:: The West Wing : Les Couloirs de la Maison Blanche ::

Salle de Briefing

Bureau Ovale

Salle Roosevelt

Communication

 

Fausse piste

Géraldine et Marie

 

Catégorie : Crossover JAG – A la Maison Blanche

Personnages : La plupart des personnages passent faire un petit coucou, mais vous verrez surtout Harm et Sam (oui, bon … vous auriez résisté, vous ?).

Rating : PG-13.

Résumé : Il n'aurait pas cru que des liens formés au cours d'une seule nuit passée à se saouler dans un bar pourraient être renoués si vite. Ça semblait pourtant être le cas.

Disclaimer: Ceux de la Maison Blanche appartiennent à Aaron Sorkin, John Wells Productions, NBC, Warner Brothers, et peut-être quelques autres. Ils ne sont pas et ne seront jamais à nous (à moins qu'on ne gagne au loto. Et encore, même là, ce serait douteux). Ceux de JAG sont à Belisarius Productions, CBS Television, et Paramount Pictures. Les citations en tête de chaque partie sont tirées de différents épisodes des séries, et appartiennent donc aussi aux personnes déjà mentionnées. Nous n'avons fait que les emprunter, parce que c'était trop tentant. Nous ne touchons pas d'argent pour cette histoire et nous n'en avons pas à nous – nous poursuivre n'avancerait pas à grand chose.

Spoilers : Juste pour être sûres, dans West Wing, tout jusqu'à " Noël " et dans JAG, tout jusqu'à " Family secrets ".

Notes : Cette histoire est née de la lecture par Marie d'un crossover JAG-SG1 écrit par Gaast, et d'un de nos nombreux : " Et si on allait boire un verre au lieu d'aller au cours ? ". On ne s'est pas arrêtées à un verre ce jour-là, et Marie a dit : " Si on écrivait un crossover JAG-WW ? ". Voilà le résultat…

Enfin, merci beaucoup à Miss Heather d'avoir pris le temps de jouer les beta reader pour nous, en dépit d'un emploi du temps à faire pâlir d'effroi notre capitaine préféré.

 

Première partie

 

Colonel : "What exactly is your connection to Clark Palmer?"

Harm : "He's kidnapped me, Sir. He threatened to kill me, he tried to trick me into shooting my former girlfriend. He's a sociopath who's made me his hobby, Colonel."

(Contemptuous words)

 

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Quartier général du JAG

Falls Church, Virginie

2 décembre 2000

 

Harm regarda fixement l'amiral, à la recherche d'un signe quelconque que ce dernier plaisantait. Ce qui n'était pas le cas, bien entendu, mais face à une telle nouvelle, autant tenter de garder l'espoir, même pour quelques secondes. " Je vous demande pardon ? ", souffla-t-il, espérant encore avoir mal compris.

" Clark Palmer s'est évadé de Levensworth, Capitaine. Il y a plus de douze heures. On suppose que- "

" Comment ont-ils pu le laisser filer une fois de plus ? ", coupa Harm. Réalisant qu'il venait de couper la parole à son supérieur, il respira à fond et tenta de se calmer. " Excusez-moi, Amiral. "

" Peu importe ", soupira Chegwidden. " Personne n'a rien vu venir, comme d'habitude. Palmer est très doué quand il s'agit de manipuler les gens. Et il semblerait que beaucoup des gardes présents lors de ses évasions précédentes aient été remplacés ces derniers temps. Ils ne se sont pas méfiés. Parce que… "

Il n'acheva pas, mais Harm devinait aisément la suite. Parce que Palmer savait manipuler les gens comme personne. Parce qu'il n'avait pas l'air dangereux. Sauf quand il commençait à s'en prendre à vous. Là, il montrait son vrai visage. " Je veux être chargé de l'enquête, Amiral. "

" Oh, je n'en doute pas une seconde, Capitaine, mais c'est impossible. Vous avez plusieurs affaires en cours, et rechercher Palmer n'est pas votre responsabilité. "

Chegwidden n'ajouta pas qu'il aurait manqué d'objectivité, mais Harm savait à quoi pensait son supérieur. Il se fichait de l'objectivité, à cet instant précis. Et il n'avait aucune intention d'en rester là. Cette enquête n'était peut-être pas de sa responsabilité, mais il serait très probablement la première cible de Palmer maintenant que celui-ci était en liberté. Il ne pouvait pas se permettre d'attendre.

Une fois sorti du bureau de l'amiral, il se dirigea droit vers le sien. Par chance, il n'avait pas d'audience ce jour-là. Il pourrait s'absenter relativement discrètement. Mac et Bud étaient occupés sur une affaire très importante de harcèlement et seraient absents toute la journée, et lui était censé rechercher de quoi défendre un marin accusé de désertion, et donc passer la journée le nez dans ses livres de droit, à chercher des précédents. Il ne doutait pas que l'amiral finirait par s'apercevoir qu'il était parti, mais avec de la chance, il faudrait quelques heures avant que quelqu'un remarque son absence.

 

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Levensworth

4 heures plus tard

 

Harm sortit de la prison et se dirigea vers sa voiture, cherchant ses clés dans sa poche. Il avait passé une grande partie de la journée à interroger les gardiens et les co-détenus de Palmer. En vain.

Il avait cru que Palmer lui laisserait des indices, un début de piste qui lui donnerait le sentiment de pouvoir le coincer, comme il le faisait habituellement, mais ça n'avait pas été le cas. Personne ne l'avait vu venir. Il n'avait apparemment rien fait qui sorte de l'ordinaire, et les gardiens, mortifiés, reconnaissaient qu'ils avaient baissé la garde. Il leur avait paru inoffensif.

Harm ne décolérait pas, mais il supposait qu'il pouvait comprendre. Il y avait un monde entre lire dans un rapport ce que Palmer avait fait et avoir été sa cible.

Avant de se remettre en route, il vérifia s'il avait reçu des appels sur sa messagerie. Il avait coupé son portable au cas où l'amiral l'appellerait pendant qu'il interrogeait les gardiens, pour être sûr de ne pas le savoir. Comme il s'y attendait, il avait effectivement deux messages. L'un d'eux, venant de l'amiral, était bref : " Revenez au QG immédiatement ! " Harm grimaça en entendant la voix de son supérieur. Il allait définitivement se faire hurler dessus. En fait, il aurait de la chance si ça s'arrêtait là. Il avait, après tout, désobéi à un ordre direct. Et si l'amiral avait parfois des rapports assez informels avec ses subordonnés, il y avait malgré tout une ligne à ne pas franchir.

Le deuxième message venait de Franck, son beau-père, et était aussi court que celui venant de l'amiral. " Rappelle-moi dès que possible. "

Harm fronça les sourcils. Son beau-père ne l'aurait pas contacté si ça n'avait pas été très important, il en était sûr.

 

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Quartier général du JAG

 

Harm avait fini de mettre Bud au courant de ses affaires en cours quand Mac apparut sur le seuil de la porte. Il avait cru qu'il aurait besoin de plus longtemps pour mettre Bud au courant, mais le lieutenant était de toute façon au courant de la majorité des cas sur lesquels il travaillait. Apercevant Mac qui attendait patiemment qu'il ait fini, il congédia Bud et fit signe à sa collègue d'entrer.

" Comment ça s'est passé avec l'Amiral ? ", demanda-t-elle.

" Oh, à peu près comme je pensais. Il m'a dit qu'à la prochaine incartade de ce genre, ce serait la Cour Martiale. Je l'ai bien cherché, je suppose. "

" Et votre mère ? ", répondit Mac sans chercher à démentir.

" Je viens encore d'appeler, mais il n'y a pas de changement. "

" Comment ça s'est passé ? "

" D'après ce que j'ai compris, elle a eu une chute de tension et elle est tombée dans les escaliers. Elle… elle s'est cogné la tête. Très fort, apparemment. Elle n'a pas repris connaissance depuis. "

" Je suis sûre que tout va bien se passer ", dit Mac, tentant de le rassurer.

" Quand les médecins ne peuvent pas se prononcer, je ne suis jamais optimiste ", rétorqua Harm.

Mac allait répondre quand Tiner entra timidement dans le bureau. " Vous vouliez me voir, Monsieur ? ", demanda-t-il.

" Oui ", répondit Harm.

Mac les ayant laissés, Harm commença : " J'ai une faveur à vous demander. "

 

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Appartement d'Harmon Rabb

Washington D.C.

 

" Rappelle-moi pourquoi je ne peux pas t'accompagner là-bas ? ", protesta Renée une nouvelle fois.

Harm lui jeta un regard puis se remit à préparer son sac. Elle le regardait faire, assise sur le lit, bras croisés.

" Renée, ce n'est quand même pas ma faute s'il n'y a plus de place sur ce vol ! J'ai déjà eu du mal à en trouver une pour moi. Et je croyais que tu devais préparer un projet pour- "

" Je sais ", répondit Renée, exaspérée. " Je voudrais être avec toi, ce n'est quand même pas un crime ! "

Harm ne répondit pas. Il aurait préféré l'avoir avec lui, mais il n'avait réussi à trouver qu'une seule place, et s'estimait déjà heureux d'avoir réussi ça. Il se dirigea vers la salle de bain, pressé de finir son sac. L'heure de son vol approchait, et s'il le manquait, Dieu seul savait combien de temps il devrait encore attendre.

Quand il revint dans la chambre, Renée n'y était plus. Comme il s'y attendait, il la retrouva dans la cuisine, un verre de vin à la main.

" Bon voyage ", lui lança-t-elle quand elle le vit, son sac à la main. Il crut remarquer une note d'amertume dans sa voix. Il savait qu'elle supportait mal de passer toujours en second, que ce soit à cause de son travail ou de sa famille. Et il n'avait pas la moindre idée de ce qu'il aurait pu faire pour arranger ça.

" Renée, je reviens dès que possible ", dit-il calmement.

Elle hocha la tête mais ne répondit pas.

Ils allaient s'embrasser quand la sonnette de la porte d'entrée retentit. Harm vérifia qui était là par le judas avant d'ouvrir et de s'écarter pour laisser entrer Tiner. Il regarda à nouveau Renée, lui lançant pour toute explication : " Palmer s'est évadé, Tiner va rester là pour assurer ta protection jusqu'à ce que je revienne. "

" QUOI ? ", cria-t-elle, mais Harm était déjà parti. Elle se retourna vers son nouveau colocataire, qui la regardait avec un sourire tellement large qu'il devait avoir mal. " Je rêve ", grogna-t-elle.

