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Auteur : La hantise avait pris la place de l'excitation dans la tête de Sam. C.J. lui avait annoncé qu'ils se rendraient avec le Président au Kennedy Center, assister à une Symphonie, ou quelque chose comme ça, et l'idée l'avait dans un premier temps enchanté. Mais C.J. avait oublier de préciser que Mallory serait présente. Et ce détail changeait tout. Il ne voulait pas se retrouver face à elle. C.J. se moquait à présent de lui car son excitation s'était totalement évanouie. Sam ne voulait pas se retrouver face à Mallory parce qu'il ne l'avait pas appelé. Entre eux deux, rien n'avait jamais été simple, mais ils auraient pu espérer trouver un terrain d'entente, s'il n'y avait pas eu Laurie. Enfin, pas Laurie en elle-même, mais l'histoire de la photo. Lorsque la jeune femme avait obtenu son diplôme, Sam était allé la féliciter et lui offrir un cadeau. Mais ce soir là, un flash éclata dans la rue, et entraîna ce que l'on sait déjà. Le problème n'était pas cette photo en réalité, car Sam n'avait absolument rien à se reprocher, il n'avait rien fait de mal, et il n'avait pas non plus tromper qui que ce soit. Mais il avait commis l'erreur de ne pas appeler Mallory, de ne pas lui donner d'explications, et de ne pas s'excuser. Autrement dit, depuis leur rendez-vous manqué, il ne lui avait pas réellement donné de nouvelles. Et il était évident qu'il n'y couperait pas cette fois, et qu'elle allait être – à raison – horrible avec lui. C.J. avait revêtu une splendide robe Armani dans les tons bleus, et Sam portait un smoking très élégant, qui lui allait comme un gant. Ils se rendirent ainsi au Kennedy Center, et après quelques instants, Sam préféra se retirer dans un endroit plus tranquille, où il pensait ne pas être vu de Mallory. Le Président s'aperçut de son absence, et demanda aussitôt à C.J. où était le jeune auteur. C.J. lui répondit naturellement. " Il est descendu. " " Pourquoi cela ? " " Il se cache de Mallory. " " Pourquoi se cache-t-il de Mallory ? " " Vous tenez vraiment à le savoir Monsieur ? " demanda C.J. poliment. " Pas le moins du monde. " " C'est ce qui me semblait. " Mallory était en effet présente, assise, auprès de son petit ami. Leur conversation n'était que superficielle. Richard n'était pas passionné de Symphonie, et Mallory avait l'esprit ailleurs. Elle laissait aller ses yeux d'un bout à l'autre de la salle, et son regard se posa soudain. Elle se surprit à sourire sans raison, et remarqua que cela n'avait pas échappé à son petit ami. Elle prit son sac, et commença à se lever. " Où vas-tu ? " demanda-t-il. " Je reviens, je voudrais saluer quelqu'un. Je n'en aurai pas pour longtemps, attends moi ici. " Cela ressemblait plus à un ordre qu'une suggestion. Sam était en effet penché à un balcon, une flûte de champagne à la main. Autour de lui, ils entendait des gens parler, rire, passer. Il en salua d'ailleurs plusieurs. C'était incroyable le nombre de personnes qu'ils connaissaient. Le monde était-il si petit ? Il laissa aller son regard au loin, sans vraiment regarder quoi que ce soit. Une voix féminine le tira de sa rêverie, il se retourna, et vit Mallory, souriante, habillée d'une somptueuse robe. Elle était ravissante, comme à son habitude. " Bonsoir ! " dit-elle. " Comment vas tu ? " " Très bien. " " Bien. " " Et toi ? " " Bien. " " Excellent. " Sam tenta de se justifier sur le fait qu'il ne l'avait pas appelé, et qu'il n'était coupable de rien, qu'il n'avait donc pas à appeler...il se perdit ainsi dans un monologue qui n'avait rien de convaincant. " Je ne vois pas pourquoi j'aurai appeler, je n'avais absolument rien à me reprocher, et je n'avais pas à me défendre non plus ! " Pourtant son ton se voulait très défensif, tout comme son plaidoyer. " Je te rappelle quand même que tu as été pris en photo avec une...Call Girl de luxe ! " " Comme si il n'y avait jamais de photo de toi avec des Call Girls ! " se défendit lamentablement Sam. " Je dois dire que je n'ai jamais été prise en photo avec une Call Girl, non. " Elle soupira, et tenta de reprendre une conversation ayant un semblant de sérieux. " Alors, qui est ton petit ami ? " " Je te demande pardon ? " " Oui, son nom. Enfin, qui est-ce ? " " Sam, je ne pense pas... " Mais son regard se voulait insistant, aussi céda-t-elle. " Richard Andrewchuck ! " avoua-t-elle. " C'est aussi le nom d'un joueur de Hockey. " Mallory roula des yeux avant de fixer Sam. " Et bien...