et qu'il est le chef de tout le pays. " " C'est vrai Tom. Nina, tu sais que si tu étais Présidente plus tard, tu serais la première femme à intégrer le poste le plus important des Etats Unis ? Que ferais tu de mieux que les autres ? " " Je donnerai du travail à tout le monde parce que mon papa et ma maman, ils en ont pas de travail. " répondit la fillette. " Et aussi, je construirai plus d'école pour tous les enfants qui n'y vont pas et qui ne savent pas lire et écrire. " " Excellent. " Mallory ne s'attendait pas à une telle réponse en fait. " Alors pour demain, voilà ce que vous allez faire. Vous allez tous réfléchir pourquoi vous voulez devenir Président des Etats Unis plus tard, ou pourquoi vous ne voulez pas. Et dites moi de quelle façon vous vous démarquerez des autres. Vous pouvez sortir ! " La sonnerie retentit au même instant, et les gamins se bousculèrent pour être les premiers sortis. Mallory effaça le tableau, ne laissant plus rien de sa calligraphie parfaite. Elle secoua la tête en souriant en repensant à ses petits monstres. Elle rangea ses stylos et ses livres dans son porte document qu'elle referma soigneusement. Elle récupéra sa veste qu'elle avait pendue au porte manteau du prof et se tourna vers l'embrasure de la porte où se tenait un homme, un de ses collègues de la classe voisine. " Bonsoir ! " " Comment ça va Jeff ? " lui demanda poliment Mal. " Pas mal. La journée n'était pas trop pénible ? " La réponse ne fut qu'un long " pppfff ! ! ! ! " Il rigola un instant. " Je me demandais si vous accepteriez de prendre un verre pour décompresser. " Mallory pensa aussitôt : " Mon dieu, comment draguer une collègue en faisant mine de ne pas la draguer mais en lui faisant comprendre qu'il la drague tout de même. " Elle bafouilla une série d'excuses et le pria de ne pas lui en vouloir de devoir décliner l'offre. " Je comprends, vous n'avez pas à vous justifier…je pensais que vous étiez… " Elle le coupa. " Oui, je suis seule. Je veux dire, je suis célibataire. Et ça n'a rien à voir avec vous, c'est que j'ai vraiment des projets ce soir. " " Mallory ! Vous n'avez vraiment pas à vous justifier. A demain. " Il quitta la salle de classe et elle s'élança pour le rattraper dans le couloir. " Jeff ? " Il se retourna immédiatement et parut surpris. " Vous êtes libres samedi soir ? " " Oui. " " Peut être qu'on pourrait se retrouver pour prendre un verre ? " " Avec plaisir. " " Super ! " Hugo déposa les plats chinois qu'il avait acheté au restaurant qui faisait le coin de sa rue. Mallory était blottie dans le canapé avec un gros pull de laine, Nicky regardait sa vidéo assis près de la cheminée, avec son assiette de riz cantonais devant lui. Hugo s'assit sur le bord de la table en dépit des réticences de Mallory. " T'as vu Maman, l'aristochat il est tombé dans l'eau ! " s'écria Nicky horrifié. " Calme toi un peu Nicky, tu me parais bien excité ce soir. " " Eh mec ! C'était bien l'école ? " Mais Nicky ne répondit pas, il était plongé dans son Walt Disney. " Ca va faire au moins dix fois qu'il voit ce film. " " Je sais ! " sourit Mallory en jetant un coup d'œil à sa petite tête brune. " Tu pourrais le garder samedi soir, j'ai un rendez vous avec un prof. " " Vraiment ? " " Si tu ne quittes ce sourire stupide dans la seconde je te mets à le porte ! " " Je suis juste très surpris. " " C'est un collègue, on va prendre un verre ! " " hum, hum ! " " Eh Nicky, tu n'oublies pas de manger ton riz sinon je coupe la cassette. Et toi arrêtes de pouffer de rire ! " Le téléphone retentit et Hugo se précipita dessus, tentant de garder son sérieux. Il le tendit quelques secondes plus tard à Mal qui lui lança un regard interrogateur. Il tortillait nerveusement le fil du téléphone. Il se balançait également de droite à gauche avec son fauteuil. Une lampe de bureau éclairait l'immense pièce. Le reste des bureaux était déjà éteints, tout le monde était parti. La journée était finie depuis longtemps. Même son épouse était rentrée. Elle était sans doute déjà couchée. " Mallory ? " " Sam ? " Le son de sa voix paraissait confus. " Bonsoir. Désolé de te déranger. Il est tard. " " Non, ça va, nous étions en train de…on était dans le salon…enfin…Que puis