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Aéroport

 

Harm était tellement perdu dans ses pensées qu'il ne remarqua jamais qu'il avait été suivi depuis son appartement, et que l'inconnu l'avait observé embarquer.

Une fois qu'Harm fut hors de vue, l'homme qui le suivait se dirigea vers une des boutiques de l'aéroport, un sourire aux lèvres. Il était tôt, tout était encore ouvert. Une chance.

 

 

Deuxième partie

 

 

Harm : "What kind of man becomes an assassin ?"

Palmer : "I don't know, what kind of man becomes a lawyer, Rabb?"

(Impostor)

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Appartement de Harm

16.55

 

" Alors… euh… qu'est-ce que vous voulez faire ? ", bégaya Tiner.

" Rien, Tiner ", grogna Renée. " Je ne veux rien faire. Ou plutôt si, je veux regarder la télé. "

Elle était sur le point d'allumer la télévision quand quelqu'un sonna.

Elle se leva et était à mi-chemin quand Tiner, réalisant soudain qu'il était supposé jouer les gardes du corps, se précipita et la rattrapa juste avant qu'elle ait ouvert la porte.

" Madame, permettez - "

" Tiner, il arrive que trop de courtoisie soit un défaut plutôt qu'une qualité. "

" Oui, Madame ", répondit Tiner, avant de vérifier par le judas que Clark Palmer n'attendait pas de l'autre côté de la porte ; rassuré de voir un uniforme de livreur, il entrebâilla la porte.

" Un colis pour Mademoiselle Peterson. "

" Euh… Je… ", bafouilla le militaire.

" Pour l'amour du ciel, Tiner, prenez-le pour moi si vous ne pouvez pas vous décider ! ", s'exclama Renée.

Tiner ouvrit alors la porte, et accepta le petit colis que lui tendait le livreur, qu'il passa à Renée avant de se mettre à fouiller ses poches, en quête d'un pourboire.

Une fois la porte refermée, il retourna s'asseoir près de Renée, qui lisait la carte accompagnant le paquet. Elle sourit doucement, mais quand Tiner tenta de lire par-dessus son épaule, elle cacha le message et le fixa d'un air sévère. " Le respect de la vie privée dont font preuve les gardes du corps, ça ne vous dit rien ? ", demanda-t-elle sèchement.

Tiner rougit jusqu'aux oreilles. " Oh, Madame, je - "

" Et arrêtez donc d'être désolé ", ajouta-t-elle. " C'est de Harm, si vous tenez à le savoir. "

Elle avait ouvert le paquet tout en parlant, et elle découvrit une boîte fantaisie de chocolats, typique des boutiques de souvenirs des aéroports.

" Oh, comme c'est gentil de la part du Capitaine ! ", s'exclama Tiner.

" Il vient de s'enfuir en courant, une fois de plus. Le moins qu'il pouvait faire, c'était me payer une boîte de chocolats, vous ne croyez pas ? ", rétorqua-t-elle, sarcastique.

Elle ouvrit la boîte et choisit un des bonbons, qu'elle avala délicatement.

Tiner tenta de prendre un des chocolats ; Renée referma le couvercle de la boîte brusquement, en le fixant d'un regard peu amène. Il retira ses doigts piteusement, et attrapa la télécommande de la télévision, qu'il mit en marche. Comme toujours, il se mit en quête d'un programme sportif mais Renée s'exclama soudain : " Oh, restez sur cette chaîne ! "

Tiner obtempéra, reconnaissant le générique de son émission préférée sur la vie privée des stars. Avec de la chance, on y parlerait de sa chanteuse préférée…

 

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Dans l'avion pour la Californie

17h20

 

Harm s'ennuyait ferme. Et les voyages en avion le rendaient nerveux. Il avait eu l'habitude d'être aux commandes, il détestait abandonner tout contrôle et laisser quelqu'un d'autre piloter. Il pensa que Renée lui aurait dit qu'il aimait trop tout contrôler et il sourit. Il se connaissait assez pour savoir que c'était le cas.

Il avait tenté de se changer les idées en feuilletant un magazine qu'il avait acheté en hâte avant d'embarquer, sans s'apercevoir qu'il s'agissait d'une gazette à scandales. Il soupira. Renée adorait ce genre de choses, et il n'avait jamais compris pourquoi. L'article qu'il avait sous les yeux était consacré à un acteur qui en était à sa troisième cure de désintoxication.

La passagère installée à côté de lui le regardait du coin de l'œil, faisant de son mieux pour être discrète sans y parvenir tout à fait. Elle détournait le regard dès qu'il jetait un coup d'œil dans sa direction, mais elle n'était pas assez rapide pour que son manège passe inaperçu.

Au bout d'un moment, elle entama la conversation : " Nerveux ? ", demanda-t-elle, hésitante.

Harm la regarda, sourcils froncés. " Je vous demande pardon ? "

" Vous êtes nerveux en avion ? Parce que vous tournez les pages de cette feuille de choux depuis qu'on a débouclé nos ceintures, et - "

" Je ne m'en rendais pas compte ", s'excusa Harm.

" Oh, c'est pas que ça me dérange, mais … je prends souvent l'avion, et ce n'est jamais intéressant, ces trucs. "

" Non, en effet, c'est assez… lamentable ", confirma Harm.

Elle lui sourit et lui tendit la main. " Joyce McPhersen. "

" Harmon Rabb. "

Comme beaucoup de gens, elle leva les sourcils, surprise par le prénom peu commun, mais ne commenta pas. Au lieu de ça, elle entreprit de se présenter plus en détails. " Je suis de Los Angeles. Je travaille dans un cabinet d'avocats. On va parfois récupérer nos clients assez loin, comme vous le voyez. "

Il sourit poliment, avant de répondre : " Je suis avocat dans l'armée. Je connais. "

" Dans l'armée ? Le JAG ? "

Il confirma d'un hochement de tête.

" J'adooooore les uniformes ", s'exclama Joyce avec un clin d'œil. " Je suis sûre qu'on vous l'a déjà faite ", ajouta-t-elle avec une grimace, " mais c'est la première fois que j'essaye de draguer un militaire. "

Harm eut un sourire gêné. " Je suis déjà avec quelqu'un. "

Joyce soupira. " Bah, j'aurai tenté le coup. Sans grande subtilité, hélas. Vous voulez un autre magazine ? "

Le changement de sujet le déconcerta. " Pardon ? "

" J'en ai acheté deux en attendant l'avion, et j'en ai déjà fini un. Je vous le prête. "

Elle avait déjà sorti le magazine de son sac à main, et Harm constata avec soulagement qu'il s'agissait d'un magazine d'actualité. Une photo du Président et du Secrétaire Général s'étalait sur la couverture. Vivant à Washington, Harm aimait se tenir au courant de ce qui se passait dans la ville, et il chercha cet article directement.

Joyce avait entamé la lecture de son dernier magazine, et ils s'absorbèrent dans leur lecture.

 

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Appartement de Harm

19.30

 

Tiner observait Renée du coin de l'œil, légèrement inquiet. La jeune femme n'avait plus rien dit depuis près d'une demi-heure, ce qui était rare chez elle.

Il pouvait comprendre qu'elle lui en veuille un peu de rester là à la surveiller, mais il avait du mal à cerner ses rapports avec le capitaine Rabb. Elle devait pourtant bien savoir dès le départ qu'il était militaire, et que son devoir passerait toujours avant tout le reste. Etant lui-même militaire, il était accoutumé à l'idée que son pays avait la priorité sur tout le reste. Pourtant, Renée semblait à cran dès que le capitaine quittait la ville.

Il sursauta en voyant Renée se tourner vers lui avec brusquerie. " Vous voulez bien arrêter de me fixer comme ça ? ", s'écria-t-elle.

Il rougit et s'excusa vivement, retournant son attention à la télévision. Il avait cru qu'elle n'avait pas remarqué qu'il l'observait.

La productrice se leva alors, en baillant ostensiblement. " Je vais prendre une douche ", dit-elle en s'étirant. " Puis, je dors. "

Tiner ne put s'empêcher de regarder l'heure, et Renée le remarqua. " Je ne me sens pas très bien ", reconnut-elle. " Je crois que j'ai mangé quelque chose que je n'aurais pas dû manger. " Elle ne lui laissa pas le temps d'exprimer son inquiétude. " A demain, Tiner, profitez bien du canapé ", lança-t-elle en s'éloignant.

Il se leva rapidement. " Oui, Madame. Bonne nuit. "

Renée partie, Tiner se rassit dans le canapé, puis se mit à chercher une émission intéressante.

 

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Dans l'avion

20.00

Harm reposa le magazine, qu'il avait lu du premier au dernier mot, et se mit à regarder par le hublot. Joyce ne le laissa pas longtemps seul avec ses pensées.

" Ca vous a aidé à vous distraire ? "

" Oui, merci ", répondit Harm, honnête. Il avait particulièrement aimé l'article sur les occupants actuels de la Maison Blanche. La journaliste, qui se concentrait sur le Président et son Secrétaire Général, avait d'abord présenté les deux hommes en rappelant les faits marquants de leur carrière avant de les comparer à leurs prédécesseurs républicains. L'article était intéressant, et Harm avait réussi à apprendre quelques détails qu'il ignorait.

" Si je peux me permettre ", commença Joyce, attendant un signe d'approbation de sa part avant de continuer, " vous avez l'air préoccupé. "

Harm haussa les épaules. " C'est rien. Je… Ma mère a eu un accident. "

Joyce fronça les sourcils. " Oh. J'espère que ce n'est pas trop grave ? "

" J'en saurai plus quand je serai là-bas ", répondit Harm vaguement, peu désireux de s'étendre sur le sujet. La voix de son beau-père l'avait inquiété. Il avait vraiment eu l'air bouleversé.

Et pour couronner le tout, son pire ennemi se baladait dans la nature. Harm se demanda une fois de plus ce que Palmer avait en tête, cette fois. Il supposait – espérait – que l'ancien agent ne s'en prendrait à personne en son absence. Il avait toujours été sa cible, mais il avait peur qu'un jour, l'assassin change de modus operandi et s'en prenne à ses proches.

Pour se changer les idées, il se tourna vers sa compagne de voyage, mais celle-ci avait cessé d'attendre une réponse et s'était replongée dans sa lecture. Ne voulant pas la déranger, Harm se concentra sur la façon dont il pourrait s'y prendre pour retrouver Palmer.

 

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Appartement d'Harm

23.00

Tiner s'étira et regarda l'heure. Renée était partie se coucher depuis déjà deux heures.

