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Laissons faire le temps Assis derrière son bureau, et extrêmement concentré sur un dossier, Sam semblait pourtant ailleurs, perdu dans ses pensées. " Sam ? " " Cathy ? " répondit-il sans même lever les yeux vers son assistante. " Votre téléphone sonne ! " Sam n'avait pas réalisé jusque là que son téléphone sonnait. Il était vraiment ailleurs. Et sans lever les yeux de son dossier il décrocha. " Sam Seaborn. " " Ton dossier te préoccupe tant que ça ? " demanda une femme à l'autre bout de la ligne. " Je n'avais pas entendu le téléphone sonné. Excuse moi. " répondit-il sincèrement. " Quel jour est-on Sam ? " " Mardi. " " Sam ! " " Mardi 7. " continua-t-il sur le même ton monocorde. " Sam ! " insista la voix féminine. " Je sais quel jour on est Mallory ! " dit Sam en revenant à lui même. " Vraiment ? " " Pourquoi es tu convaincue que j'oublie tout ce que tu me demandes de faire ! " Mallory ne répondit pas. Quelques secondes s'écoulèrent. " Et ? " finit-elle par demander. " Et je vais aller à ce rendez vous avec le sénateur, comme il avait été prévu ce mardi 7 ! " " Sam ! " fit Mallory excédée. " Je plaisante ! " dit Sam en souriant. " Je sais, j'irai cherché Evie à la crèche à 17 heures. " Avant qu'elle n'est eu le temps de le reprendre, il s'écria : " Tapantes ! Dix-sept heures tapantes ! " " C'est que je ne peux pas faire autrement parce que si… " Sam l'interrompit une fois encore. " Eh ! ! C'est ma fille aussi…il n'y a pas de raison que ça me pose un problème d'aller la chercher. " Mallory soupira. " Sam…je sais que ça ne te dérange pas…mais, je ne suis pas rassurée de la savoir à la Maison Blanche avec toi et ton boulot par dessus la tête ! " " Tu ne vas pas t'inquiéter pour ça…Cathy, Donna, ou encore Margaret pourront s'en occuper si par malchance, je devais m'absenter dans un bureau quelconque, mais ce ne sera pas le cas, et je l'emmènerai partout avec moi. Et il y a ton père. " " C'est peut-être ce qui m'inquiète le plus. " " Et je peux même te promettre qu'on rentrera tous les trois ce soir, dès que tu rentres de ta réunion, je suis à la maison. Comme ça on va pouvoir passer la soirée ensemble. Pas question de bosser ce soir, ça te va ? " Il l'imagina hocher la tête. " D'accord, je ne m'inquiète pas…Je te laisse travailler…Sam ? " " Mallory ? " " Tu m'aimes ? " " Non " répondit-il avec un sourire malicieux. " J'aurai quelque chose à te dire ce soir, quand tu rentreras à la maison. " " Mallory ? " " Sam ? " " Tu m'aimes ? " " Non. " murmura-t-elle dans un souffle. Sam attendit de l'entendre raccrocher pour reposer le téléphone. *@*@* Josh et CJ partageaient leur déjeuner dans le bureau de celle ci, profitant l'un et l'autre de chaque instant pour s'envoyer des vannes. " Sois franche ! Dany Concannon et toi…C'est du sérieux, ou du sérieux moyen ? " " Je ne saisis pas la différence. " " Du sérieux…c'est du sérieux, à tous points de vue. Du sérieux moyen, c'est du sérieux du point de vue… " Sam coupa Josh en plein élan alors qu'il frappa à la porte du bureau de CJ. " Je dérange ? " demanda-t-il. " On parlait du sérieux moyen. " " Quoi, avec Dany c'est du sérieux moyen ? " demanda-t-il étonné. " Je ne sais toujours pas ce qu'est le sérieux moyen. " dit-elle pour toute réponse. Sam reprit l'explication de Josh. " Le sérieux moyen, c'est quand tu as… " Toby fit à son tour une apparition. " CJ, tu peux… " " Sais tu ce que c'est que le sérieux moyen ? " " Oui. " " C'est quoi ? " " Ce n'est pas le moment. " " Toby, je ne veux pas mourir idiote ! " " C'est une relation purement basée sur le sexe, et c'est ainsi que mon adjoint, et l'adjoint du secrétaire général de la Maison Blanche l'ont rebaptisé : le sérieux moyen. Ingénieux, n'est-ce pas messieurs ? " Sam et Josh échangèrent un sourire. " Sam, tu voulais quelque chose ? " demanda finalement CJ qui regrettait sa curiosité. " Juste te déposer le rapport sur la fabrication de chaussures en poils de queue de vaches. " " C'est une blague ? Que veux tu que j'en fasse ? " " Ceci nous amène à une faveur que je dois te demander…Peux tu s'il te plaît t'occuper de ce rapport et de briefer le président là dessus, j'ai promis à Mallory de rentrer tôt ce soir, et à 17 heures je dois aller chercher Evie, et… " " Si ce n'était pas pour Evie, tu pourrais te mettre ce rapport où je pense, tu m'as comprise Sam ! Ca se paiera ! " *@*@* Il avait à peine franchis le pas du palier communication qu'il entendit toutes sortes de commentaires, effusion et cris d'admiration. Cathy, Donna, Bonnie, Ginger et Margaret regardèrent en même temps vers Sam qui tenait la petite Evie dans son couffin. " Qu'elle est jolie ! " s'écrièrent-elles en chœur. Evie, petite fille de quatre mois, souriait déjà. Ses yeux étaient incontestablement les yeux de Sam, et sa frimousse ne laissait aucun doute sur l'identité de sa mère. Elle ouvrait de grands yeux émerveillés devant cette assemblée de secrétaires fédérales plus gâteuses les unes que les autres. " Ma chérie, tu pourras faire comprendre à ta maman quelle vie épouvantable je mène à mon bureau avec toutes ces folles furieuses ! " dit-il à l'encontre des assistantes réunies autour du couffin. " Oh Sam ! " soupira Bonnie. " Quel âge ça lui fait ? " demanda Ginger. " Quatre mois et quatre jours, soyez gentilles, maintenant retournez travailler ou c'est sur moi que ça va retomber. " " Sam ? " Sam redressa le dos au son de la voix de Toby, menaçante, comme toujours. " Oh, mais Evie nous a rejoint ? " dit-il en extase devant la " princesse ". " Ca suffit, Evie et moi avons plein de choses à nous dire, alors nous allons allez dans mon bureau ! " Sam prit congés de Toby et emmena sa fille dans son bureau en refermant la porte derrière eux. *@*@* Le père et la fille avaient pris place dans le fauteuil du bureau de Sam et semblaient prendre du plaisir à jouer au hochet. D'ailleurs, Sam semblait bien plus s'amuser que sa fille, qui elle était plus intéressée par ses lunettes. " Cathy ? " Son assistante fut aussitôt sur le pas de la porte. " Euh…vous pourriez appeler CJ, et lui dire que je reprendrai le rapport sur les chaussures en queue de vaches demain, et dites lui que…je brieferai le président. Oh, et dites lui aussi que…je la remercie. " " Vous êtes sûr que je dois lui dire tout ça ? " " Réflexion faite, ne la remerciez pas, c'est sa filleule, elle peut bien faire ça pour elle. " " Pour vous " corrigea Cathy. " Dehors " ordonna Sam. Sam reprit ses activités avec Evie après avoir regardé sa montre qui affichait sept heures moins dix. Mallory s'arrêta au même moment sur le pas de la porte et regarda sans faire de bruit sa famille. Elle n'aurait jamais rêver avoir un mari tel que Sam, et elle n'aurait jamais imaginé qu'il pourrait être un merveilleux père. " Bonsoir mes amours ! " dit-elle en s'avançant vers eux. Elle s'agenouilla près du fauteuil et embrassa farouchement Sam avant de prendre sa fille dans ses bras. " Tu as manqué à maman mon ange… " dit elle en couvrant son bébé de baisers. Sam observa ainsi les deux femmes de sa vie. Rien ne lui procurait plus de plaisir que de voir Mallory et Evie ensemble, et de les voir sourire. *@*@* Mallory descendit les escaliers qui menaient à la chambre d'Evie au moment où Sam terminait de ranger le lave vaisselle. Elle s'approcha de lui sans bruit et passa ses bras autour de sa taille alors qu'il lui tournait encore le dos. Elle se hissa sur ses pieds pour l'embrasser dans le cou pendant qu'il recouvrait ses bras des siens. Il se retourna et rencontra ses lèvres. " Alors ? De quoi voulais tu me parler ? " Mallory le regarda profondément. Et comme toujours, son regard la fit frissonner de