je faire pour toi ? " " Rien, j'appelais… " Il ne savait pas lui même pour quelle raison il appelait. " Pour prendre de tes nouvelles. " " Attends, je vais dans la cuisine. " Sam regardait la photo de Laurie qui ornait son bureau. " Oui, j'étais au bureau… " " Il est tard…je vois que tu n'as pas vraiment changé. " Il n'avait pas vraiment changé en effet. " Un dossier qui traînait. " " Je vois. Et toi, ça va ? Tu m'as l'air…bizarre. " " Je vais bien " répondit-il. " Je dois dire que je ne sais pas trop pourquoi je t'appelle ; J'ai composé ton téléphone machinalement. " Il n'entendit plus que son souffle. " Je suis désolée de… " " Sam ? " " Oui ? " " Merci d'avoir appelé. " " Bonsoir. " Il raccrocha aussi machinalement qu'il avait composé son numéro. Il bascula dans son fauteuil et s'y adossa, ferma les yeux, et se mit à ne plus rien penser. " Qu'est-ce qu'il voulait ? " Mallory plongea les verres dans l'évier et fit couler de l'eau pour les laver. " Rien de spécial. Juste prendre de mes nouvelles. " " Il faut que je te parle. " " Tu as rencontré quelqu'un ? " " Mal, c'est sérieux, laisse ta vaisselle et regarde moi ! " " Je me doute que ce n'est pas une femme ! " " Mal…c'est pas ça. Je suis un homme, je suis ton meilleur ami, et je suis gay. " " Ca aussi je le savais. " " Et tu dois arrêter de te faire du mal à toi même. " Mallory tira ses cheveux en arrière et détourna le regard d'Hugo. " Je plaisante pas Mal. Tu gardes ça depuis trop longtemps maintenant. Dis lui. " " J'en suis incapable. " " Non ! " il secoua la tête et attrapa Mallory par les épaules et la regarda droit dans les yeux. " Tu es la femme la plus forte que je connaisse, et c'est pas ça qui va t'arrêter. Tu peux le faire, et tu iras mieux après. " " C'est trop tard. C'est six ans trop tard ! " " Il n'est jamais trop tard pour bien faire. " " Là si ! Il ne me le pardonnerait pas, et je ne veux pas leur faire de mal. A Laurie non plus. " Hugo la prit par la main et l'entraîna dans le salon. " Où on va ? " " Regarde ! " lui cria-t-il en désignant Nicky qui s'était endormi sur le canapé. " Tu auras le courage de le faire souffrir plus tard ? Tu supporteras les reproches ? " " C'est pour son bien que je fais ça ! " " Arrêtes de te mentir ! C'est pour toi ! Il est petit, il s'en remettra ! Si tu ne lui dis pas, tu passe à côté de la chance de ta vie ! " " Tu dis n'importe quoi, tu ne sais pas de quoi tu parles ! " " Tu es une femme, et tu es hétéro. Nous n'avons pas la même perception des choses. Tu n'as pas vu son visage. Tu n'as pas vu l'expression qu'il avait ! " Mallory se mit à trembler et son visage ruissela de larmes. " Hugo… " sa voix se fendit. " Arrêtes ! " le supplia-t-elle dans un murmure. Il rentra sur la pointe des pieds pour ne pas la réveiller. L'heure devait avoisiner les une heure, voir deux. Il ne savait pas exactement. Il n'alluma aucune lumière. Il jeta son manteau sur le canapé du salon et grimpa les escaliers. Il ôta sa veste et la laissa en haut des marches. Il se dévêtit complètement dans la pénombre de leur chambre et il se glissa sous les draps. Sa place était froide, le corps de Laurie presque brûlant. Elle sentit aussitôt sa présence et se retourna pour poser sa tête contre le torse de Sam et se blottir contre lui. Sam ferma les yeux et avala difficilement sa salive. Il tenta de s'endormir mais une image l'obsédait. Quelque chose l'empêchait de trouver le sommeil. Il se sentait mal à l'aise. Comme si les pensées qu'il avait le rendait coupable de quelque chose. Laurie remuait pour trouver une place confortable. " Où tu étais ? " demanda-t-elle d'une voix endormie. " Au bureau. Rendors toi, il est tard. " Laurie n'avait sans doute même pas attendu sa réponse pour se rendormir. Sam aurait dans d'autres circonstances passé ses bras atour du corps de Laurie. Il n'en fit rien. " Tu n'oublieras pas ton goûter dans ton sac, poussin. Je t'ai mis ton maillot de bain pour la piscine, ton short de foot, ton pyjama, ta brosse à dent et Cotton Tale. Tu es sage, tu écoutes ton prof de sport, et tu ne fais pas tourner Hugo en bourrique. Ce soir, tu ne manges pas de bonbons, ma de coca et tu te brosses les dents avant d'aller au lit. Extinction des feux