Il éteignit la télévision alors que le générique d'un vieil épisode de X-Files passait . Il ne comprendrait jamais ce que le lieutenant Roberts trouvait à cette série. Il avait beau essayer de " se mettre dans l'ambiance ", comme son supérieur le lui avait suggéré, il ne trouvait aucune qualité à cette série.

Il décida d'aller jeter un coup d'œil dans la chambre afin de vérifier que la productrice allait bien. Hésitant sur le seuil, il jeta un coup d'œil rapide dans la pièce, prêt à battre en retraite si Renée se réveillait. Comme rien ne bougeait dans la chambre, il s'aventura plus en avant et remarqua que la productrice s'était endormie sur un livre.

Décidant que cette position ne pouvait pas être confortable, il approcha du lit, prêt à enlever le livre. Sa main s'arrêta à quelques centimètres de son but, et il arrêta de respirer un moment. Puis, il avança la main vers le cou de Renée, tout en empoignant le téléphone qui se trouvait sur la table de nuit.

 

Troisième partie

 

" Colonel, you'd be surprised at the lengths to which Clark Palmer has gone just to mess with me. "

(Harm, dans " Salvation ")

 

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Washington

3 décembre 2000, 01.00

 

Bud et Gallindez observaient Tiner de près. Le jeune homme prenait visiblement mal ce qui venait de se passer. Et pourquoi pas ? La mort de Renée n'était pas sa faute, mais il devait la protéger.

L'amiral, qu'ils avaient réveillé, entra dans la salle d'attente de la morgue. Les trois hommes présents se mirent debout immédiatement, mais Chegwidden leur fit signe de se rasseoir.

" Que s'est-il passé ? ", demanda-t-il simplement.

Bud se tourna vers Tiner, mais le jeune homme regardait fixement le sol. Le lieutenant était même surpris qu'il se soit levé à l'arrivée de l'amiral. Se tournant vers ce dernier, il prit la parole. " Avant de partir, le Capitaine Rabb a demandé à Tiner de rester avec Mademoiselle Petersen, afin de s'assurer qu'elle serait en sécurité. Un paquet a été livré à l'appartement au cours de la soirée. Il semblait venir du Capitaine. C'était une boîte de chocolats. Mlle Petersen en a mangé, et environ deux heures après, elle a dit à Tiner qu'elle ne se sentait pas bien et qu'elle allait se coucher. "

Bud s'interrompit quand un homme portant une blouse blanche passa près de la porte, mais voyant qu'il n'entrait pas, il reprit son récit. " Vers 23 heures, Tiner a décidé d'aller voir si Mlle Petersen n'avait besoin de rien. Il l'a trouvée endormie sur un livre, et a eu l'idée de l'enlever pour qu'elle soit installée plus confortablement. Il a remarqué qu'elle… euh… elle avait les yeux ouverts, Monsieur. Il a voulu prendre son pouls, il ne l'a pas senti et a appelé le 911. Après quoi il a tenté de la ranimer. "

Le lieutenant Roberts s'arrêta une nouvelle fois et jeta un regard en coin à Tiner, qui n'avait toujours pas bougé. Se tournant à nouveau vers l'amiral, il acheva : " Quand les ambulanciers sont arrivés, ils ont eux aussi tenté de ranimer Mademoiselle Petersen, mais sans succès. Le médecin nous a dit qu'on n'aurait pas les résultats de l'autopsie avant quelques jours – les analyses toxicologiques vont prendre un moment. Mais il suppose qu'il s'agit d'un empoisonnement. "

" Une chance que ça n'ait été qu'une réaction allergique ? ", questionna l'amiral, espérant trouver une explication autre que le meurtre à la mort de la productrice. Il préférait ne pas imaginer la réaction du capitaine Rabb à cette nouvelle.

Gallindez intervint : " Ils n'ont pas encore écarté cette possibilité ", déclara-t-il, " mais ils pensent qu'une crise assez sévère pour causer la mort aurait laissé des traces. "

" Je vois ", soupira l'amiral. " Est-ce qu'on peut encore faire quelque chose ici ? "

Bud échangea un regard avec Gallindez avant de reprendre la parole : " Nous avons prévenu le Colonel, mais nous n'arrivons pas à joindre le Capitaine. "

L'amiral consulta sa montre. " Il doit déjà être là-bas ", supposa-t-il. " On réessayera dans une heure. Si c'est tout, je suggère que chacun rentre chez soi et se prépare à avoir une longue journée. J'appellerai le Capitaine Rabb moi-même. "

" Oui, Amiral ", répondirent Bud et Gallindez à l'unisson.

Gallindez s'approcha de Tiner et le fit se relever, avant de se tourner vers les deux autres hommes : " Je vais le ramener chez moi, Messieurs. "

Ses supérieurs hochèrent la tête et sortirent, laissant Tiner et Galindez seuls.

 

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Californie

Hôpital

 

Harm était sorti sur le parking pour consulter ses messages. Il fronça les sourcils en entendant l'amiral lui ordonner de le rappeler. Chegwidden ne l'aurait pas contacté dans ces circonstances s'il n'y avait pas eu un problème sérieux.

Retrouvant le numéro du bureau de son supérieur en mémoire, il pressa " valider " et attendit que la connexion s'établisse.

" Chegwidden ", s'annonça l'amiral.

" Amiral ? Capitaine Rabb. Vous m'avez demandé de - "

" Capitaine ", coupa Chegwidden, " Comment se porte votre mère ? "

Harm fronça les sourcils. L'amiral se sentait concerné par ses subordonnées, mais aurait-il pris la peine de l'appeler lui-même uniquement pour savoir ça ?

" Elle va mieux, Monsieur. Elle s'est réveillée un peu avant que j'arrive. Les médecins pensent que ça va aller. "

" Bien ", répondit Chegwidden, avant de continuer, d'un ton laissant entendre que les nouvelles de Washington étaient nettement moins bonnes. " Capitaine,  j'ai bien peur d'avoir une mauvaise nouvelle à vous annoncer. "

 

 

Quatrième partie

 

 

Harm : "What could possibly happen to a person to cause him to lose every shred of human compassion ?"

Palmer : "Stay in Washington a few more years."

(Impostor)

 

"We talk about enemies more than we used to."

(Josh, dans "Ennemis")

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Washington, D.C.

8 décembre 2000

 

Sam se leva alors que le cercueil passait près de lui, suivi des proches de Renée. N'étant pas croyant, il était toujours mal à l'aise dans une église. Il avait l'impression que tout le monde le regardait de travers, que les catholiques pensaient qu'il n'avait pas le droit d'être là.

Il n'arrivait toujours pas à croire que Renée, une amie, avait été assassinée. Dans le monde comme il le concevait, les amis ne meurent pas empoisonnés par un malade mental. En fait, les amis ne meurent pas. Point final. Une fois de plus, il se souvint de la fusillade, et de Josh aux urgences. Il chassa ce souvenir. Ce n'était pas le moment.

Il repéra Harm. Ce dernier s'attardait dans l'église, entouré de ses amis, et il hésitait à rompre la conversation qui avait lieu pour aller présenter ses condoléances. Il décida d'aller attendre dehors. La pluie, qui était tombée toute la nuit, s'était finalement arrêtée, et la température chutait. Sam observa le ciel un moment et conclut qu'il allait sans doute neiger en fin d'après-midi. Une voix féminine le tira de sa rêverie.

" Vous la connaissiez ? "

Il se retourna et fit face à la jeune femme qui l'avait apostrophé. Elle lui sourit nerveusement.

" Désolée, je suis toujours mal à l'aise aux enterrements. Si vous voulez que je vous laisse tranquille… ", proposa-t-elle.

" Non, ça va. Je… oui, je la connaissais. Sam Seaborn. "

" Je sais. Je regarde les débats télévisés. Lauren Singer. "

Sam se sentit soudain encore plus nerveux. Il avait toujours cette impression quand on le reconnaissait. Il s'était fait à l'idée qu'on reconnaisse CJ – ce qui arrivait d'ailleurs fréquemment quand ses collègues et lui sortaient tous ensemble – mais lui était rarement reconnu. Pour dire quelque chose, il demanda : " Euh… Et vous, vous la connaissiez ? "

" Un peu. Elle sortait avec le Capitaine Rabb, là-bas. C'est mon supérieur. Un de mes supérieurs, plutôt. "

" Oh, vous êtes dans l'armée ? "

" Au JAG. J'ai demandé quelques heures pour pouvoir apporter mon soutien au Capitaine. Même s'il est déjà bien entouré. "

La conversation renforça encore l'impression d'irréalité que Sam ressentait. Il avait l'impression que toutes les banalités habituellement débités au cours d'un enterrement venaient d'être prononcées, et il se demanda une nouvelle fois ce qu'il faisait là. S'il n'avait pas vu les parents de Renée accrochés l'un à l'autre, assommés par le choc, pendant la messe, il aurait douté que son amie soit vraiment morte.

Harm sortit de l'église. Visiblement, il avait demandé à son entourage de le laisser seul un moment. Ses yeux glissèrent sur la foule occupant le trottoir, des parents de Renée aux journalistes prenant des photos ou filmant les lieux. Il finit par repérer Sam, et après un moment d'hésitation, il se dirigea droit vers lui.

" Qu'est-ce que tu fais là ? ", demanda-t-il, apparemment étonné de le trouver là.

Singer intervint avant que Sam ait eu le temps de répondre. " Vous vous connaissez ? ", interrogea-t-elle d'une voix haut perchée.

Les deux hommes la dévisagèrent un instant sans répondre, et elle s'empourpra. " J'étais juste venue vous présenter mes condoléances, Capitaine. Je suis vraiment navrée pour Renée. "

" Merci, Lieutenant ", répondit Harm d'un air absent.

Singer lui adressa un signe de tête avant de s'excuser, et elle s'éclipsa.

Harm la regarda partir, puis se tourna vers Sam. " Pourquoi… Qu'est-ce que tu fais là ? "

Sam haussa les épaules. " Je connaissais Renée quand elle vivait à New York. C'était une amie de ma fiancée. On s'était perdu de vue, mais… Je voulais juste venir présenter mes condoléances à ses proches. "

Harm hocha la tête d'un air absent, mais il n'avait pas vraiment l'air d'écouter et les deux hommes restèrent debout devant l'église un moment, silencieux, observant la foule qui se dispersait.

Au bout d'un moment, Harm reprit la parole : " Ses parents vont ramener… vont ramener le corps avec eux. Ils ont accepté que la cérémonie ait lieu ici, parce qu'elle y avait pas mal d'amis, mais ils veulent qu'elle soit enterrée près de chez eux. "

Sam hocha la tête, et aperçut les amis d'Harm, qui étaient sortis de l'église et l'attendaient près d'une voiture.