à moins qu'il y en est deux... " " Quoi, tu sors avec Andrewchuck, le joueur de Hockey ? " s'écria Sam, surpris. " Et il s'avère que nous nous entendons très bien au niveau sexuel ! " " Oui, il vaudrait mieux. " " Qu'est-ce que je dois comprendre ? " interrogea Mallory. " Rien de particulier, je me demandais seulement quels pouvaient être vos sujets de conversation. " Le petit air de Sam ne plaisait guère à Mallory. C'était une manière de lui dire innocemment quelque chose qui ne l'était pas. " Richard est quelqu'un de cultivé et brillant. " " Là encore il vaut mieux, c'est un très mauvais joueur ! " Mallory prit son air exaspéré. Richard n'avait pas pu jouer de la saison à cause d'une blessure, et cela semblait satisfaire Sam. Leur conversation qui tournait au vinaigre fut rapidement interrompue par une femme qui vint s'emparer de Sam pour des raisons professionnelles. La soirée se passa avec son lot d'incidents...présidentiels...et Sam sortit à la fin du concert pour téléphoner à Josh au sujet d'un discours qu'il avait à écrire. Sam était assis sur la banquette arrière de la voiture, la porte ouverte, ses jambes à l'extérieur. " Elle est là ? " demanda Josh. " " Mallory ? " demanda Sam comme si ce n'était pas une évidence. Josh s'inquiétait un peu pour son ami. " Oui. Elle est arrivée dans mon dos. On jurerait que les femmes devraient faire un bruit d'enfer avec leurs talons aiguilles, mais tu sais quoi ? Il n'en est rien. Elles se font aussi discrètes que des chats ! " A ce même instant, Mallory se tint de l'autre côté de la voiture, et frappa quelques petits coups à la vitre. Sam se tourna ainsi pour voir de quoi il s'agissait. Il se retourna aussitôt. " Oh mon dieu... " s'écria-t-il. " Quoi ? Qu'est-ce qui se passe, Sam ? " s'inquiéta Josh. " Rien ! " mentit Sam. " Elle est là ? " " Oui. " admit sam. Mallory fit le tour de la voiture et s'avança vers Sam. " Comment est-elle ? " demanda Josh avec curiosité. " Plutôt bien. " répondit vaguement Sam en fixant Mallory. " Tu peux me dire comment elle est habiller ? " " Oui, parce que là, elle est juste devant moi. " " Tu veux que je raccroche ? " " Oui. " " Ok. " Josh raccrocha et Sam se concentra totalement sur Mallory. " Tu sais ce que je pense ? Tu hésites entre être en colère et avoir de bonnes places pour les match. " Sam eut un petit ricanement. " J'ai déjà d'excellentes places qui m'attendent. Tu n'as peut-être pas remarqué, mais je me déplace avec un convoi de limousines ! " Mallory ne put retenir un sourire. Il tentait de faire de l'humour malgré une situation " critique ". La conversation se tourna vers la mission Galileo qui avait échoué. Et Mallory tenta de remonter le moral de Sam, tout en le provoquant, comme elle savait le faire. Elle lui avait fait prendre position, l'avait fait argumenter, prétextant ne pas comprendre, ne pas être d'accord. Et en définitive, elle l'était. Elle voulait juste l'entendre discuter, argumenter, et elle était satisfaite, même si Sam ne semblait pas avoir apprécier. " Tu es vraiment incorrigible ! " " Oui ! " dit elle avec un large sourire malicieux. " Mallory, à propos de la photo. " " Laisse tomber ! " " Quoi, tu ne m'en veux plus ? " s'étonna Sam. " Tu plaisantes ? Je t'en veux à mort ! Mais laisse tomber ça !D'accord ? " " Non. Ecoute...je suis désolé de ne pas avoir appelé, de ne pas t'avoir présenter d'excuses...Cette histoire m'a secoué, et elle a mis en péril mon boulot, mon image, et ce qu'il y a de pire, l'image du Président. Mais je crois que ce n'est pas grand chose comparé au fait que je n'ai même pas eu le courage de t'en parler, alors que je me doute que ça a du...je ne sais pas...te blesser... " " Me faire de la peine ? " proposa Mallory. " Quelque chose comme ça ! Mais je voulais juste te dire que Laurie est une amie, que je n'avais rien fait de mal ce soir là, par