désir. Elle prit une profonde inspiration, prit la main de Sam, et l'entraîna jusqu'à la table de la cuisine et lui tendit une chaise. Ils s'assirent l'un près de l'autre. Et Mallory se décida enfin. " Et bien, il se pourrait…enfin…qu'est-ce que tu penserais si…nous avions un autre bébé ? " Sam la regarda avec son regard troublant, et lui sourit pour lui montrer son incompréhension. " Je sais qu'on n'en a pas parlé, et que Evie est encore petite, et qu'elle fait tout juste ses nuits…mais, j'ai envie de recommencer. A moins que tu ne veuilles pas, je comprendrai, tu es crevée le soir, alors, on va pas repartir dans les réveils en pleine nuit alors qu'on vient juste d'en finir… " " Shhttt… " souffla-t-il. " J'ai dit quelque chose qui aurait pu te faire penser que je ne voudrais pas d'un autre enfant de toi ? " " Absolument rien. " " J'aurai dix enfants avec toi si c'est ce que tu désires…ça ne me fait rien de me lever en pleine nuit pour voir que notre enfant va bien et qu'il est en pleine santé. Est-ce que tu es enceinte ? " Mallory hocha timidement la tête. Sam sourit et se précipita vers elle pour la soulever dans ses bras. Il l'embrassa passionnément jusqu'à plus de souffle et la reposa délicatement. " Je suis fou de joie d'avoir un autre enfant avec toi. " " D'autant que tu es le meilleur des pères que je connaisse… " *@*@* L'atmosphère était étrange dans les couloirs de la Maison Blanche, une incroyable nostalgie flottait dans l'air. Ils ne leur restait que deux semaines avant de céder leur place à un nouveau Président. Pendant huit années, ils avaient tous été honoré de travailler avec et homme. Mais toute bonne chose ayant une fin, leurs chemins se séparaient pour peut-être se retrouver un peu plus loin. Quoiqu'il en soit, la nostalgie prenait place dans les cœurs. Qu'adviendraient les ronchonnements perpétuels de Josh, et l'attitude maternelle et bonne poire – disons le !- de Donna, les éternels silence de Toby, et les petits bruits qu'il émettait quand il lisait par dessus son épaule, le soucis continuel de CJ de faire bonne impression, aux yeux des journalistes comme aux yeux du staff, de ses collègues et amis, les réunions dans le Bureau Ovale, quoi qu'on en dise, ça donne des frissons de se retrouver dans un tel endroit, à parler avec l'homme le plus puissant des Etats-Unis, le bonjour amical de Mrs Landingam, les éternels prises de bec avec Leo, tant pour le boulot que pour ce qu'il vivait avec sa fille, et ses beignets qui disparaissaient toujours de son bureau le matin quand Cathy passait par là, et surtout…ce lieu avait quelque chose de symbolique. Sans ce lieu, s'il n'avait pas été au service du président, jamais il n'aurait rencontré la femme de sa vie, celle qui lui avait donné deux beaux enfants…Et dieu sait que leur rencontre avait été un fiasco…Un cadre de la Maison Blanche qui ne connaît pas la Maison Blanche, ne trouvez vous pas cela ironique ? Tous ces souvenirs lui revenaient en mémoire, comme ils revenaient à la mémoire de tous ceux qui avaient donné le meilleur d'eux même pendant huit ans. " Sam, votre petite famille est dans votre bureau ! " " Merci Cathy, il reste des beignets ? " " Désolée, on a fini la boite avec Bonnie ! " Matthew et Evie s'empressèrent d'embrasser leur père et Sam lança un regard de velours à leur mère. Qu'est ce qui les amenaient de si bonne heure ici ? " Les enfant avaient quelque chose à t'annoncer…Evie, Matthew ? " Evie passa les bras autour du cou de son père, espérant qu'il lui ferait toucher le plafond de son bureau. " Matt et moi ont voudrait bien avoir un petit frère ou une petite sœur ! " dit Evie d'une voix aussi belle que celle de Mallory aux oreilles de Sam. " Vraiment ? Et vous en avez parlé à votre maman ? " " Oui, mais elle a dit qu'il faudrait aussi te demander à toi, papa ! " reprit Matthew. " Elle a dit