Harm les repéra et se tourna vers Sam. " On va tous chez moi. Tu veux nous accompagner? "

" Je ne voudrais pas m'imposer ", hésita-t-il.

" Tu ne t'imposes pas. Au contraire. Viens, je vais te présenter. "

Ca suffisait à Sam pour savoir qu'Harm était sincère. Il le suivit sans plus discuter.

 

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Appartement d'Harm

 

Sam se laissa tomber dans un fauteuil, et accepta avec un sourire la bière que lui tendait le jeune lieutenant – Bud.

Un nombre assez important des amis d'Harm étaient venus voir comment il allait, mais la grande majorité d'entre eux étaient repartis. Il ne restait que Bud et Harriet, ainsi que Mac. D'autres collègues avaient téléphoné pour demander s'ils pouvaient passer à la fin de leur journée.

Sam avait pensé partir, mais Harm avait insisté pour qu'il reste. Il avait été légèrement mal à l'aise au début, particulièrement quand il s'était aperçu que tous ces militaires le connaissaient. Bien sûr ils vivaient à Washington, ils étaient à la fois avocats et militaires, ce qui voulait dire qu'ils devaient se tenir au courant de toutes les décisions qui se prenaient à la Maison Blanche.

Le silence était tombé sur le groupe, et Harm le rompit. " Il va falloir que je re-contacte l'inspecteur chargé de l'enquête. Cette fois-ci, Palmer ne - "

Bud l'interrompit nerveusement, s'adressant à Sam. " Comment est-ce que vous avez rencontré le Capitaine ? "

Le changement de sujet abrupt le surprit, et Bud, mal à l'aise, tenta de faire marche arrière : " C'était juste une question, vous n'avez pas - "

" On était partis faire de la voile ", interrompit Harm. " Séparément ", ajouta-t-il en voyant l'expression perplexe de Bud. " On est juste sortis en mer le même jour. Le temps se gâtait, les garde-côtes ont lancé un avis demandant à tous les bateaux de rentrer. J'ai entendu un SOS à la radio, un bateau qui n'était pas très loin d'où j'étais. "

" C'était vous ?" demanda Bud en se tournant vers Sam.

" Non, c'était une famille en difficulté ", répondit ce dernier. " On a appris après coup que le seul qui savait le manœuvrer, le père, avait eu une crise cardiaque. En temps normal, sa femme aurait peut-être réussi, à la rigueur, à ramener le bateau près des côtes, mais là le temps se dégradait vraiment très vite. J'ai entendu le SOS au moment où j'allais faire demi-tour, et j'ai aussi entendu la réponse d'Harm. "

" Qui y allait ", sourit Harriet, et ce n'était pas une question.

" Elle était tout près d'où j'étais ", répéta Harm en haussant les épaules. " Quand je suis arrivé sur place, j'ai contacté le bateau pour savoir ce qui se passait à bord, mais la femme était vraiment trop paniquée pour m'aider, alors j'ai manœuvré pour m'approcher autant que possible. Je voulais la faire passer de son bateau au mien, puis partir aussi vite que possible. Mais bien sûr, ça n'a pas été aussi simple. Si seulement … "

Il n'acheva pas sa phrase, et Sam n'avait pas particulièrement envie de continuer à sa place. Voyant que les trois autres les regardaient, il se décida : " Il y avait deux enfants avec eux. On a récupéré la femme et la fille, mais pour le fils… on… on n'a rien pu faire. "

Il lui arrivait encore d'en faire des cauchemars. Il revoyait Harm sur le pont, en train de faire du bouche à bouche au gamin. Et lui, essayant de faire un massage cardiaque. La mère qui hurlait, la fillette recroquevillée dans un coin et la sensation des côtes du garçon quand elles avaient cassé sous ses mains…

" Pour une fois qu'on arrivait à sortir nos bateaux ", soupira Sam. Cela avait été un des sujets qu'ils avaient abordés plus tard, le fait qu'ils prévoyaient toujours de partir et qu'ils n'y arrivaient jamais. Un point commun accidentel, mais qui les avait amusés.

" Je suis désolé ", dit le lieutenant Roberts. " Je ne voulais pas… "

" Pas grave ", répondit Harm. " La mère et la fille s'en sont sorties, au moins. "

Il avait parlé en regardant Sam, et celui-ci se souvint de son regard quand ils avaient compris que c'était trop tard pour le garçon.

Bien plus tard ce soir-là, après avoir répondu aux questions des garde-côtes et avoir passé des vêtements secs, ils étaient allés se saouler. D'un accord tacite, ils n'avaient pas parlé de ce qui s'était passé en mer. Ils avaient discuté de leur travail, Sam avait parlé de sa fiancée, Harm de ce qui l'avait poussé dans l'armée, mais rien sur le sauvetage.

Ils s'étaient séparés à deux heures du matin, et n'avaient pas eu l'occasion de se reparler. C'était peu de temps avant que Josh ne vienne le chercher à New York, persuadé d'avoir trouvé ce qu'ils avaient tous les deux cherché pendant des années : un politicien honnête. Leur Saint Graal.

Il avait reçu des nouvelles assez régulières des survivantes de la famille pendant quelques années. Elles étaient allées s'installer aussi loin de l'océan que possible. Les cartes postales s'étaient espacées, puis arrêtées tout à fait.

Il s'était parfois demandé ce qu'Harm était devenu. Sauver des vies semblait créer des liens plus durables qu'il n'aurait imaginé.

Comme en réponse à ses pensées, Harm demanda : " Comment as-tu fini par quitter ce boulot que tu haïssais ? "

" Oh, c'est… un ami m'a dit qu'il avait trouvé un vrai candidat pour les élections. Et je suis parti. "

" Comme ça ? ", s'étonna Mac.

" C'est un bon ami ", répondit Sam, un léger sourire aux lèvres, " et le fait est qu'il ne s'était pas trompé. " Il hésita un moment avant de poser la question qui le tourmentait depuis que Bud avait dévié la conversation, mais il finit par rassembler son courage et demanda à Harm qui était Palmer.

Tous les officiers présents se regardèrent et pendant un moment, puis Harm répondit.

" Palmer est un ancien agent de la CIA. C'est aussi un sociopathe. Il est… Il considère la mort comme un art. Il essaye de trouver des manières toujours plus originales et plus tordues de tuer ses victimes. "

" Charmant ", lâcha Sam d'un ton sec.

" Il m'a kidnappé et s'est fait passer pour moi, en me laissant seul avec une bombe dans mon appartement. Il a essayé de me tendre un piège et de me faire tuer ma petite amie de l'époque. Au moins, il a de la suite dans les idées. Il a raté Jordan, mais - " Harm s'interrompit, et prit un moment pour se calmer avant de reprendre : " Il a aussi essayé de me faire perdre la boule. Il adore s'en prendre à moi, et il utilise tous les moyens. Mais tu as vu ça. "

" Je suis désolé ", souffla Sam, conscient que c'était peu mais ressentant le besoin de le dire quand même.

Harm accepta sa déclaration d'un simple hochement de tête, et le silence retomba sur le salon. Puis Harm sembla prendre une décision et se tourna vers Sam.

" Au fait, pourquoi - ", commença-t-il, avant de décider de formuler sa question autrement : " Je ne savais pas que tu connaissais Renée ? "

Sam le regarda d'un air surpris et Harm revint en arrière : " Si tu ne veux pas en parler, c'est pas grave, mais je me demandais - "

" Non, c'est juste que …On s'était perdu de vue. Ou plutôt, j'avais arrêté de lui parler, et… je me disais souvent que je devrais reprendre contact avec elle, et puis je me disais que ça pouvait attendre, et… "

" Vous étiez… ? "

" Non ! ", s'exclama Sam. " J'étais fiancé, à l'époque. Simplement, après ma rupture avec Lisa, j'ai beaucoup, beaucoup parlé à Renée. On était sur la route en permanence, je venais de rejoindre la nouvelle équipe de campagne du Président, et c'était la folie. Je devais faire bonne impression, et…c'était… "

Sam s'interrompit, frustré de ne pas trouver les mots pour décrire ce qu'il avait ressenti ces semaines-là. Il travaillait avec Toby et son futur patron était la personne la plus intimidante qu'il ait jamais rencontrée, ce qui n'était pas peu dire. A tort ou à raison, il ne parvenait pas à se défaire du sentiment que tout le monde le regardait comme l'ami de Josh, celui qui avait rejoint les rangs par favoritisme. Et il passait ses journées (et la plupart de ses nuits) à écrire, à discuter stratégie, et crier au téléphone.

Il avait reparlé de cette période-là avec CJ, quelques mois auparavant, et il avait découvert qu'elle aussi avait beaucoup de mal à se souvenir de ces moments-là. Il s'en souvenait comme on se souvient d'un rêve le matin, précis et flou en même temps.

Harm le regardait toujours, attendant sa réponse. Mac, qui avait assisté à l'échange, intervint : " C'était pénible à ce point de faire campagne ? ", demanda-t-elle, et l'ironie de son ton n'échappa pas à Sam, qui se sentit soudain mal à l'aise. Ces hommes et ces femmes servaient leur pays en risquant régulièrement leur vie, et il avait des scrupules à se plaindre.

Il haussa les épaules et répondit : " Ca a été les semaines les plus difficiles et les plus… intenses et satisfaisantes de ma vie. "

Il s'attendait à des sourires devant ce type de cliché, mais tous les officiers présents avaient plutôt l'air songeur et compréhensif. Ils connaissaient ça, visiblement.

Pour rompre le silence, Sam poursuivit : " Pour en revenir à Renée, elle a décidé de faire un reportage, très officieux bien sûr, sur la campagne dans son ensemble, en présentant les candidats, en rappelant leur programme, ce genre de chose. Une idée très noble à première vue. Seulement, elle s'est servie de certaines choses que je lui avais dites. Sur l'ambiance qui régnait dans les équipes, et… C'est quelque chose que je ne pensais pas vraiment, j'avais une journée de m- une journée difficile, et j'avais besoin de lâcher un peu de pression. Elle le savait, mais elle a parlé de l'ambiance négative dans les équipes, et je l'ai pris comme une trahison. "

" A raison ", remarqua Bud, qui s'empourpra quand tout le monde se tourna vers lui pour le dévisager. " Je veux dire… C'est… Je ne voulais pas… ".

" Respirez, Lieutenant ", ordonna Harm. " Ce n'est pas grave. "

Bud avait toujours l'air mal à l'aise et Harriet posa sa main sur son bras.