à neuf heures au plus tard ! Et je dirai la même chose à Hugo, alors pas d'entourloupes ! " Nicky hocha la tête. Une seule sonnerie de téléphone et il se rua dessus. " Allo ? Oui. Oui. Maman va m'acheter un nouveau ballon pour aller au match. Oui. D'accord. " Mallory tendait une oreille intriguée. " Maman, c'est pour toi ! " " Allo ? Papa ? Je suis heureuse de t'avoir de tes nouvelles ! Comment ça se passe à Chicago ? Et maman ? Embrasse la très fort pour moi. Moi aussi Papa, je vous aime très fort. " Mallory reposa le téléphone et lança un regard complice à son fils. " Papy t'as encore promis une surprise ? " " Oui mais il a dit qu'il fallait pas que je te le dise. " " Va ouvrir, ça doit être Hugo. " Il s'empressa d'aller ouvrir la porte et sauta dans les bras de son " oncle ". " Salut mec ! Ca roule ? " " Je m'étonne ensuite d'entendre les enfants parler comme ça ! " " Arrête de jouer les rabats joie maman ! " la charria Hugo. " Allez, filez tous les deux ! Au revoir mon cœur, à demain, et sois sage ! salut toi ! " Elle embrassa son fils et son ami l'un après l'autre. " A demain ! " dit elle en les observant disparaître dans la rue. Elle prévoyait de passer une journée à se bichonner, bain moussant, soin du visage, manucure. Non pas qu'elle voulait se faire belle et séduisante pour son rendez vous de la soirée. Mais au fond, elle se disait qu'elle ne faisait même plus attention aux petits détails. Elle avait envie de se faire plaisir et de prendre soin d'elle puisque personne ne le faisait pour elle. " Comment allait Mallory ? " demanda Jenny. " Ca avait l'air d'aller. " " Elle a beaucoup de chance d'avoir un ami comme Hugo. " " Tu t'inquiètes sans doute pour rien " lui reprocha Leo. Jenny plia une autre robe et la glissa dans sa valise. " Et toi, tu ne t'inquiètes jamais pour rien. Quoi qu'il en soit, j'ai besoin de voir ma petite fille. Et mon petit fils aussi. " " Ils t'embrassent tous les deux. " " Je m'inquiète beaucoup Leo. " Le visage de Jenny était à présent très grave. " Et ça fait six ans que je m'inquiète. " Leo ressentait la même chose. " Elle s'est très bien débrouillée jusque là. On ne devrait pas nous en mêler. " " Elle a peut être besoin de nous… " Le dimanche matin, journée calme et ensoleillée, Sam s'installa dans le salon ouvert sur un parc de Washington. Il regarda passer des gens se tenir par la main, parfois précédés d'enfants qui gambadaient. Les croissants qu'il avait achetés parfumaient la cuisine, l'odeur du café emplissait la maison. Laurie entra dans le salon en peignoir de bain, une serviette nouée sur la tête. " Déjà debout ? " " Oui, je suis allé faire un tour. " " Qu'est-ce qu'il y a Sam ? " " Rien du tout. Pourquoi ? " " Tu as l'air si étrange en ce moment. " Laurie mordit dans un croissant et regarda à son tour par la fenêtre. " Tu vois, il y a tellement d'enfants dans les rues, ça nes ert à rien d'en ajouter un oui deux de plus. Il y a déjà des gens qui s'en chargent. " Sam acquiesça. Pourtant il trouvait cette mentalité de plus en plus choquante. Ne pas avoir d'enfant ne signifiait pas dénigrer ceux qui en avaient. Et Laurie ne perdait jamais une occasion de montrer son horreur des enfants. D'un sens, il était rassuré qu'elle n'en veuille pas. Elle ne ferait jamais une bonne mère. Elle n'avait ni la fibre maternelle, ni l'art avec les enfants. Peut être qu'ils se sressembalient sur ce point. Mais il aurait tout de même aimé gouter à la paternité. " Après on est allé au stade avec Hugo. L'entraîneur il voulait que Hugo reste dans les gradins, pour qu'il se fasse pas mal. Mais il est resté sur le terrain et il a pris un ballon en pleine figure ! " Il était tellement maladroit. " Ca ne m'étonne guère de lui ! " " Et il s'est vraiment fait mal maman, l'entraîneur lui a dit qu'il fallait qu'il aille l'infrerie ! " " L'infirmerie trésor ! " " C'est quoi ? " " Lorsque quelqu'un est blessé, il y a des médecins et des infirmières pour le soigner. C'est fou comme il me rappelle Sam ! " " C'est qui Maman Sam ? " " Quoi ? " Mallory n'avait pas réalisé qu'elle avait prononcé son nom. Elle fut d'autant plus surprise que Nicky le relève. " C'est un ami de maman mon cœur. " Mallory se rendit dans le