contre, j'ai eu tort de ne pas t'appeler. Je le regrette. " " Moi aussi, Sam. " dit-elle d'un murmure. Il ouvrit grand les yeux. " Comment ça ? " " Je regrette beaucoup que tu n'aies pas appeler, parce que j'attendais vraiment ton appel, et je ne voulais pas faire le premier pas...C'est vraiment dommage...Mais je suis contente qu'on ait pu parler ce soir...et que nous soyons toujours amis. " Elle était sur le départ, elle allait retourner auprès de Richard, rentrer chez elle, et peut-être regarder la télé, avec un grand pot de glace pour elle seule. Elle sourit timidement à Sam et fit un pas sur le côté pour prendre congés mais Sam prit son poignet fermement, sans pour autant lui faire mal. " S'il te plaît... " Il parut soudain confus, car il n'avait pas prémédité ce qu'il allait faire. " Et si...enfin...je voudrais... " " Quoi Sam ? " demanda Mallory, suspendue aux lèvres du jeune homme. " Ne le rejoins pas ce soir, viens avec moi ! " Il l'avait dit. Il ne pensait pas y arriver, mais il y était parvenu, il l'avait fait. " Avec toi ? Mais enfin, pourquoi ? " demanda-t-elle, ingénue. " Je voudrais que tu me dises que toi et moi nous entendons mieux que bien sur le plan sexuel. " Décidément, les mots dépassaient sa pensée chaque fois qu'il ouvrait la bouche. Même si au fond, c'était ce qu'il souhaitait depuis leur première rencontre. " Et tu crois que je vais accepter de te suivre chez toi, et qu'une fois là bas, toi et moi, on fera l'amour ? " " Oui. " La réponse était brève mais déterminé. Et le sourire de Mallory ne s'était pas évanoui comme il l'avait imaginé. Au contraire. " Sam...je ne pense vraiment pas que ta soirée soit finie, et je ne pense pas que tu rentres tout de suite chez toi, je pense que Josh t'attend à la Maison Blanche pour un discours, ou quelque chose comme ça, et que vous aurez une dernière réunion dans le bureau de mon père avant de pouvoir tous rentrer vous coucher, alors, si j'acceptais de te suivre...tu me ferais poireauter dans ton bureau toute la nuit. Je regrette mais mon petit ami m'attend. " Il avait presque oublié ce détail, car Richard Andrewchuck n'était qu'un détail, dans la mesure où elle l'avait délaissé deux fois au cours de la soirée pour venir lui parler. Il y a des choses qui ne trompent pas. Il fouilla dans les poches de son manteau, et en ressortit un trousseau de clés. Il les tendit vers la jeune femme. " Ce sont les clés de mon appartement. Je pense en avoir pour une heure et demie, au plus. Tu n'as qu'à m'y attendre, tu y seras plus à l'aise que dans mon bureau. " " Qu'est-ce qui te fait croire que je vais y aller ? " " Tu n'aurais pas pris les clés si ce n'était pas le cas ! " lui fit-il observer. En effet, elle avait elle même tendu la main pour saisir le trousseau. Elle se mit à rougir. " Je ne sais pas si je viendrais. Et si je ne venais pas, qu'est-ce que je fais de tes clés ? " " Je te fais confiance, tu trouveras un moyen ! " C.J. s'approcha de Sam et salua Mallory qu'elle n'avait pas vu depuis quelques semaines. Celle ci avait pris soin de mettre ses mains le moins en évidence à la vue de C.J. et glissa discrètement les clés dans son sac. Sam l'observa tout en gardant une oreille plus ou moins attentive à C.J. " Je dois y aller... " s'écria Mallory. " C.J., on se voit plus tard. " " Bien sûr ! " lui répondit l'attachée de presse. " Sam...ravie d'avoir parlé avec toi. " " Bonne soirée, et salut Richard pour moi ! " Mallory se força à sourire, mais ce qu'il venait de dire lui fit soudain prendre conscience qu'elle allait rompre avec Richard, et qu'elle ne savait pas comment s'y prendre, mais son cœur battait pour Sam depuis si longtemps, et elle avait attendu tellement longtemps qu'il fasse le premier pas, qu'elle ne voulait pas perdre plus de temps, et elle devait se séparer de Richard le soir même. Elle s'éloigna lentement de Sam et C.J., rejoignant le hall du Kennedy Center, et jeta à plusieurs reprises un coup d'œil par dessus son épaule, pour vérifier que Sam était encore là, et que lui aussi la regardait. Elle ouvrit son sac, et fut tentée de jouer avec les clés, alors qu'un sourire se dessinait déjà sur son visage. THE END |