" Je ne sais pas ", soupira Sam, en réponse à Bud. " Elle n'a jamais cité mon nom, ni les noms d'aucune des personnes travaillant avec nous, mais les exemples qu'elle a donnés venaient de moi. "

" Le Président l'a appris ? "

" Non, je l'ai dit à Josh, qui m'a traité d'imbécile et m'a dit de ne plus parler à un journaliste sans " supervision adulte ", comme il l'a formulé. "

" Plutôt ironique venant de lui, non ? ", railla Mac, et tout le monde gloussa, Sam inclus. Le " plan secret pour lutter contre l'inflation " lui servait encore parfois à torturer son ami, et il soupçonnait qu'aucun des conseillers ne permettrait jamais à Josh d'oublier ça. Visiblement, ils n'étaient pas les seuls à se souvenir de cette conférence de presse.

" Les dérapages de ce genre sont notre hantise à tous ", expliqua-t-il quand tout le monde eut retrouvé son sérieux. " CJ dit souvent qu'on lui vaudra des ulcères avant la fin de cette administration. "

" Qu'est-ce qui s'est passé ensuite ? ", voulut savoir Harriet.

" Il n'y a plus grand chose à dire ", soupira Sam. " Je n'avais pas attendu Josh pour téléphoner à Renée et lui demander d'oublier que j'existais. Elle a bien essayé de s'expliquer, mais je ne lui ai laissé aucune chance. Plutôt idiot, quand j'y repense… "

Personne ne répondit, mais Sam supposait que presque tout le monde avait au moins une expérience de ce genre. " On se dit toujours qu'on a le temps ", songea-t-il, " et on a toujours tort. " Il avait cru retenir cette leçon-là après Rosslyn, quand Josh avait failli être tué par des gamins incapables de supporter les différences. Apparemment, il avait eu tort. Il avait pourtant passé des heures à se demander s'il aurait jamais l'occasion de remercier Josh, une fois de plus, pour l'avoir arraché à une vie qu'il détestait, s'il pourrait lui dire que son amitié était ce qui lui était arrivé de mieux depuis des années. Mais Josh avait survécu, ils avaient discuté, et la routine avait repris. Il savait que tous ceux qui avaient été présents avec le Président cette nuit-là y pensaient encore. Il voyait parfois Toby ou Léo, qui regardaient Josh avec insistance, comme s'ils voulaient vérifier qu'il était bien là. Il savait que lui-même le faisait parfois. Et quelque chose chez Josh n'allait pas depuis quelque temps.

Harm interrompit ses pensées. " Quelqu'un veut encore boire quelque chose ? "

Ils acceptèrent tous, puis Harriet relança la conversation sur un autre sujet, et Sam décida d'oublier la Maison Blanche pour quelques heures encore.

 

Cinquième partie

 

" For God's sake, don't shoot anyone ! "

(Webb, dans "People Vs. Rabb")

" I will kill people today ! I will kill people with this cricket bat which was given to me by her Majesty Queen Elizabeth Windsor and then I will kill them with my bare hands! "

(Tribbey dans "And it's surely to their credit")

 

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QG du JAG

12 décembre 2000, 9.00

 

Harm faisait les cent pas dans son bureau tout en écoutant son correspondant lui expliquer toutes les raisons faisant qu'il ne pouvait pas lui donner les renseignements voulus. Le médecin qu'il avait en ligne lui parlait d'analyses toxicologiques et de délais, mais il n'avait plus la patience d'attendre.

Alors que le médecin reprenait son souffle, il intervint : " En bref, vous ne pouvez rien me dire. "

" Eh bien … ", hésita l'autre homme, " nous avons éliminé la cause naturelle. Mlle Peterson était en bonne santé. Mais nous ne parvenons pas à déterminer une cause précise de décès. "

" Merci, ça ne m'aide pas du tout ", ironisa le capitaine avant de raccrocher sans dire au revoir.

Se rasseyant derrière son bureau, il tenta, pour la dixième fois depuis qu'il s'était réveillé, de faire le point sur ce qu'il savait.

 

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Maison Blanche

Salle de briefing

9.30

 

CJ observa les journalistes qui lui faisaient face en l'apostrophant. Jusqu'ici, leurs questions sur les nouvelles du jour avaient été conformes à ce qu'elle avait préparé – elle se souvenait encore des premiers temps de l'administration, quand ils arrivaient à la prendre en défaut.

Elle désigna un journaliste, le prévenant qu'il s'agissait de la dernière question.

" CJ, pourquoi Sam Seaborn a-t-il assisté à l'enterrement de la productrice Renée Peterson ? ", demanda le reporter.

L'attachée de presse s'abstint de lever les yeux au ciel. Sam lui avait expliqué ce qu'il faisait là-bas, elle était prête pour ce genre de questions, mais cet intérêt que portaient certains journalistes à la vie privée du staff l'étonnerait sans doute toujours. 

" Mlle Peterson était une amie de Sam depuis longtemps, ils se connaissaient à l'époque où il vivait à New York. Il est allé présenter ses condoléances aux proches et lui adresser un dernier adieu ", commença CJ, avant de conclure : " Et c'est tout pour le briefing de ce matin. "

Elle sortit de la pièce pendant que les journalistes se relevaient et partaient travailler sur ce qu'elle leur avait donné.

 

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Inconnu

9.45

 

Il avait du mal à croire en sa chance. Il voulait être remarqué, mais il ne s'était pas attendu à un reportage concerné exclusivement à son œuvre au journal télévisé.

Il contempla le visage attristé de l'assemblée se tenant devant l'église, se délectant à la vue des visages sombres. Même les journalistes avaient l'air triste.

Il sourit. Tout s'était bien passé.

Et il pouvait faire encore mieux.

 

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Washington

Appartement de Sam Seaborn

13 décembre 2000, 6.00

 

Sam entra chez lui, une tasse de café dans la main et un journal dans l'autre. Comme souvent quand il était victime d'une crise d'insomnie, il était allé faire un jogging, ce qui lui avait permis d'acheter un journal sur le chemin du retour.

Se perchant sur un des tabourets entourant la table de la cuisine, il déplia le journal. Et faillit s'étrangler avec son café en voyant la photo en première page.

Une photo de lui et Renée à une soirée, Renée sur ses genoux, vêtue d'une robe très décolletée…

 

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Washington, Maison Blanche

Bureau de Léo

7.00

 

" On ne l'a pas vu venir ? ", demanda Léo pour la troisième fois.

" NON, on l'a pas vu venir ! ", s'écria Toby, exaspéré. " Qu'est-ce que tu veux qu'on te dise ? "

Sam, assis sur le canapé entre Josh et CJ, suivait la conversation sans intervenir. Personne ne lui avait encore adressé la parole et la réunion avait commencé dix minutes plus tôt. Léo et le directeur des communications se criaient dessus depuis un moment maintenant, et aucun des trois autres conseillers ne désirait particulièrement intervenir.

" On n'avait vraiment pas besoin de ça en ce moment ", tempêta Léo. " On a déjà Mary March sur le dos avec ses discours sur la Maison Blanche qui piétine les valeurs familiales et cet article disant que tu as trompé ta fiancée n'arrange pas nos affaires ! Pourquoi ne pas nous avoir dit que tu étais sorti avec elle quand tu es allé à l'enterrement ? "

" Pardon ? ", demanda Sam, incrédule.

Josh tenta d'alléger la tension régnant dans la pièce d'un joyeux : " Il a dit - ", mais un regard de Sam le stoppa net.

Toby dévisagea son adjoint : " Si tu nous avais prévenus - "

" Si je vous avais prévenus, quoi ? ", s'écria Sam. " Il n'y avait rien à dire. On était amis. Rien d'autre. "

" Ils disent qu'ils ont des preuves que vous avez eu une liaison ", intervint CJ.

" Alors ils mentent ", rétorqua Sam.

" Ecoute, maintenant qu'on sait, tu peux - "

Sam se leva, hors de lui. " Vous ne savez rien parce qu'il n'y a rien à savoir. On était amis, on n'a jamais, absolument jamais, couché ensemble. Et vous savez pourquoi, l'une des nombreuses raisons à ça étant que j'étais fiancé à l'époque. Je suis sûr qu'au moins une personne dans cette pièce n'a pas oublié ça, n'est-ce pas Josh ? Ces feuilles de choux n'ont aucune preuve parce qu'il ne peut y avoir aucune preuve. Alors, CJ, tu dis à la presse qu'il n'y a rien à voir et qu'ils peuvent s'occuper de choses plus importantes, comme les guerres ou l'épidémie de sida, et moi je retourne faire tout ce pour quoi je suis si grassement payé depuis que j'ai largué ma fiancée pour venir habiter dans cette ville ! "

Il avait quitté la pièce depuis près d'une minute quand les autres conseillers réalisèrent ce qui venait de se passer. Josh résuma leur sentiment à tous. " Et maintenant quoi ? "

 

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QG du JAG

8.30

Harm grimaça en voyant Singer se diriger vers lui. Il lui arrivait de trouver la jeune femme amusante. Ce n'était pas le cas ces derniers temps. Mais il fallait reconnaître que sa réserve de patience était au plus bas en ce moment.

La jeune femme s'arrêta au seuil de son bureau. " Capitaine ? "

" Entrez ", grogna Harm, espérant la décourager.

Imperméable à ce genre d'attitude, le lieutenant entra.

" Qu'est-ce que je peux faire pour vous ? ", demanda Harm, résigné.

Au lieu de répondre immédiatement, la jeune femme lui tendit un journal, qu'elle avait gardé plié dans son dos. Comme Harm ne fit pas un geste pour le prendre, elle le déposa sur son bureau. " J'ai pensé que vous devriez être au courant, Monsieur ", dit-elle simplement avant de ressortir.

Resté seul, Harm regarda le journal comme s'il s'agissait d'une bombe à retardement. Il évitait les journaux depuis le mort de Renée. Elle était une personnalité assez en vue dans le monde des médias, et un grand nombre d'articles avait été consacré à son assassinat. Harm ne voulait pas les lire.

Soupirant, il déplia le journal. Et se figea en lisant le titre.

" UNE NOUVELLE LIAISON A SCANDALES ? "

Sous le titre, une photo de Sam et de Renée ; ils étaient visiblement à une soirée assez chic, ils portaient tous les deux des tenues de soirée. Et Renée était assise sur ses genoux.

Harm se força à respirer et commença à lire l'article.