salon et alluma la télé pour regarder le journal. " Maman ! " s'écria Nicky depuis la cuisine. " J'en veux plus de la purée ! " " Encore deux cuillères ! " La sonnette de l'entrée retentit, Nicky avait quitté sa chaise, abandonnant par là même sa purée, et il se précipita à la porte. " Eh ! Salut l'artiste ! " " Papy ! " " Papa ? " Mallory fut aussi étonnée que Nicky de voir Leo sur le pas de la porte. " Mais, qu'est-ce que tu fais là, où est maman ? " " Elle se faisait une retouche maquillage ! On embrasse plus son vieux père ? " Mallory et Leo s'embrassèrent et elle se sentit comme une petite fille dans les bras de son papa. " Fais moi comme tu as grandi bolide ! " Jenny apparut derrière son mari, le sourire au lèvre, et toujours cet air si élégant. " Ma chérie ! " " Maman ! pourquoi vous ne m'avez pas prévenue, entrez ! " Elle serra sa mère près d'elle. " Je suis tellement heureuse de vous voir ! " " Et notre petit Nicky ? " Elle admira son petit fils qui devait lui sembler bien plus grand que la dernière fois qu'ils l'avaient vu. " Allez, entrez, je vais nous préparer du café ! Ne regardez pas la maison, je vous en supplie ! Nicky, tu veins m'aider à ranger tes jouets ? " Leo avait emmené Nicky faire un tour en ville. Mallory savait qu'il s'en tirerait avec un tour de manège, une glace, un coca et sans doute un paquet de friandises. Elle versa une nouvelle tasse de café à sa mère et mit une casserole d'eau à bouillir. " Maman, pourquoi ne m'avoir aps dit que vous veniez ? " " A vrai dire, on ne s'est décidé qu'au dernier moment et nous voulions vous faire une surprise. " " Ca me fait plaisir de vous voir. " " Comment vas tu Mal ? " demanda Jenny sur un ton concerné. " Je vais très bien ! " sourit-elle. " Je veux dire…tout va bien ? " " Oui, enfin, tu sais…l'école n'est pas super, mais je préfère finir l'année scolaire. Et puis Nicky devrait également finir son année ici. " " Tu t'en sors avec lui ? " " Maman, je m'en suis toujours sortie, pourquoi tu me demandes ça ? " " Non, je ne sais pas… " " C'est un petit garçon adorable. Il est vraiment génial. Et je ne suis pas la première femme à élever un enfant seule. " " Non, je sais bien. Tu ne crois pas que Nicky devrait savoir qu'il a un père ? " " Maman, je n "ai pas envie de parler de ça avec toi, et si c'est pour cela que vous êtes là, vous devriez repartir. " " Je ne veux pas me battre avec toi, mais je suis si inquiète… " Mallory ramenait les assiettes et couverts de la salle à manger et les glissa dans l'eau savonneuse pour les laver. Leo ramenait les verres. " Laisse papa, je vais le faire. " " Tu es sévère avec Nicky… " " Tu ne vas pas t'y mettre toi aussi ? " " Me mettre à quoi Mal ? " " Où est maman ? " " Elle est là haut avec Nicky. Elle le couche. Tu n'as presque pas parlé de la soirée, qu'est-ce qui se passe ? " " Je sais que vous êtes venus là pour me parler du père de Nicky. " Leo roula des yeux. Mallory reconnut l'air qu'il prenait lorsqu'il travaillait à la Maison Blanche et quelque chose n'allait pas comme il le voulait. " Ce n'est pas pour ça qu'on est là. On s'inquiétait. On a eu un coup de fil de Hugo. " Mallory entrouvrit sa bouche dans un moment d'étonnement et de fureur. Elle avait envie de briser la poêle qu'elle nettoyait contre le crâne de son meilleur ami. " Et si ta mère t'as parlé du père de Nicky, c'est qu'elle pense certainement que c'est la cause de ton tracas. " Mallory ne répondait pas. Elle replongea ses mains au milieu de la mousse que produisait le liquide vaisselle. " Tu sais que je l'aime beaucoup. Et je ne t'ai jamais rien dit. Je suis convaincu qu'au fond de toi, tu trouveras les réponses que tu cherches, mais ce n'est pas à ta mère, pas à moi, ni à personne d'autre, sauf peut être Nicky, de te dire quoi faire. " " Merci mon p'tit papa ! " " Viens là mon chaton ! " Leo passa une main dans les cheveux de sa fille et embrassa délicatement son front. Elle laissa à Leo et Jenny sa chambre, elle préférait dormir sur le canapé. Elle récupéra ce qu'elle devait récupérer, y compris son réveil pour ne pas arriver en retard une fois de plus, et passa par la chambre de Nicky pour l'embrasser, et s'assurer qu'il dormait bien. To Be Continued Par |