ça ? " dit il méfiant. Mallory lui jeta un regard de braise tout en gardant ses mains dans ses poches. " Oui, je ne peux pas prendre cette décision toute seule ! " " Pourquoi j'ai l'impression que mon avis ne changera pas beaucoup la situation ? " Mallory entoura Sam de ses bras et se serra contre lui. Elle approcha sa tête de son oreille. " Prêt à être papa une troisième fois ? " *@*@* La jeune femme rousse pianotait sur son portable quand le téléphone sonna. " Paula Seaborn ! " " Salut sœurette ! " s'exclama une voix masculine à l'autre bout du fil. " Quoi ? " " Décidément, tu es toujours autant démonstrative de tes sentiments ma chère sœur ! " " Qu'est-ce que tu veux Matt ? " " C'est l'anniversaire de papa dans une semaine, qu'est-ce qu'on lui offre ? " " T'as qu'à voir ça avec Evie, je suis occupée là ! " " Elle était occupée aussi, elle m'a dit de t'appeler ! " Paula poussa un long soupire. " Matt ! Je suis directrice de la communication et le président attend mon communiqué sur la légalisation des armes à feux dans moins d'un quart d'heure ! " " Je crois que c'est inutile de te rappeler que notre sœur est attachée de presse, qu'elle a une conférence dans dix minutes, et que je suis moi même en plein boulot, je suis en plein vole pour Los Angeles… " " Ca va, ça va…je crois qu'il a dit qu'il voudrait emmener maman au soleil, on n'a qu'à leur offrir un billet pour la Sicile. Ils adorent cette île. " " J'vois ça avec Evie et je te tiens au courant. " " Oui. " " Et ton adjoint ? " " Quoi mon adjoint ? " " Ca se passe bien avec lui ? " " J'ai pas à m'en plaindre, il est jeune et maladroit, mais il a de bonnes idées. " " Décidément, tu ressembles vraiment trop à ton parrain. " " Je te retourne le compliment Josh Junior ! Tu vas voir papa et maman ce soir ?" " Oui, ils m'attendent pour dîner, je rentre à Washington dans la nuit. " " Dis leur que je les aime… " *@*@* " Sam ! Sam ! Sam ! " Sam releva la tête en sursaut, émergeant rapidement de son sommeil. " Quoi, qu'est-ce qui se passe ? " " Votre téléphone sonne ! " dit Cathy en pointant l'appareil. " Cathy, quel jour est-on ? " " Le 7. " " Quelle année ? " " Curieuse question… " " Quelle année ? " insista-t-il. " 2000. " soupira Cathy. " Votre téléphone sonne toujours. " Elle referma la porte en secouant la tête. " Sam Seaborn ! " " Hé Sam ! Qu'est-ce qui t'arrive, on dirait que le ciel t'est tombé sur la tête…ton dossier te préoccupe tant que ça ? " demanda une femme à l'autre bout du fil. " Quoi ? " L'angoisse de Sam augmenta. " Quel jour est on Sam ? " " On est le 7, tu le sais, je le sais, je n'ai rien de prévu, alors pourquoi tu me demandes ça ? " " Hé Sam ! Il faudrait que tu penses à arrêter la caféine ! C'est mon anniversaire aujourd'hui. " Sam se sentit soudain soulagé. Il avait oublié son anniversaire, et elle allait lui en vouloir pendant des mois, mais ils n'étaient pas mariés et n'avaient pas d'enfants. Pas encore. " Je sais…que c'est ton anniversaire le 7…mais j'étais dans mon dossier et… " " Ca va Sam, te fatigues pas, je connais la chanson… " " Mallory ? " " Oui. " " Qu'est-ce que tu penses du prénom Evie ? " Mallory ne répondit pas, interloquée par la question pour le moins bizarre. " C'est le deuxième prénom de maman. " Sam resta figé sur son siège, muet. Se pourrait il que tout ce qu'il avait vu dans ce maudit rêve était un avant goût de ce qui l'attendait avec Mallory. Si tout lui avait semblé jusqu'alors le plus horrible des cauchemars, la possibilité qu'il puisse se réaliser lui apparaissait finalement comme un rêve enchanté. Vivre avec cette femme et lui donner des enfants n'était peut être pas ce qu'il voulait cinq minutes plus tôt, mais la perspective de pouvoir fonder sa famille avec elle l'avait soudain séduit. " Mallory ? " " Sam ? " " Et si on partait une semaine en Sicile ? " The End Par |