" Un journal à scandales avec lequel le directeur adjoint à la communication de la Maison Blanche, Sam Seaborn, a déjà eu maille à partir, vient de publier un article lui attribuant une liaison avec la productrice Renée Peterson, alors qu'il était fiancé à une journaliste, Lisa Sherborne. Ce journal, le London Daily Mirror, prétend détenir des preuves de cette liaison. "

" Espèce de … ", gronda Harm.

 

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Salle de briefing

9.00

 

CJ venait de finir son intervention et se préparait à prendre les questions. Elle savait très bien quelle serait la première à être posée, et elle soupira en silence. Tous les journalistes tentaient d'attirer son attention, et elle s'aperçut que la plus bruyante de tous n'était autre que Sandra. " J'aurais dû m'en douter ", soupira-t-elle en repensant à cette journée assommante passée à discuter chiffons avec les journalistes.

" Oui, Sandra ? ", interrogea-t-elle.

" Qu'est-ce que la Maison Blanche a à dire sur les articles attribuant une liaison à Sam Seaborn et Renée Peterson ? ", demanda la journaliste.

" La Maison Blanche n'a pas pour habitude de discuter la vie privée de ses employés ", répondit CJ, sans faire le moindre effort pour cacher son ennui devant ce genre de questions, avant de désigner un autre reporter : " Oui ? ".

" CJ, est-ce que le London Daily- "

" Vous avez entendu ce que je viens de dire ? ", coupa-t-elle. " Je suppose que je vais devoir vous répondre si je ne veux pas qu'on y passe la journée. Sam dément toute liaison entre lui et Mlle Peterson. Et c'est tout ce que vous saurez. Question suivante ? "

 

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Bureau de Sam

9.10

 

Sam coupa le son de la télévision de son bureau et prit la pile de messages qui attendaient sur son bureau. Il fit le tour de qui l'avait appelé, tâchant de décider qui rappeler en premier. La voix de Josh le tira de ses réflexions.

" Aucun de nous ne voulait - "

" Ouais. "

" Parce que tu avais l'air - "

" Josh ", interrompit-il une nouvelle fois, " oublions ça, tu veux ? "

" Ecoute… Ils disent dans le journal que c'est la raison pour laquelle Lisa et toi avez rompu, et que c'est pour ça que vous ne vous êtes plus reparlés. "

" On s'est séparés à cause de la campagne, et on ne s'est pas reparlés parce qu'on s'est séparés. Et que même quand on était ensemble, on n'avait pas grand chose à se dire. "

" Tu ne l'as pas - "

" Non, Josh, je ne l'ai pas trompée avec Renée. Je ne l'ai trompée avec personne. Je ne trompe pas mes petites amies. Tu me connais, tu le sais bien, non ? "

" Bien sûr, que je le sais. C'est juste… bizarre. Pourquoi publier une histoire pareille si c'est faux ? "

" Pour vendre. Et depuis quand le fait qu'une histoire soit fausse empêcherait sa publication ? "

Josh le regarda d'un air inquiet, mais pour le moment, ça lui était égal. Il avait espéré que sa vie privée ne serait plus jamais étalée dans la presse, mais visiblement, l'histoire se répétait.

" Je peux faire quelque chose pour toi ? ", demanda Josh.

" Non. Mais merci quand même. "

" Les amis… tu sais. "

" Oui. Merci. "

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Inconnu

9.15

 

Il éteignit sa télévision et se rassit plus confortablement. C'était de mieux en mieux !

Il avait voulu faire du bruit, mais il ne s'était pas attendu à ça.

Il savait quoi faire, maintenant.

 

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Bureau Sam

19.00

 

Toby observait son adjoint depuis la porte de son bureau, attendant qu'il lui prête attention. Jusque là, Sam faisait semblant de l'ignorer, mais il l'aurait à l'usure.

Comme il s'y attendait, Sam finit par lever les yeux du discours sur lequel il travaillait.

" Oui ? ", demanda-t-il, résigné.

" Je… " Maintenant que son adjoint lui parlait, Toby ne savait plus quoi dire. " Tu t'en sors sur ce discours ? ", improvisa-t-il.

" Bien. "

" Et pour le reste ? "

Sam déposa le dossier et enleva ses lunettes pour se donner le temps de réfléchir à la question. Il finit par hausser les épaules. " Bien. C'est… Tu sais. "

" Oui. Tu as perdu quelqu'un. "

Sam hocha la tête avant d'élaborer : " Elle était exaspérante, parfois. Souvent. Quand on se disputait, avec Lisa, elle prenait toujours son parti à elle. Sauf quand on a rompu. Je ne sais toujours pas lequel de nous deux est parti, tu sais. "

Toby hocha la tête. Il n'avait pas connu Lisa, mais d'après ce que Josh lui avait dit, il aurait été difficile de trouver une femme plus mal accordée à Sam. Tout le monde semblait penser que ces deux-là étaient mieux l'un sans l'autre, mais son adjoint ne parlait absolument jamais de son ancienne fiancée, et Toby avait depuis longtemps compris que ça en disait plus long qu'un discours interminable. Il devait encore se demander s'ils n'avaient vraiment eu aucun avenir, et ce qu'ils seraient devenus sans Bartlet. Toby était tellement absorbé dans ses pensées qu'il sursauta quand Sam se remit à parler.

" Renée avait l'air de penser qu'on était tous les deux aussi idiots l'un que l'autre. Mais elle a tenu avec moi sur ce coup-là. Je crois qu'elle a compris que je détestais ma vie des mois avant moi. C'est sans doute une des raisons pour lesquelles je n'ai jamais pu avaler cette histoire de reportage. "

" Josh m'avait parlé de ça… ", murmura Toby, et devant le regard que Sam lui lançait, il s'empressa d'ajouter " Pas à l'époque. Il y a quelques mois. Je ne sais plus ce qui avait amené ça. "

" Oh. C'est juste… "

Il n'acheva pas sa phrase, mais Toby devinait. Tous les membres du staff avaient eu besoin de reprendre pied après leurs expériences professionnelles désastreuses, et cette campagne avait été un moment abominable à passer pour eux tous. Il décida de passer à la vraie raison de sa visite. " Je suis désolé ", dit-il simplement.

" Que je sois allé me plaindre à Renée ? "

" Non, pour ce matin. On a été… Je ne sais pas ce qu'on a été, en fait. "

Sam haussa les épaules, mais il répondit avec une certaine rancœur : " Il vous aurait suffi de me demander, avant de vous mettre à hurler. Mais laisse tomber. C'est pas grave. "

Toby devinait que c'était plus important pour son adjoint qu'il ne voulait bien le reconnaître, mais il laissa tomber le sujet. Momentanément. La journée avait été longue pour tout le monde, ils étaient tous pressés de rentrer chez eux. Il hocha la tête et se dirigea vers la porte. Sam le rappela au moment où il sortait.

" Toby ? J'étais effrayant à ce point ? "

" Pourquoi ? ", demanda son chef, pour gagner du temps.

" Parce que tu es le troisième à venir t'excuser. Et que toutes les assistantes me regardent… bizarrement. "

Son chef réprima un sourire. " C'est toujours assez impressionnant de voir le plus calme de la bande se mettre à hurler ", répondit-il, sur le ton de la plaisanterie.

" OK. "

Toby sortit, un léger sourire au lèvres. Impressionnant, en effet …

 

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Parking

20.00

 

Sam respira l'air frais et observa la buée qui sortait de sa bouche. Sa sœur lui avait dit un jour qu'elle préférait les saisons contrastées de la Côte Est au climat de la Californie, et il comprenait ce qu'elle avait voulu dire. Le soleil lui avait manqué quand il avait déménagé, mais il en était venu à apprécier les hivers plus rigoureux.

Il se dirigea vers sa voiture, l'esprit toujours tourné sur le discours sur lequel il travaillait quand Toby l'avait interrompu.

Il ne vit jamais que quelqu'un l'approchait. Au moment où il prenait sa clé pour ouvrir la portière, deux mains l'agrippèrent aux épaules et le plaquèrent violemment contre la voiture.

" Espèce de sale - ", entendit-il.

 

Sixième partie

 

 

Harm : "This basically comes down to who has the biggest …"

Mac : "Ship?"

Harm : "Something like that, yeah."

(Cowboys and Cossacks)

"Well, that's my office over there, and the President works in that room over there and nobody else really matters."

(Sam dans "The midterms")

 

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Parking

 

Sam tenta de se dégager, mais l'homme qui le maintenait collé à la voiture était trop fort pour lui, et il n'avait aucune liberté de mouvement.

" Harm, il ne s'est rien passé entre Renée et moi ", dit-il calmement. Comme le capitaine ne relâchait pas sa prise, il continua : " Je serais ravi de répondre à tes questions, mais tu m'étrangles et j'ai mal au bras. "

" Pourquoi je devrais te croire ? ", finit par demander Harm.

" Parce que c'est ma parole contre celle de journalistes ", rétorqua Sam.

La pression contre son dos diminua un peu, et Harm demanda, d'une voix hésitante : " Tu n'as pas couché avec elle ? "

" Non ", répéta l'écrivain.

Harm le relâcha et Sam s'écarta de la voiture en essayant de ne pas grimacer. Il se tourna pour faire face au capitaine. " Donc, tu as lu le journal aussi ", commenta-t-il, sarcastique.

Harm eut la décence de paraître gêné. " Je suis vraiment, vraiment, terriblement désolé ", s'excusa-t-il.

Sam fronça les sourcils. " Cette journée a eu un fil conducteur intéressant ", finit-il par dire.

Harm le regarda, intrigué, mais il n'avait pas envie de s'étendre là-dessus. " Tu as l'intention de me casser la figure comme un vrai mec ou est-ce qu'on peut entrer quelque part pour discuter au chaud ? ", demanda-t-il simplement.

" Entrer où ? "

" Chez moi, je dirais. Pas trop envie de parler dans un bar cette nuit. Et les journalistes ne seraient que trop heureux de prendre des photos de moi, saoul dans un bar à deux heures du matin. " Sam se rendait compte qu'il était amer, mais toute cette histoire lui paraissait complètement ridicule. Les retombées de la photo de Laurie et lui avaient été assez difficiles à avaler, et cette histoire lui rappelait ces moments pénibles où il avait dû se justifier, quelques mois auparavant. " Au moins, je n'aurai sans doute pas besoin d'une conférence de presse pour me disculper, cette fois ", songea-t-il. 

" OK ", répondit Harm. Il avait l'air un peu soulagé, et très mal à l'aise à la fois.

Sans le regarder, Sam ouvrit la portière et monta dans la voiture. Voyant que Harm n'avait pas bougé, il leva les yeux vers lui. " Tu comptes me suivre à pieds ? ", interrogea-t-il.

Le capitaine sortit brusquement de sa rêverie. " Non, bien sûr que non. "

" Alors grimpe ", ordonna Sam.

 

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Appartement de Sam

Trois quarts d'heure plus tard

 

" C'était nécessaire, toutes les courses ? ", se plaignit Harm.

" Si on doit discuter, je n'ai pas l'intention de le faire sans rien à boire ", rétorqua son hôte, en le déchargeant des sacs à provision. " Va t'installer, j'arrive. "

Harm parti, il s'empressa de mettre les bières qu'il venait d'acheter au frigo et d'en prendre deux fraîches avant d'aller rejoindre le capitaine au salon. Il retrouva Harm penché sur le jeu d'échecs posé sur la table basse. Il lui tendit une bière sans un mot et se laissa tomber dans le canapé, le laissant observer l'agencement des pièces du jeu.

Harm finit par demander : " Elle est commencée depuis longtemps ? "

" Depuis juillet nonante neuf ", répondit Sam.

" Ah, oui… C'est… Qui joue contre toi ? "

" Toby. "

" Ziegler ? "

" Le même. Il ne veut pas la continuer. Il a les blancs, il est fichu. Tu peux t'asseoir, tu sais. "

Harm hésita un moment, observant les lieux. L'appartement était relativement petit, Sam n'ayant jamais vu l'utilité de payer un loyer plus élevé pour un endroit où il n'était de toute façon jamais. Le salon était la pièce principale, celle qui faisait office de salon, de bureau et de salle à manger. Le coin cuisine était situé à droite de la porte – une cuisine de célibataire, comme Josh lui avait fait remarquer. Il fallait traverser le salon pour arriver à la chambre, raison pour laquelle Sam trouvait souvent plus pratique de s'écrouler directement sur le canapé quand il rentrait.

Une fois Harm installé, il lui posa la question qui lui trottait dans la tête depuis qu'ils avaient quitté le parking. " Tu as vraiment cru que… "

Harm baissa les yeux. " Je suis désolé. Crois-le ou non, je n'ai pas l'habitude d'aller trouver les gens pour les menacer. Pas hors des heures de service, en tout cas. Je… je ne sais pas ce qui m'a pris. "

" J'imagine que ce qui t'a pris, c'est que ta petite amie vient d'être assassinée, que le meurtrier court toujours, que tu ne sais pas quoi faire, et que tu as cru que je t'avais menti en te disant qu'il ne s'était rien passé. Et moi, j'étais…"

" A portée de tir ? ", proposa Harm.

Sam grimaça légèrement. " Evite les métaphores de ce genre, s'il te plait. " Comme Harm se contentait de le regarder, visiblement perdu, il expliqua : " Rosslyn. "

" Oh. Excuse-moi, je- "

" C'est pas grave. C'est juste qu'on a tous perdu l'habitude de parler de ça depuis, et… Bref, pour en revenir au sujet, on oublie que ça s'est passé. "

" Merci ", répondit Harm. " J'ai eu une mauvaise journée. "

" Tu veux qu'on échange ! ", s'exclama Sam. " La mienne a été top. J'ai adoré voir ma vie étalée dans les journaux une nouvelle fois, et me faire hurler dessus par tous mes patrons en même temps. "

" Désolé. Je n'ai pas pensé que - "

" Pas grave ", coupa Sam, amer.

" Attends, tu as dit… Oh, cette histoire avec la call-girl ", réalisa-t-il.

" Laurie. Elle s'appelait Laurie ", répondit Sam, las de toujours répéter ça quand la question était abordée.

" C'était du pipeau, non ? "

" Bien sûr. On était amis. Ce qui n'a pas empêché les journalistes d'afficher ma vie privée en première page et de mener le siège avec un enthousiasme délirant. C'est beau, la conscience professionnelle, parfois ", ricana le jeune homme.

" C'est du passé ", affirma Harm, pour lui remonter le moral.

" Tu veux rire ! T'as lu les gros titres ce matin ? Ils en reparlent déjà ! Il y a des jours où je comprends pourquoi les vedettes démolissent un de ces paparazzis de temps en temps. "

Harm eut un léger rire et il leva sa bouteille : " Aux journalistes consciencieux ", ironisa-t-il. Ils trinquèrent.

" Je ne t'ai jamais demandé… ", commença Sam, après avoir bu, " comment tu avais rencontré Renée. " 

Il s'attendait à ce que Harm ne réponde pas ou seulement à contrecœur, mais à sa surprise, le capitaine eut un sourire en coin.

" C'est une histoire intéressante ", répondit-il. " Elle réalisait d'une campagne de recrutement pour l'armée et elle devait réaliser un spot présentant l'aéronavale, et… je… "

" Oh, c'est celle où tu as servi de modèle ", compléta Sam, en essayant de ne pas rire.

" Oui…Bref… On est restés en contact, une chose en a amené une autre, et… Tu sais comment ça se passe. "

" Oui, je connaissais Renée ", répondit Sam, pince-sans-rire. " Elle obtenait toujours ce qu'elle voulait. "

Harm acquiesça, mais quelque chose dans son attitude poussa Sam à lui demander ce qui n'allait pas.

" Oh, c'est juste… Je ne l'ai jamais vraiment comprise. Et je crois qu'elle, de son côté… Je me suis toujours demandé ce qu'elle faisait avec moi, en fait. Je ne nous voyais pas vraiment un avenir. "

" Je vois ce que c'est ", déclara Sam. " Avec Lisa, on était… Je ne crois pas qu'il aurait été possible de trouver deux personnes plus différentes l'une de l'autre. Et pourtant, je l'ai demandée en mariage. Et encore aujourd'hui, je me demande ce qui m'a pris. Et ce qui lui a pris, à elle, d'accepter. "

" Erreur de jeunesse, peur d'être seul ? ", suggéra Harm.

" Peut-être. Sûrement. "

" Je n'étais pas là quand elle est morte ", lâcha Harm. " Et ça aussi, j'ai du mal à l'avaler. "

" A cause du travail ? "

" Non, ma mère était tombée dans les escaliers. Je m'inquiétais. Encore une de ces choses… "

" C'est pas facile de savoir que les parents vieillissent loin de nous, hein ? ", acheva Sam, qui se demandait souvent comment les siens allaient, à l'autre bout du pays.

" Non. La discussion prend un tour vraiment déprimant, non ? "

" Si. Et tu n'as pas besoin de ça en ce moment. Si on parlait des cas les plus bizarres qu'on ait rencontrés ? ", suggéra Sam, pour aider Harm à penser à autre chose qu'à Renée.

" Tu crois qu'on est assez saouls pour ça ? "

Constatant que leurs bouteilles étaient presque vides, Sam se leva. " On peut arranger ce problème-là très facilement ", répondit-il, se dirigeant vers la cuisine.

 

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Maison Blanche

14 décembre 2000, 7.00

 

" C'est très surveillé ", commenta Harm alors que lui et Sam s'éloignaient de l'entrée où leurs noms avaient été enregistrés.

" A quoi tu t'attendais ? ", rétorqua Sam, en guidant Harm à travers un dédale de couloirs.

Ils avaient bu et discuté, de tout et de rien, jusqu'à une heure avancée. Ils se trouvaient des tas d'intérêts communs. Sam s'amusait du fait qu'ils ne s'étaient pas vus depuis des années, et qu'ils semblaient aussi à l'aise l'un avec l'autre, comme s'ils n'avaient jamais perdu le contact. Il avait déjà eu cette impression le jour de l'enterrement, mais les circonstances l'avaient empêché d'en profiter. Il n'aurait pas cru que des liens formés au cours d'une seule nuit passée à se saouler dans un bar pourraient être renoués si vite. Ça semblait pourtant être le cas. Mais il supposait que le fait de sauver des vies ensemble avait aussi joué.

Quand Harm avait voulu repartir vers deux heures du matin, Sam, après lui avoir fait remarquer que sa voiture était restée dans le quartier de la Maison Blanche et qu'il était de toute façon trop saoul pour conduire, lui avait offert de dormir sur le canapé.

Il l'avait réveillé très tôt ce matin-là, et lui avait proposé de le ramener à sa voiture. Il avait profité de l'occasion pour lui faire faire le tour des bureaux.

" Ecoute, je voulais vraiment m'excuser pour hier soir ", dit Harm.

Sam lui jeta un regard. " Tu l'as déjà fait ", fit-il remarquer.

" Oui, mais … Je viens ici pour te casser la figure, et toi, tu m'héberges. Je me sens idiot. Et… tu sais, idiot. "

" On en a déjà discuté, c'est pas grave. Tu cumules les problèmes pour le moment, tu avais besoin de te défouler. Y a pas eu de blessé, on oublie ça. "

Ils étaient arrivés au département des communications. Sam précéda Harm et se dirigea vers le bureau de Ginger pour prendre ses messages. Arrivé à mi-chemin, il s'aperçut que le bureau des assistantes était devenu très silencieux. Regardant autour de lui, il se mordit les lèvres pour ne pas rire. Tous les yeux étaient fixés sur Harm, qui semblait faire une grande impression sur les employées. " Montrez-leur un uniforme… ", pensa-t-il.

Il regarda Harm, qui semblait gêné de l'attention qu'il suscitait et décida de s'amuser un peu. Il s'arrêta devant le bureau de Ginger. " Il y a des messages ? ", interrogea-t-il.

La jeune femme lui tendit une pile de messages sans quitter le militaire des yeux.

" C'est le Capitaine Harmon Rabb, du JAG ", expliqua Sam. Se tournant à son tour vers Harm, il continua : " Harm, je te présente Ginger. "

Harm serra la main de l'assistante et Sam observa que toutes les autres les regardaient avec envie. Il entreprit de donner leurs noms à toutes à son ami, qui hochait la tête dans leur direction avec un sourire gêné. Une fois les présentations terminées, il entraîna le militaire vers son bureau. Voyant que tous les regards se tournaient vers eux, il ferma la porte et fit signe à son invité de s'asseoir.

" Je te ferais bien faire le tour, mais on ne peut pas s'approcher du Bureau Ovale de toute façon, et je crois qu'on rencontrerait le même problème partout ", expliqua-t-il.

" Oh, c'est pas grave. Ça fait quoi de travailler ici ? "

" Au début, on passait plus de temps à sortir du bâtiment pour vérifier qu'on était bien à la Maison Blanche qu'à travailler ", avoua Sam. " Maintenant… il y a encore des moments comme ça, bien sûr, mais on est tellement occupés qu'on n'a plus vraiment le temps de faire ce genre de choses. "

" Ca te manque ? ", voulut savoir le capitaine.

" Un peu. Ça avait cessé de nous étonner, mais ça restait… Je ne sais pas comment expliquer ça. Ça a cessé de l'être à Rosslyn. "

Harm hocha la tête, lui montrant qu'il comprenait. Avant que la conversation puisse reprendre, on frappa à la porte et Sam cria d'entrer. Toby ouvrit la porte et lança un coup d'œil à l'intérieur. " Sam, pourquoi tout le monde a arrêté de - ". Il aperçut le militaire et s'interrompit. " Oh, c'est donc ça. "

Sam réprima un sourire et fit les présentations.

" Toutes mes condoléances pour votre amie ", dit Toby.

" Merci, Monsieur. "

" On en sait plus sur le meurtrier ? "

" On ne sait pas où il est, non. Palmer est très… doué. "

Sam et Harm échangèrent un regard. Palmer avait été un autre de leurs sujets de conversation la nuit précédente. Sam avait voulu en savoir plus sur ce que Harm avait vaguement abordé après l'enterrement. Il regrettait presque d'avoir cherché à savoir.

Toby regarda les deux hommes silencieux et demanda, pour combler le silence : " Alors, comment avez-vous fait connaissance ? "

Sam et Harm échangèrent un regard amusé. " J'ai comme une impression de déjà-vu ", ricana Sam.

" Et moi, donc ", renchérit Harm. " Je vais te laisser lui raconter tout ça, il faut que je retourne au QG avant qu'ils me fassent porter disparu. "

" Tu me tiens au courant ? "

" Bien sûr. Et… encore désolé. "

Une fois Harm parti, Sam vit son chef se tourner vers lui. " Désolé pour quoi ? ", demanda-t-il. Sam soupira. La journée allait être longue.

 

Septième partie

 

Doctor : " Well, I hope your friend Harm is staying out of trouble. "

Mac : " If I know Harm … he isn't. "

(Code blue)

 

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Appartement d'Harm

15 décembre 2000

 

Harm regardait la barre des titres défiler sur ZNN, encore sonné par la soirée qu'il venait de passer. Il avait du mal à croire à ce qui s'était passé ce soir. Un sentiment auquel il commençait à s'habituer, quand il y réfléchissait. Tout ce qui lui arrivait depuis que l'amiral lui avait appris que Palmer s'était évadé était incroyable. Il se souvint que Sam avait fait une réflexion de ce genre la nuit où ils avaient discuté.

Incroyable, en effet …

 

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Deux heures plus tôt

QG des garde-côtes

 

" Vous êtes sûr de ne pas avoir besoin de voir un médecin, Capitaine ? "

Harm fixa le jeune homme qui lui parlait et qu'il avait surnommé Junior. C'était la cinquième fois qu'il lui posait cette question, et la patience commençait à lui faire défaut.

" Certain ", grogna-t-il.

Le supérieur de Junior, le capitaine Steels, entra dans la pièce.

" Capitaine Rabb, je vais devoir vous demander de me raconter tout ce qui s'est passé. "

Harm soupira et s'adossa au dossier de la chaise. Ça risquait d'être long.

Il avait fini par suivre les conseils de l'amiral et avait décidé de prendre quelques jours de congé. Il avait sorti son bateau en fin d'après-midi. Il prévoyait de s'éloigner des côtes avant la nuit, de jeter l'ancre puis de repartir le lendemain. Il voulait réfléchir, il voulait faire le point sur ce qu'il savait, espérant trouver un détail qui avait échappé aux enquêteurs chargés de retrouver Palmer. Il n'avait pas prévu que Palmer le retrouverait lui – encore qu'avec le recul il se demandait comment il avait pu ne pas prévoir ça.

 

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" Donc, il vous attendait dans le carré ? ", demanda Steels, interrompant sa déposition.

" Oui. "

" Vous ne l'avez pas vu avant de partir ? "

Harm fut tenté d'ironiser, de dire que si, bien sûr, il l'avait vu, mais comme ce sociopathe avait l'air inoffensif, il avait quitté la marina quand même… Mais il décida que se mettre Steels à dos ne l'aiderait pas. " Il s'était caché ", répondit-il simplement, " et je n'ai pas pour habitude de fouiller les moindres recoins du bateau avant de prendre le large. "

" Et ensuite ? "

 

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Harm avait savouré chaque minute passée à la barre. Il n'avait pas l'occasion de sortir son bateau souvent, les plans qu'il faisait ayant tendance à être contrariés à la dernière minute. Les désavantages à servir son pays…

Il avait attendu que les lumières de la marina aient complètement disparu pour s'arrêter, et s'était assis sur le pont pendant encore près d'une heure, emmitouflé dans un gros pull, profitant du calme. Le froid avait fini par le décider à descendre.

Palmer l'attendait, assis, une arme pointée dans sa direction.

 

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" Qu'est-ce que vous avez fait ? "

Harm sursauta. Il n'avait pas réalisé qu'il s'était interrompu. Il n'aurait pas dû être surpris de voir Palmer là, mais ce bateau était… avait été le seul endroit qui ne lui rappelle pas Renée. Il n'avait jamais réussi à partir avec elle. Avec un effort, il se concentra. " Je… Il m'a fait signe de descendre. J'ai obéi. "

Non pas qu'il ait eu le choix.

" Et ensuite ? "

" On a… parlé. " Ou plutôt, Palmer avait parlé, et, lui avait fait tout son possible pour se retenir de se jeter sur l'homme qui avait tué Renée. Ça n'aurait servi qu'à le faire tuer, mais il avait eu du mal à se contenir.

" De quoi ? "

" Il a dit qu'il devait se débarrasser de moi. Que je ne le laisserais jamais tranquille, que je le chercherais pendant des années s'il le fallait. Ce qui est vrai. Il a dit qu'il aurait préféré avoir le temps d'être vraiment original, mais qu'il était pressé, et qu'il devait faire vite. "

" Original ? ", demanda Steels, étonné.

" Palmer passe beaucoup de son temps à essayer d'inventer un moyen de me rendre la vie impossible. Je l'ai collé en taule, plusieurs fois, et il veut se venger. "

" D'accord ", dit Steels en notant quelque chose sur son carnet. " Ensuite ? "

" Ensuite, il m'a montré la bombe qu'il avait installée dans mon bateau. " Pendant que je prenais l'air en cherchant un moyen de le coincer, pensa-t-il, révolté par l'ironie de la situation. " Il m'a attaché, il a réglé le minuteur, et il m'a enfermé. "

" Comment vous êtes-vous détaché ? "

" J'ai rampé jusqu'à mon sac, et j'ai cherché un couteau. Il l'avait laissé par terre. "

" Une chance pour vous ", commenta Junior, qui écoutait l'histoire bouche bée.

Une chance, en effet. L'explosion avait été spectaculaire.

" Après ça ", reprit Harm, " je suis sorti et j'ai plongé dans l'eau. "

" Et s'il vous avait vu ? ", demanda Junior.

" J'avais des problèmes plus immédiats que ça ", rétorqua Harm. " Il s'était éloigné à bord du canot de sauvetage, mais je me doutais qu'il serait encore tout près. Il n'aurait pas manqué ça pour un empire. "

" Vous l'avez donc rejoint à bord. "

" J'ai nagé sous l'eau autant que je pouvais, et j'ai fait un détour. Je suis arrivé sur le côté. "

" Vous n'aviez pas peur qu'il s'enfuie ? "

" Il adore jouer au chat et à la souris. Il allait attendre la dernière minute avant de partir. Et de toute façon, je n'avais pas le choix. L'eau n'a rien de chaud en cette période de l'année. "

Il avait fallu qu'il reste près d'une demi-heure sous une douche brûlante pour se sentir un peu réchauffé. Une des raisons pour lesquelles Junior et Steels auraient voulu qu'il voie un médecin.

" Qu'est-ce qui s'est passé ensuite ? "

Harm hésita. Ses souvenirs sur les dix minutes qui avaient précédé l'arrivée des garde-côtes étaient brumeux, et c'était peu de le dire. Il se souvenait vaguement être arrivé jusqu'au bateau, mais après ça…

" Je ne suis pas sûr ", admit-il. " Je crois que je l'ai attiré dans l'eau, mais après ça … "

Steels hocha la tête, pas vraiment surpris. " On peut penser que vous vous êtes battus, et puisque vous êtes là, que c'est vous qui avez gagné. Je crois que ce n'est qu'un détail… "

Détail, peut-être, mais le fait de ne pas se souvenir lui faisait une impression bizarre.

Steels se leva. " Très bien. On va taper votre déposition, et vous devrez la signer. Et je suis sûr que la police voudra aussi vous poser des questions. Mais ça peut attendre. On va vous ramener chez vous. J'ai déjà demandé à un de mes hommes de reconduire votre voiture. Si vous êtes sûr que vous n'avez pas besoin d'un médecin, on a fini. "

 

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Appartement d'Harm

 

Harm se réveilla en sursaut. Il avait commencé à somnoler quand les journalistes de ZNN s'étaient mis à donner des nouvelles de la Bourse, mais la soirée qu'il venait de passer lui interdisait de se détendre vraiment. Il était encore en alerte, et il sentait qu'il ne parviendrait pas à se détendre vraiment tant que Palmer (ou son corps) ne serait pas retrouvé. Les garde côtes étaient persuadés de sa mort et allaient continuer à chercher le cadavre pendant un moment encore, mais ils n'avaient pas l'air de se faire d'illusions. Ils ne le retrouveraient sans doute jamais, et Palmer serait porté disparu, définitivement.

Harm aurait, de très loin, préféré voir un corps.

Comment être sûr sans preuve ?

Il soupira et s'allongea, essayant de se rendormir.

Il se souvint soudain qu'il avait promis à Sam de l'appeler dès qu'il y aurait du nouveau. Il avait déjà prévenu l'amiral et Mac de ce qui s'était passé, mais Sam… Il ne voulait pas qu'il l'apprenne par les journalistes alors qu'il lui avait promis de l'appeler lui-même.

Il fouilla dans le tiroir de son bureau pour retrouver le numéro de portable qu'il lui avait laissé. Il se faisait tard, mais connaissant les conseillers du Président, Sam devait encore être éveillé.

Il avait l'impression qu'il oubliait un détail, sans parvenir pour autant à mettre le doigt dessus. Ce n'est qu'après avoir parlé à Sam qu'il comprit ce que c'était.

Pas une seule fois Palmer n'avait admis avoir tué Renée.

 

A suivre …

 

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